
Autre texte sélectionné par les lecteurs du magazine Asimov’s science-fiction, après Solidity de Greg Egan, cette fois-ci dans la catégorie « novelette » : Falling off the edge of the world de Suzanne Palmer. L’autrice américaine a publié une trentaine de nouvelles dans les magazines anglo-saxons les plus renommés (Asimov’s, Clarkesworld, Interzone,..) et une trilogie de romans, les Finder Chronicles. Cela fait quelques années que je suis avec curiosité et intérêt ses écrits, qui relèvent majoritairement du space opera, sans pour autant être totalement emporté par une production que je trouve inégale. J’ai aimé The Secret Life of Bots, novelette qui avait reçu le prix Hugo en 2018, Thirty-Three percent Joe, ainsi que Bots of the Lost Ark qui a lui aussi gagné le Hugo en 2022. À l’inverse, je suis resté fort dubitatif à la lecture du premier roman de sa trilogie, Finder.
Falling off the edge of the world appartient la catégorie des bons, voire très bons, textes de Suzanne Palmer. L’autrice y transporte l‘histoire de Robinson Crusoé dans un futur lointain, et dans une portion de l’espace qui l’est encore plus. Gabe et Alis sont les deux seuls survivants du terrible accident subit par l’Hellebore, un vaisseau transportant une trentaine de colons de Beenjai, alors qu’il se déplaçait dans l’hyper-espace. Le vaisseau est quasiment coupé en deux, et s’ils peuvent communiquer, Gabe et Alis ne peuvent se rejoindre. Ils vont devoir pourtant s’entraider pour survivre. Vingt-sept ans plus tard, une équipe d’explorateurs venus de Beenjai retrouve l’épave de l’Hellebore. Mais que peuvent-ils espérer retrouver à son bord après tant de temps ?
Bien sûr, toutes les prémices de l’histoire l’annoncent, il y a un twist. On le soupçonne dès les premières lignes, on le voit se dessiner, et on le devine avant qu’il ne soit révélé, mais le texte fonctionne pour autant très bien car la révélation est lentement construite, par un jeu de points de vue croisés, de manière à n’en être plus une lorsque les mots (maux) sont dits. À titre de comparaison, on peut ranger ce texte aux côtés du film Moon de Duncan Jones, ou l’excellente nouvelle Beyond the Aquila Rift d’Alastair Reynolds qui a été adaptée à l’écran dans la série Love, Death and Robots diffusée sur Netflix. La novelette de Suzanne Palmer suit toutefois un mouvement inverse : elle va de l’ombre vers la lumière. Les lecteurs d’Asimov’s ont souvent bon goût, et à nouveau, il s’agit là d’un texte hautement recommandable si vous lisez l’anglais. Le magazine met à disposition gratuitement les textes sélectionnés par ses lecteurs et vous pouvez lire Falling off the edge of the world en suivant ce lien.