L'épaule d'Orion

Sorti le 4 Octobre, le premier tome du diptyque Les montagnes hallucinées est une adaptation du texte éponyme d’Howard Phillips Lovecraft en BD manga par Gou Tanabe.

Les Montagnes hallucinées est une longue nouvelle, inspirée des Aventures d’Arthur Gordon Pym d’Edgar Allan Poe, et écrite par Lovecraft en 1931. En bref, le professeur William Dyer y relate l’effroyable expédition scientifique qui l’emmena, lui et tout un groupe de membres de l’université Miskatonic d’Arkham (franchement, elle porte la poisse cette université) vers le cercle polaire antarctique. Au cours de l’expédition, Dyer et ses collègues découvrent, dans une immense chaîne de montagnes, d’anciennes ruines et les corps d’étranges créatures qui ne sont pas de ce monde. Et à partir de là, forcément, les choses vont dégénérer. La richesse des descriptions et le contexte particulier de l’Antarctique, à l’époque fort méconnue, fait de ce texte un des grands classiques de Lovecraft.

Vouloir adapter visuellement l’indicible lovecraftien, soyons honnête, c’est soit un pari perdu dans un izakaya en fin de soirée lors d’une nomikai qui aurait trop duré, soit une forme désespérée de kinbaku. Il y en a qui ont essayé, ils ont eu des problèmes. Gou Tanabe pourtant s’en sort admirablement bien.

Parlons tout d’abord de l’objet. Il s’agit d’un manga, il se lit donc de la fin vers le début et de la droite vers la gauche. Pour une fois, on pourra commencer sa lecture par la dernière page sans se faire gronder. Le récit de Lovecraft est un récit d’expédition. L’éditeur a eu la très belle idée de proposer une reliure en simili-cuir claire qui donne à l’ouvrage l’aspect et la tenue en main d’un carnet de voyage. C’est un choix thématiquement fort judicieux et, qui plus est, très esthétique. Enfin, il s’agit d’une adaptation, fidèle, mais adaptation quand même, et l’ouvrage est bien plus volumineux que le texte original. 288 pages pour ce premier volume. Un grand dessin vaut mieux qu’un petit discours.

Je trouve le dessin très réussi. Comme c’est souvent le cas en manga, le dessin est en noir et blanc intégral. Ce choix pour illustrer des montagnes noires sur un continent de glace non seulement fait sens, évite l’anachronisme (nous sommes dans les années 30 et comme tout le monde le sait Homo sapiens n’avait pas encore développé la perception des couleurs à cette époque), mais aussi et surtout permet au mangaka de jouer des contrastes violents et des ombres fortes pour montrer, ou pas, l’indicible. Les décors grandioses sont abordés dans de nombreux grands panoramas majestueux sur deux pages.

Ce premier tome fait la part belle au côté expédition scientifique de l’histoire et retranscrit l’ambiance de ces épopées que furent les grands voyages de découverte du XIXè et du début du XXè siècle. C’est là à mon avis la grande réussite de ce manga. C’est un hommage à la lenteur, à l’immensité et à la solitude face à l’inconnu.

Les montagnes hallucinées T1 est un belle réussite pour un pari risqué. On attend la suite avec impatience.

Mise à jour :  la critique du tome 2 est là.

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Chroniques des blogueurs qui me l’ont vendu :  Nebal et Gromovar, ainsi qu’au Pays des Cave Trolls.

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Titre : Les montagnes hallucinées T1
Série : Les chefs-d’oeuvre de Lovecraft
Auteur : Gou Tanabe
Publication : 4 Octobre 2018 chez Ki-oon
Langue : français
Nombre de pages : 288
Format : papier