La Peste du léopard vert – Walter Jon Williams

Poursuivons notre exploration des titres de science-fiction qui feront la rentrée littéraire suivant le programme établi lors de nos repérages. Si Albin Michel Imaginaire ouvre le bal le 30 août avec Jour Zéro de Robert C. Cargill, le Bélial’ lui prend immédiatement le pas avec la publication du 46e titre de la collection des textes courts Une Heure-Lumière, Le Dernier des aînés d’Adrian Tchaikovsky qui sortira la 31 août. Ce n’est pas de ce texte que je vais vous parler, puisque je l’ai déjà fait lors de sa sortie en version originale en langue anglaise il y a deux ans, et que vous pouvez aller lire ma chronique à son sujet. Si vous n’en avez pas le temps, sachez que c’est un très chouette roman, ludique et malin, mêlant fantasy et science-fiction, et qu’il n’est pas étonnant les âmes damnées qui officient dans les cryptes du Bélial’ s’en soient entichées au point de la publier. Bref, lisez le !

Je vais vous parlez de la sortie suivante dans la collection Une Heure-Lumière, de La Peste du léopard vert de Walter Jon Williams, qui arrivera un peu plus tardivement, le 21 septembre. Walter Jon Williams  n’est pas un inconnu, l’états-unien est l’auteur d’une production pléthorique, notamment sous la forme de de séries qui ont principalement été publiées chez nous chez J’ai Lu,  et de quelques romans indépendants dont quelques-uns seulement ont reçu à ce jour l’honneur d’une traduction. Nous noterons en particulier l’excellent Avaleur de mondes traduit par le non moins excellent Jean-Daniel Brèque.

C’est le même couple auteur/traducteur qui nous propose La Peste du léopard vert, une novella de 120 pages qui a décroché le prix Nebula en 2004. Le récit principal se déroule sur Terre, dans un futur lointain. Un avenir idéalisé, une civilisation d’abondance où les grands problèmes de l’humanité, tels que la faim ou la mort, ont été résolus et ne sont plus que souvenirs de temps révolus. Un avenir où l’on manipule à loisir le génome et dans lequel l’humain peut-être déconstruit, numérisé et entièrement reconstruit en un autre corps. Après avoir été siamang, Michelle est désormais sirène et vit dans les îles Chelbacheb. Pour le compte d’un client, elle va faire des recherches la vie d’un certain Jonathan Terzian, philosophe politique ayant vécu à notre époque, et auteur d’une Théorie de la Corne d’Abondance. Cette théorie, qui imagine le fonctionnement d’une société dans laquelle les besoins primaires à la vie seraient assurés et une redéfinition nécessaire des valeurs qui sont habituellement associées au travail et au fonctionnement des nations, est à l’origine de l’organisation du monde dans lequel Michelle vit des siècles plus tard. Plus précisément, elle va s’intéresser à une période de quelques semaines durant lesquelles Terzian a disparu des radars avant de réapparaitre soudainement à Venise pour livrer sa théorie lors d’une conférence. Ce faisant, lors d’un récit prenant les allures d’un enquête digne d’un James Bond, elle découvrira quels sont les événements qui ont précipité la formulation d’une théorie perçue comme totalement presciente pour son époque.

La Peste du léopard vert est un piège habile. En alternant le récit dans le présent (notre futur) de Michelle et celui dans le passé (notre présent) de Terzian, l’auteur met en place des éléments qui nous invite à le croire, parfois en levant les yeux au ciel, puis à douter un peu, puis de plus en plus. Dans le giron d’un double récit, il entretient un double discours, jusqu’à ce qu’une faille s’ouvre et nous révèle l’immensité du saut opéré entre les origines supposées d’une théorie sur un monde sans famine et des conséquences morales et philosophiques autrement plus étendues dans ce futur lointain où nos valeurs actuelles sont renversées. Je n’en dis pas plus car je veux vous laisser le plaisir de faire la pleine expérience du doux choc provoqué par un chapitre final qui m’a cueilli par surprise.

Finement joué monsieur Williams !


D’autres avis : Anudar, Gromovar,


  • Titre : La Peste du léopard vert
  • Auteur : Walter Jon Williams
  • Traduction : Jean-Daniel Brèque
  • Publication : le 21 septembre 2023, Le Bélial’, coll. Une Heure-Lumière
  • Illustration de couverture : Aurélien Police
  • Nombre de pages : 128
  • Support : papier et numérique (10,90€ / 5,99€)

8 réflexions sur “La Peste du léopard vert – Walter Jon Williams

  1. Walter Jon Williams ! Quand j’ai vu apparaître ce nom sur le mail me prévenant d’un nouvel article par ici, je n’ai pas hésité.
    Ventre à terre, passage au lecteur WordPress !
    J’adore (et encore, pas assez fort en mot 😁) cet auteur.
    La guerre du Plasma, Câblé et ses nouvelles annexes, Sept jours pour expier…
    Quelques titres qui me font basculer dans un autre monde, dès que je lis les premières pages.
    Et peu importe que j’ai déjà lu et relu x fois les livres.
    Il sait happer le lecteur.
    Du coup, là, ce n’est pas un souhait de livre, mais le prochain achat direct 😁!

    Merci beaucoup pour la nouvelle !!!
    Un heureux avec le smiley 😃 pour la journée.

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