Project Hail Mary – Andy Weir

Si vous avez traversé l’espace et le temps depuis chez vous jusqu’à cette page, il y a de fortes chances que vous aimiez la science-fiction. Si vous aimez la science-fiction, il a de fortes chances que vous ayez lu le roman Seul sur Mars d’Andy Weir ou, tout du moins, que vous ayez vu son adaptation cinématographique par Ridley Scott. Dans tous les cas, vous devez savoir qui sont Andy Weir et Mark Watney. En mai dernier, l’écrivain américain a publié un Project Hail Mary. Il s’agit de son troisième roman, après The Martian (2011, publié en 2014 chez Bragelonne sous le titre Seul sur Mars) et Artemis (2017, Bragelonne 2018).

Fait notable, Project Hail Mary est recommandé à la fois par Gromovar et par Barak Obama. Ce dernier publie chaque année une liste de romans dont il suggère la lecture. On y trouve régulièrement de l’imaginaire de qualité, comme par exemple : Seveneves de Neal Stephenson, The Underground Railroad de Colson Whitehead, Exhalation de Ted Chiang, The Three-body Problem de Liu Cixin, ou encore The Ministry for the Future de Kim Stanley Robinson. Rien que ça. Par ailleurs, le roman est en cours de traduction et sortira chez Bragelonne le 6 octobre 2021 sous le titre Projet de la dernière chance.

Seul dans l’espace

Ryland Grace se réveille difficilement dans un environnement qui lui est inconnu. Il ne sait ni où il se trouve, ni pourquoi il est là, ni même comment il se nomme. Nous pardonnerons à Andy Weir d’ouvrir son roman sur le trope du héros amnésique. Non seulement il fournit une bonne explication à cet état mais, surtout, cela lui permet de contourner l’une des difficultés de toute narration qui est de livrer de façon digeste une masse importante d’information au lecteur, à mesure que Grace recouvre la mémoire. Le roman s’organise en deux trames narratives mises en parallèle : le présent de Ryland Grace, et les souvenirs qui lui reviennent au fur et à mesure alors qu’il est confronté à des situations qui nécessitent cette mémoire des événements passés. Le lecteur, lui, découvre lentement, jusqu’à la toute fin du roman, qui est Ryland Grace et comment il en est arrivé là.

Flashback : la Terre fait face à un péril qui menace toute forme de vie à sa surface. La quantité de lumière provenant du Soleil diminue très rapidement car il se fait littéralement bouffer par une sorte d’algue de l’espace. Et il n’est pas le seul. Toutes les étoiles dans le voisinage semblent être affectées. Toutes, sauf une : Tau Ceti. Les Nations Unies s’unissent (!) et lance un projet de la dernière chance, le projet Hail Mary, dans le but d’aller chercher sur place un remède à l’extinction totale à court terme.

Ryland Grace se réveille donc dans l’espace, à douze années-lumière du système solaire, au sortir d’un long coma artificiel et il est seul : ses compagnons de mission n’ont pas survécu au voyage. À partir de là, tout comme Mark Watney livré à lui-même sur la planète rouge, Grace va devoir faire preuve d’ingéniosité pour sauver sa peau. Puis celle de l’humanité dès lors qu’il aura compris qu’il est là pour trouver une solution au mal qui menace l’humanité back home. Nous sommes une fois encore dans le cadre de ce que les américains nomment le récit de l’homme compétent, popularisé en SF par Robert Heinlein : le héros doit faire appel à ses multiples compétences, notamment scientifiques, pour résoudre une succession de problèmes.

“All right, genius brain: come up with something!

…I’m hungry.

You have failed me, brain.”

Nous retrouvons là le schéma qui a fait le succès de Seul sur Mars. Tout comme Watney, Grace va déballer, avec toujours beaucoup d’humour – une marque de fabrique chez l’auteur, de la science, beaucoup de science, pour résoudre par étapes chacun des problèmes qui se dressent face à lui : physique, chimie, biologie, et d’autres domaines que je laisse au lecteur le loisir de découvrir, tout y passe. Nous pardonnerons aussi à Andy Weir de reprendre à la lettre la structure et les mécanismes de son premier roman, car il introduit par rapport à ce dernier un twist monumental qui fait à mon avis tout l’intérêt du roman : Ryland Grace n’est pas seul ! Je n’en dirai pas plus.

Évacuons la critique germanopratine : nous ne sommes pas chez Proust ou Colette, mais chez Andy Weir. Il ne s’agit de pas grande littérature à effets de style. Contrairement à ce qu’Alain D. trouve important dans les livres, l’intérêt du récit est ici le trajet d’un point A à un point B et les étapes qui le composent, et non la manière dont il est dit. Il s’agit par contre d’un très bon roman de science-fiction qui, non seulement met de la science dans la fiction, mais met aussi beaucoup d’ampleur dans la fiction. Bien plus finalement que dans Seul sur Mars. Nous parlons là de relativité, de voyage interstellaire, de confrontation avec des formes de vie étranges, de panspermie, d’évolution sur des milliards d’années, et de toutes ces choses qui provoquent l’émerveillement dans les bonnes histoires de science-fiction. Tout ceci est porté par le rythme et les rebondissements d’un page-turner haletant qu’on ne lâche qu’à sa toute fin… et bon sang, quelle fin ! Mais quelle fin !


D’autres avis : Gromovar, Le chien critique, Lianne, Lorhkan, Constellations,


  • Titre : Project Hail Mary
  • Auteur : Andy Weir
  • Langue : anglais
  • Publication : 4 mai 2021 chez Ballantine Books
  • Nombre de pages : 496
  • Format : papier et numérique

17 réflexions sur “Project Hail Mary – Andy Weir

  1. J’avais beaucoup aimé Seul sur Mars, je vais donc attendre la traduction française avec impatience.
    Deux posts récents pour un blog qui devait connaitre un semi sommeil je me prends à espérer 🙂

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    1. J’en suis au deux tiers et je rame… je trouve cela pas très bon en fait : caricatural, improbable, irréaliste… mais c’est efficace, je veux savoir comment cela se termine.

      Au niveau science c’est intéressant avec un questionnement incessant sur ce que nous sommes et notre place dans l’univers mais je reste perplexe devant ce scénario de film Hollywoodien !

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      1. Du point de vue de la mécanique du roman, c’est clairement écrit comme un scénario. C’est ce que fait toujours Andy Weir, il faut bien le reconnaitre. D’ailleurs les droits d’adaptation ont déjà été achetés.

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  2. Je viens de terminer la version française et c’est très plaisant. Un bon page turner intelligent. Si je devais émettre une petite réserve ce serait le coté successions de problèmes, analyses scientifiques et résolutions. Cet aspect était déjà présent dans Seul sur Mars. Mais rien de rédhibitoire. Et en effet la fin est brillante !
    Du coup je vais acheter Artémis. Si quelqu’un a un avis dessus je suis preneur.

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    1. Je suis d’accord avec ta réserve. On aurait apprécié une dynamique autre que son habituelle mécanique problème/analyse/résolution. Mais bon, c’est sa marque de fabrique et ça reste très plaisant.

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