Glasshouse – Charles Stross

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Charles Stross est un auteur de hard-SF que j’apprécie beaucoup, et je sors de la lecture de Glasshouse passablement déçu. Déçu car ce livre fait figure de scénario hollywoodien dans la production de cet auteur, entendez par là qu’il propose une lecture simple et relativement fluide assez inhabituelle chez lui. D’une certaine manière, ce livre m’a semblé trop simple.

Glasshouse se déroule dans un univers post-singularité, au sens de Vernor Vinge, appelé ici post-accélération comme un rappel à Accelerando. La vie humaine n’a plus grand rapport avec celle unique et mortelle que nous connaissons. le personnage principal, Robin, a subi volontairement une ablation assez radicale de la mémoire afin d’effacer en bloc les pans de sa vie lorsqu’il était soldat dans la guerre civile qui a ravagé l’humanité quelques années auparavant.

There are fractured shards of my memory all over the lobby of my Cartesian theater, waiting for me to slip and cut myself on them.

Approché dans la clinique de réhabilitation dans laquelle il se trouve au début de l’histoire, on lui propose de se mettre « au vert » pendant quelques temps en participant à une expérience sociale dans laquelle les participants sont plongés au cœur d’une simulation grandeur nature de la société humaine au temps de « l’âge sombre », comprenez les années 1950-2050 qui précèdent l’accélération.

Cette simulation se présente comme un version cauchemardesque de nos travers culturels et sociétaux, version publicité américaine des années 50 présentant la mère de famille idéale qui prépare le repas dans la cuisine pendant que monsieur se détend en buvant un bourdon devant la TV pour se relaxer de sa longue journée de labeur. Vous voyez le tableau. Dans cette expérience, vous gagnez des points si vous suivez les règles, ou en perdez dans le cas contraire. Robin s’y réveille dans le corps de Reese, une jeune femme au physique très éloigné de ce qu’il a connu dans sa vie antérieur en tant que soldat biomodifié en « tank ». Evidemment, les choses ne sont pas ce qu’elles semblent et Robin/Reese réalise rapidement que la simulation est en fait une prison, que les gardiens sont les méchants (sorte de nazis du futur) de la guerre civile, et que les gentils citoyens sont tous comme lui d’anciens criminels de guerre. Reese va alors devoir trouver le moyen de se sortir de là.

Chose très inhabituelle pour un livre de Stross, j’ai pu vous le résumer en quelques lignes. Chose absolument impossible à faire avec Accelerando par exemple.

Comme toujours chez Stross, il y a beaucoup d’humour, et si la description de cette société simulée et cauchemardée donne lieu à quelques belles pages de descriptions et critiques de nos cultures du 20ième siècle, elle est aussi, à mon goût assez facile, trop simplifiée et trop longue. L’avantage scénaristique du huis-clos dans un cadre idéalisé est que vous n’avez pas à beaucoup développer le monde que vous construisez.

Bien sûr, Stross complexifie l’histoire, en s’inscrivant dans un hommage déclaré aux écrits de Cordwainer Smith (Dr. Paul Anthony Linebarger), notamment ceux sur la guerre psychologique, en inventant des plans à l’intérieur des plans et des complots dans les apparences. Mais tout cela met beaucoup de temps à se mettre en place, et lorsque enfin les choses accélèrent, Stross résout l’histoire en tout au plus quelques pages, en déployant des raccourcis assez décevants. Il va même jusqu’à couper net le paroxysme de la scène finale au beau milieu de l’action pour entamer un épilogue retraçant les éléments majeurs sous forme de débriefing rapidement envoyé et franchement bâclé.

Pour offrir une lecture satisfaisante, les trois quarts du livre auraient dû n’en constituer qu’un et le dernier quart en constituer trois (vous suivez ?). Cela dit, si vous n’avez jamais lu Stross, et que vous n’êtes pas amateur de néologismes scientifico-jargonesques, c’est peut-être avec ce livre que vous pouvez démarrer avec cet auteur. C’est sans aucun doute son livre le plus abordable. Mais ce n’est certainement pas le meilleur.

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Livre : Glasshouse
Auteur : Charles Stross
Publication : 2006
Langue : Anglais
Traduction : Non
Nombre de pages : 352
Format : papier et ebook
Prix :  Prometheus Award (2007)


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