Saturn’s children – Charles Stross

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Charles Stross est capable du meilleur comme du…moins bon. Saturn’s Children se classe dans la catégorie du moins bon. C’est en fait un roman symptomatique du génie et des faiblesses de Stross. Stross est un geek. Il a une connaissance encyclopédique de la SF, il a un humour de geek, il a l’imagination débridée d’un geek, l’intelligence, et même les fantasmes sexuels d’un geek version maître Jedi des geek. Il procède toujours de la même manière dans ses romans. Il s’inspire de ce que d’autres ont fait avant lui, reprend un concept et le développe en version XXL. Parfois ça marche (Accelerando, the Laundry Files, Palimpsest, Singularity Sky, Halting State…), et parfois ça marche moins bien (Glasshouse, Iron Sunrise, Saturn’s Children, Rule 34…).

Sous des allures de space opera d’espionage, Saturn’s Children est l’exploration du conditionnement individuel et des mécanismes psychologiques de l’esclavage portée dans un monde où l’humanité a disparu. Ne reste que ses créations : des robots de toutes formes, de toutes fonctions, de différents degrés d’intelligence, dans un système solaire en grande partie colonisé. Sous ces conditions initiales, Stross va invoquer Heinlein, Asimov, le mythe de Frankenstein, … et comme à son habitude en jouer et amener tout cela plus loin, plus haut, plus fort. Stross part du principe, expliqué à mi roman, que développer une intelligence artificielle autonome est compliqué. Les hommes ont donc pris comme modèle ce qu’ils connaissent le mieux : eux. Le cerveau humain, ses connections neuronales, mais aussi ses limites, ses peurs, ses obsessions, ont servis de modèle pour donner de l’intelligence, mais aussi lier par des liens indéfectibles leurs créations. Ces liens non seulement ont fait que les robots ont été incapables de réagir lors de la disparition des humains (pour des raison qui ne sont pas expliquées car les robots ne les ont pas comprises), mais aussi que ceux-ci perpétuent la culture humaine, que ce soit sous forme politique, sociale ou technique.

The sad fact is, human civilization did not even break for lunch when humankind died out.

Nous avons donc une société de robots devenus plus ou moins obsolètes qui essaient de subsister sans leurs créateurs, tout en étant obsédés par ceux-ci. Se posent alors les questions du libre arbitre, de l’individualité, de la vie et son devenir. Tout ceci est exploré sous toutes les coutures, et de façon magistrale, par Stross dans le roman. Au final, ce sont des robots avec des sentiments humains exacerbés qui s’expriment dans Saturn’s Children.

Stross est un auteur de hard-SF, autant prévenir. C’est personnellement un courant de la SF dont je suis féru au delà du raisonnable. Mais les explications techniques et scientifiques dont Stross n’est pas avare ont tendance à refroidir une bonne partie des lecteurs. Ce n’est pas de la SF légère. Pourtant, je trouve que c’est là où Stross brille le plus. Certaines pages du roman flirtent avec le génie, notamment dans les descriptions des voyages interplanétaires et ce que cela implique. « Space travel is shit », ou des différentes planètes du système solaire. Tout ceci est précis du point de vue scientifique et d’une crédibilité sans faille. Il y a aussi des pages sur le conditionnement de l’individu ou sur la notion de personnalité qui sont vraiment des perles du genre.

Alors, qu’est-ce qui cloche au final ? Ce qui cloche, c’est le déroulement du scénario qui est émotionnellement très insatisfaisant. Stross passe beaucoup de temps à mettre en place les choses, cet univers, à développer une histoire dont on se dit qu’elle va être spectaculaire, mais qu’il résout trop rapidement, sans embarquer le lecteur dans le tourbillon émotionnel que ce livre aurait mérité. Ni plus ni moins. Et ça, c’est une des grandes faiblesses de Stross, une caractéristique qu’on retrouve trop souvent dans ses romans. Charles Stross est un auteur intelligent, beaucoup trop pour son propre bien. Il a beaucoup d’idées, il écrit bien (en tout cas, moi, j’aime son style un peu foutraque), mais il a souvent du mal à mettre toutes ses idées au service d’une histoire qui va transporter le lecteur.

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Livre : Saturn’s Children
Série : Saturn’s Children (Book 1)
Auteur : Charles Stross
Publication : 2008
Langue : Anglais
Traduction : Non
Nombre de pages : 336
Format : papier et ebook


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