
[Une première version de cet article a été publié dans la revue Bifrost n°93 en Janvier 2019.]
Fort du succès de Faire des sciences avec Star Wars de Roland Lehoucq et des dossiers Scientifiction dans la revue Bifrost, le Bélial’ se tisse un habit de vulgarisateur de science et a lancé fin 2018 une nouvelle collection dédiée à la transmission du savoir, « Parallaxe », dotée d’une identité visuelle forte et belle, conçue par Cédric Bucaille. Ainsi deux fois l’an, Olivier Girard (son fringant éditeur) et Roland Lehoucq (son savant directeur) se jettent cheveux au vent à l’assaut des ombres de l’ignorance. « Parallaxe », c’est une question de point de vue, celui de la science-fiction sur le monde et de la science sur la fiction. Deux titres en ont assuré l’ouverture : La science fait son cinéma de Roland Lehoucq (astrophysicien) et Jean-Sébastien Steyer (paléontologue), et Comment parler à un alien ? de Frédéric Landragin (linguiste). Pour aborder des sujets aussi distincts que la relativité en physique ou l’hypothèse de Sapir-Whorf en linguistique, les deux titres adoptent des approches différentes.
La science fait son cinéma reprend, avec quelques retouches cosmétiques, 14 articles publiés précédemment dans Bifrost, et les organise thématiquement pour tisser un lien. Le principe est efficace, les auteurs choisissent un film pour illustrer une thématique dont ils discutent du traitement en regard des connaissances scientifiques actuelles. L’accent est mis sur les disciplines de la physique et de la biologie. Ils y abordent aussi bien les surprises qui attendraient Paul Rudd dans le monde réel lorsqu’il revêt le costume d’Ant Man et les sévices que le trou noir Gargantua réserverait à Matthew McConaughey dans Interstellar, que la crédibilité des espèces extraterrestres en SF, ou les menaces qui attendent les héros hollywoodiens dans l’espace. Le sérieux du fond s’orne d’humour et de bienveillance, même quand ça tape fort, comme sur Prometheus ou Pacific Rim.
Comment parler à un alien ? prend lui la forme d’un exposé sur les recherches actuelles en linguistique, plus cohérent dans sa structure, et focalisé dans son propos. Le livre s’intéresse à deux hypothèses qui ont particulièrement séduit les auteurs de SF : celle de la grammaire universelle de Chomsky et celle de Sapir-Whorf sur l’influence du langage sur notre perception du monde. Àtravers l’étude de linguistique-fictions emblématiques – de L’enchâssement de Ian Watson à L’histoire de ta vie de Ted Chiang, et de nombreuses autres encore – l’auteur introduit progressivement le lecteur au vocabulaire et aux concepts de la linguistique moderne, jusqu’à les lui rendre familiers. Il raconte l’évolution des langues naturelles, celles que l’on parle, puis celle des langues synthétiques, celles que l’on crée, pour aboutir finalement à la question de la communication avec une espèce autre, aussi différente que pourrait l’être un extraterrestre, et de toutes les difficultés qu’elle implique. Frédéric Landragin livre un texte passionnant, pointu dans ses concepts, qui reste accessible au béotien.
Ces deux ouvrages s’adressent principalement aux lecteurs de science-fiction. Les références à des œuvres plus ou moins connues y sont nombreuses, et il est utile de s’y entendre un minimum pour apprécier pleinement le propos. Cela étant dit, les deux titres réussissent magnifiquement l’exercice délicat de la vulgarisation scientifique. Ce n’est pas simple, croyez-moi, j’en sais quelque chose. Notons enfin que la collection accomplit un pas de titan en traitant de la science-fiction non plus simplement en tant qu’objet mais aussi en tant que source de savoir. Chapeau !
La collection s’est enrichie le 24 Octobre 2019 d’un troisième volume, Station Metropolis direction Coruscant que l’on doit au géographe Alain Musset, on en reparlera ici, et on attend impatiemment le quatrième qui est prévu en 2020, Comment parle un robot ?, à nouveau du linguiste Frédéric Landragin.
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La collection Parallaxe :
- La science fait son cinéma de Roland Lehoucq et Jean-Sébastien Steyer ; Coll. Parallaxe, Le Bélial’ (2018).
- Comment parler à un alien ? de Frédéric Landragin ; Coll. Parallaxe, Le Bélial’ (2018).
- Station Metropolis direction Coruscant d’Alain Musset ; Coll. Parallaxe, Le Bélial’ (2019).
- Comment parle un robot ? de Frédéric Landragin ; Coll. Parallaxe, Le Bélial’ (2020).
D’autres avis :
- La science fait son cinéma : Nevertwhere, Au pays des Cave trolls, Lorhkan,
- Comment parler à un alien ? : Yozone, Les lectures du Maki, 233°C, Welcome to Nebalia,
« Cheveux au vent » ? Alors là, mon cher, vous êtes en pleine science-fiction !
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Il est possible que dans l’exaltation du moment je me sois laissé emporter par l’enthousiasme et ai quelque peu fantasmé la scène.
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J’ai déjà lu deux titres de la collection et je les avis trouvé excellents tous les deux. Je pense que je prendrai celui sur la linguistique et l’autre sur les robots également.
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Pour le moment, j’ai lu les trois qui sont sortis, et j’attends le quatrième sur les robots avec impatience !
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Lui aussi, a des souvenirs capillaires, très cher pirate Harkonen.
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Ho ho ho !
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J’aime beaucoup l’idée de cette collection, j’espère me l’offrir un de ces jours, dont celui-ci en particulier.
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J’attends avec une certaine impatience celui sur la parlure robotique, les trois autres étant déjà tombé sous mon œil acéré.
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Oh que oui !!!!
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