
Ken Liu a publié en Mars dernier une nouvelle assez surprenante dans la revue Lightspeed. Ou disons que personnellement je ne l’attendais pas dans ce registre après avoir lu d’autres de ses nouvelles dans le recueil la Ménagerie de Papier ou ses novellas Le Regard et L’homme qui mit fin à l’histoire. Dans ces écrits, l’accent est fortement mis sur le côté psychologique et émotionnel. L’auteur nous propose ici de la hard-SF cosmologique. Oui, oui, Ken Liu. Pour inspiration, il a lu un article scientifique, Paul J. Steinhardt and Neil Turok, A cyclic model of the universe, Science 296, 1436-1439 (2002), et en a fait un poème en prose. C’est osé, mais ça fonctionne très bien. La nouvelle raconte ni plus ni moins que l’histoire de l’univers.
Winter is coming.
L’univers est plongé dans l’hiver. Le narrateur le sait car lui est né en Automne, à l’époque ou les cieux ne contenaient déjà plus que des étoiles rouges. Il parcourt à bord de son vaisseau-île (island-ship) l’univers depuis des billions d’années, témoin du refroidissement inéluctable, la mort thermique de l’univers, portant avec lui la mémoire de ses origines. Je vous laisse découvrir ce qu’est réellement son vaisseau-île. Son parcours est déterminé par la position des dernières étoiles qui, avant de mourir définitivement, produisent encore un peu de lumière, là où il pourra recharger son stock de fuel et poursuivre sa route. Celle-ci l’amène vers une lueur dans l’immense obscurité. Mais cette lueur n’est pas ce qu’il parait. On y parle de géantes rouges au delà de la séquence principale, de naines noires, et d’entrelacs de branes.
Et c’est beau ! Et puis cette nouvelle contient le bout de dialogue suivant :
-Where are you from?
-Off the shoulder of Orion.
Je ne pouvais qu’être séduit.
La nouvelle est lisible gratuitement en suivant ce lien.
Je viens de la lire, brillante nouvelle ! Merci pour cette découverte 🙂
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Ne la trouves-tu pas surprenante sous la plume de Ken Liu ? J’aurai plutôt attendu Ted Chiang, voire Hannu Rajaniemi dans ce type d’exercice.
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Clairement, ça évoque plus Hannu Rajaniemi que Ken liu. Et de fait, cela magnifie l’intérêt du texte, parce que si on attend le finlandais dans ce registre, ce n’est pas le cas de Liu.
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Ah, c’est sur que si l’auteur de tape directement sur l’EPAULE… tu ne peux que répondre présent! 😉
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Je suis en train de lire un autre roman où l’auteur parle aussi de l’épaule d’Orion. Je n’y peux rien, cela me met tout de suite de bonne humeur.
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