L'épaule d'Orion

Après un premier tome sorti en octobre dernier, le second tome de Les Montagnes hallucinées de Gou Tanabe est arrivé en librairie ce 7 mars 2019. Pour rappel, il s’agit d’une adaptation en manga du texte éponyme d’Howard Phillips Lovecraft (At the mountains of madness, 1936).  Le professeur William Dyer y relate l’effroyable expédition scientifique qui l’emmena, lui et tout un groupe de membres de l’université Miskatonic d’Arkham, vers le cercle polaire antarctique. Au cours de l’expédition, Dyer et ses collègues découvrent, dans une immense chaîne de montagnes, d’anciennes ruines et les corps d’étranges créatures qui ne sont pas de ce monde. Le texte est un des grands classiques de Lovecraft, célébré notamment pour ses descriptions fantastiques du continent glacé à l’époque très mal connu. Fidèle à son habitude, Lovecraft utilise dans son texte certaines découvertes scientifiques récentes à l’époque, comme les observations géologiques faites lors de l’expédition de Richard Evelyn Bird (1928-1930), soit un an tout juste avant la rédaction du texte, ou encore la théorie de la dérive des continents publiées par Wegener en 1912 et qui en 1930 n’était pas encore reconnue et acceptée (il faudra attendre pour cela la fin des années 60).

On retrouve dans ce second tome tout ce qui faisait le charme du premier, à savoir une reliure en simili-cuir claire qui donne à l’ouvrage l’aspect d’un carnet de voyage, un dessin en noir et blanc très précis (sauf pour quelques pages centrales en couleur), des superbes panoramas sur deux pages, et enfin une adaptation très fidèle au texte.

Après avoir découvert, à la fin du tome 1, le camp dévasté du professeur Lake parti en exploration avec une dizaine d’hommes, et n’ayant pas retrouvé le corps de Gedney, l’assistant du professeur, Dyer décide de survoler la plaine qui se trouve au-delà de la barrière de montagnes dans une ultime tentative de localiser le traîneau de l’homme seul témoin des événements, si celui-ci est encore en vie. Dyer et le doctorant Danforth découvrent alors les ruines labyrinthiques d’une immense mégalopole insensée à plus de 7000 mètres d’altitude. Pénétrant la cité et observant les bas-reliefs, Dyer et Danforth vont découvrir l’histoire de cette race ancienne que sont les Shoggoths. On retrouve évidemment dans le manga les mentions faites au Necronomicon, au conflit entre les Shoggoths et la progéniture de Cthulhu ainsi qu’avec les Mi-go, tout ce qui fait de Les Montagnes hallucinées un grand texte lovecraftien occupant une place centrale dans ce qu’August Derleth appellera plus tard « le mythe ».

Gou Tanabe s’en donne manifestement à cœur joie dans ce volume à détailler les fresques, les bas-reliefs et les architectures non-euclidiennes. Les dessins en double page contant l’histoire de la construction de la cité sont particulièrement réussis et les scènes de bataille entre les Anciens et les rejetons de Cthulhu sont pour le moins épiques.

Si, dans le premier tome, Gou Tanabe utilisait les jeux d’ombres pour ne pas trop montrer mais plutôt suggérer, ici, dans le second, le mangaka se lâche et peint de la bestiole cosmique à pleine page.

Si le premier tome se construisait autour de l’aspect scientifique de l’expédition, ce second volume plonge avec délectation dans le côté horrifique du récit et explore sans retenue les folies architecturales et le bestiaire monstrueux de l’univers lovecraftien. Tout est là, réuni pour faire de cette adaptation en manga un très bel ouvrage.

Pour conclure, je n’aurai qu’un mot : Tekeli-li !

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D’autres avis de lecteurs : Gromovar, Nebal, Au pays des Cave Trolls.

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Titre : Les montagnes hallucinées T2
Série : Les chefs-d’oeuvre de Lovecraft
Auteur : Gou Tanabe
Publication : 7 mars 2019 chez Ki-oon
Langue : français
Nombre de pages : 340
Format : papier