
Charles Stross fait toujours les choses en plus grand que les autres auteurs de science fiction. Si le voyage dans le temps est un thème récurrent en SF, rares sont les auteurs qui s’aventurent plus loin que quelques centaines d’années, le plus souvent même quelques dizaines d’années. Charles Stross, lui, nous balade dans Palimpseste sur 1000 milliards d’années. Le temps devient alors une géographie explorable et presque sans limite dans ce « court » roman. Lorsque certains visent comme expression ultime du paradoxe du voyage dans le temps l’impensable meurtre de l’aïeul, Charles Stross, lui en fait un préliminaire, un examen de passage afin d’évacuer d’entrée la question et repousser plus loin, très loin, son exploration du concept de paradoxe.
Son paradoxe à lui, c’est le palimpseste, le parchemin qu’on va effacer puis réécrire. Charles Stross utilise dans son récit le temps et l’histoire comme un palimpseste réutilisable jusqu’à l’étourdissement, voire la nausée. Une scène centrale, que je ne révèle pas, décrit une « bataille » qui se joue en quelques secondes, réécrites en direct d’innombrables fois par différents protagonistes. C’est brillant !
Le roman raconte raconte la vie de Pierce, un agent de la Stase qui est une organisation de voyageurs dans le temps chargée de préserver l’espèce humaine à travers les siècles. Or l’espèce humaine tend à disparaître régulièrement.
L’humanité finit toujours par disparaître, ne l’oublie pas.
La Stase réagit en réensemençant régulièrement la planète. Mais tout le monde ne partage pas les idées de la Stase…
Le livre est court, facile à lire, et propose une histoire vraiment fascinante de manipulation du temps à grande (très vaste) échelle. Je l’ai trouvé absolument brillant. Il est à noter que le style de Charles Stross est particulier, rapide, tendu et brouillon, et il peut décontenancer de nombreux lecteurs. Personnellement, je l’apprécie beaucoup, car : 1. Il a un style, 2. ce style est toujours particulièrement adapté à l’histoire qu’il écrit.
Mon seul regret est qu’il n’en ait pas fait un roman de 500 pages.
PS: certaines critiques reprochent à l’histoire d’être décousue. Euh… oui, évidemment. C’est même le thème central du livre. Ce serait un peu comme reprocher à « Milles lieues sous les mer » d’avoir trop de mer. Voyez ?
D’autres avis : Anudar, Les lectures du Maki, Lorhkan, Artemus Dada,
Livre : Palimpseste
Auteur : Charles Stross
Publication : 2009 (VF 2011)
Langue : Anglais
Traduction : Florence Dolisi pour J’ai Lu
Nombre de pages : 127
Prix : Hugo (2010)
En lisant tes quelques mots je comprends ce que tu dis mais au final j’ai pas compris l’auteur, la novella… confus c’était pour moi !
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Superbe analyse, merci beaucoup. Je le commande, j’avais hésité, maintenant je suis impatient !
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