Bilan 2020 : une sélection de livres de SF

Les fêtes de fin d’année approchent et comme à chaque mois de décembre, L’épaule d’Orion vous propose une sélection de livres de science-fiction publiés dans l’année. 2020 fut particulière car, en raison de la crise sanitaire, nombre de sorties programmées ont été repoussées. Qu’on se rassure, il y a eu tout de même de très belles choses. Cette liste n’a pas pour prétention de sanctionner le « meilleur des nouveautés de la SF », mais de proposer un choix personnel, par nature incomplet et subjectif, parmi les romans de science-fiction que j’ai lus et qui m’ont enthousiasmé. De la SF donc, et rien que de la SF. À vos librairies !


Cette année fut pour moi marquée par la sortie de trois recueils de nouvelles tout à fait remarquables. Le format court est la quintessence de la science-fiction, et ces auteurs et autrices le montrent brillamment.

Expiration – Ted Chiang

Dans l’art de la nouvelle, Ted Chiang est au-dessus de la mêlée. L’ensemble de sa production littéraire – dix-sept nouvelles pour lesquelles l’auteur américain a obtenu 15 prix majeurs (Hugo, Nebula, Locus,…) – est regroupé en deux recueils, La Tour de Babylone (2010) et Expiration (2020), publiés chez Lunes d’Encre. Il faudra apprécier la SF très cérébrale de l’auteur pour tirer plaisir de la lecture de ces textes, mais l’exploration poussée des idées et leur mise en place font de Ted Chiang est l’un des grands nouvellistes de science-fiction de notre époque. (Chronique détaillée)

Expiration – Ted Chiang – Denoël, coll. Lunes d’Encre – trad. Théophile Sersironseptembre 2020 – 420 pages

 La Fabrique des lendemains – Rich Larson

À l’opposé de Ted Chiang, Rich Larson est un auteur très productif. À 28 ans, il a publié près de 200 textes. Il est toutefois encore inconnu en France. Son premier recueil traduit, La Fabrique des lendemains, est l’un des joyaux des sorties de cette année. L’auteur propose un regard sombre sur le futur mais empreint d’une grande humanité. (Chronique à venir dans le magazine Bifrost n°101)

La Fabrique des lendemains – Rich Larson – Le Bélial’, coll. Quarante-deux – trad. Pierre-Paul Durastanti – octobre 2020 – 512 pages.

L’Arithmétique terrible de la misère – Catherine Dufour 

La science-fictiin n’est pas qu’anglosaxonne, et nous avons en France des auteurs qui savent aussi briller dans la forme courte. C’est le cas de Catherine Dufour. Son nouveau recueil de nouvelles, après L’Accroissement mathématique du plaisir (2008), présente à travers une série de portraits une Histoire possible du futur, sombre, très sombre. Une perle ! (Chronique détaillée)

L’Arithmétique terrible de la misère – Catherine Dufour  – Le Bélial’ – septembre 2020 – 384 pages.


Du côté des romans, la sélection a été plus difficile et j’ai longtemps hésité pour finalement ne retenir que les titres présentés ci-dessous, en faisant le choix de ne garder que ceux à très forte coloration SF, c’est-à-dire : des concepts, de l’ambition, et surtout du sense of wonder.

Quitter les Monts d’Automne – Emilie Querbalec

Quitter les Monts d’Automne est un roman habile qui mue lentement au cours de la lecture, adoptant une esthétique de fantasy pour livrer au final une histoire de science-fiction, et c’est très réussi. C’est un livre sur la mémoire, celle qui lie les générations et fait l’Histoire. Il s’agit d’une quête à la fois personnelle et universelle. Le tout dans un style brillant. (Chronique détaillée)

Quitter les Monts d’Automne – Emilie Querbalec – Albin Michel Imaginaire – septembre 2020 – 448 pages.

Le Magicien quantique – Derek Künsken

Pour son premier roman publié, Derek Künsken joue une partition écrites dans les règles de l’art, et il n’est pas étonnant qu’il se soit fait remarquer avec cette histoire qui utilise efficacement les tropes du genre. Le plus remarquable toutefois n’est pas dans l’intrigue, assez classique, mais dans ce qui se passe en dehors de l’intrigue, là où l’auteur livre ses meilleures idées, là où il explore des mondes, là où se révèle une ambition plus personnelle. (Chronique détaillée)

Le Magicien quantique – Derek Künsken – Albin Michel Imaginaire – trad. Gilles Goullet – février 2020 – 420 pages

Eriophora – Peter Watts

Eriophora est un récit haletant qui repose sur un scénario habile, et offre aux lecteurs un sentiment d’émerveillement total face à l’étendue de ce qu’il donne à imaginer, à la fois dans l’espace et dans le temps. (Chronique détaillée)

Eriophora – Peter Watts – Le Bélial’ – trad. Gilles Goullet – septembre 2020 – 224 pages.

Les Flammes de l’Empire – John Scalzi

 Les Flammes de l’empire est le deuxième tome de la série de space opera l’Interdépendance, après L’Effondrement de l’empire publié chez L’Atalante en mars 2019. Les Flammes de l’empire est très réussi, un vrai grand plaisir de lecture totalement décomplexé. Scalzi, c’est le bien. (Chronique détaillée)

Les Flammes de l’Empire – John Scalzi – L’Atalante, coll. La dentelle du cygne – trad. Mikael Cabon – février 2020 – 312 pages


Pour ceux que lire en anglais intéresse, j’ai retenu cette année trois titres dans les sorties anglophones : une anthologie de hard-SF et deux romans assez inhabituels dont on peut espérer la traduction prochaine.

Made to Order : Robots and Revolution – Collectif

L’anthologie Made to Order, dirigée par l’infatigable Jonathan Strahan, est sortie le 17 mars et regroupe des textes écrits pour l’occasion par des pointures du genre : Peter Watts, Daryl Gregory, Peter F. Hamilton, Rich Larson, Ken Liu, Sarah Pinsker, Alastair Reynolds, etc. S’agissant d’une anthologie de hard-SF, le terme robot adopte une définition étendue et moderne. On s’y intéresse surtout à l’intelligence artificielle, voire à la conscience.

Made to Order : Robots and Revolution – Collectif – Solaris – mars 2020 – 280 pages.

The Oppenheimer Alternative – Robert J. Sawyer

The Oppenheimer Alternative est un roman savant, qui s’équilibre astucieusement entre récit historique (avec une bibliographie conséquente en fin d’ouvrage), histoire alternative et science-fiction à tendance hard-SF. Robert J. Sawyer a le talent et l’écriture pour que le récit reste toujours fluide malgré sa densité. Il y glisse avec le recul nécessaire des réflexions sur l’histoire, et le rôle politique de la science. C’est aussi un roman qui rend hommage à l’histoire de la science-fiction. C’est un excellent roman, original jusque dans son dénouement. (Chronique détaillée)

The Oppenheimer Alternative – Robert J. Sawyer – CAEZIK SF & Fantasy – juin 2020 – 374 pages.

The Ministry for the Future – Kim Stanley Robinson

Un roman dont on pourra débattre de savoir s’il s’agit de science-fiction ou de prospective politique. The Ministry for the Future n’est pas un livre qui vise à nous faire nous échapper du réel mais à nous y ramener de force. C’est un grand livre qui pose une réflexion détaillée et indispensable si l’on veut éviter le pire de la catastrophe écologique vers laquelle nous sommes déjà lancés. (Chronique détaillée.)

The Ministry for the Future – Kim Stanley Robinson – Orbit – octobre 2020 – 576 pages.


En bonus : Dune – Frank Herbert

Vous l’attendiez, bien sûr, non ? Elle est là ! Elle est belle comme les sables, elle est chaude comme Arrakis : la nouvelle édition Collector du chef d’oeuvre de Frank Herbert chez Robert Laffont, sous une traduction revue et corrigée.

Dune – Frank Herbert – édition collector (traduction de Michel Demuth revue et corrigée par L’épaule d’Orion) – Robert Laffont, coll. Ailleurs et Demain – octobre 2020 – 720 pages.


Pour retrouver les sélections des années précédentes : 2018 et 2019.


32 réflexions sur “Bilan 2020 : une sélection de livres de SF

        1. Je m’insère furtivement ici pour vous dire que je me suis régalé à la lecture de La bombe, bien qu’un procédé narratif lié à l’énergie nucléaire (vous comprendrez lisant) ne m’a pas spécialement parlé.
          Un…documentaire graphique à la fois imposant et digeste nous introduisant à cette « courte période » d’une densité pourtant incroyable, la frénésie de la guerre aidant. Lisant principalement des BD ces dernières années, j’avoue que ce sont souvent les BD historique/documentaire (comment dit-on ?) qui ont ma préférence.

          Aimé par 1 personne

  1. Je me note Les Monts d’automnes.

    Je ne peux qu’approuver le chois de Made to order, le Scalzi que j’ai adoré, et forcément Eriophora!!!
    En revanche, le magicien quantique ne rentrera pas dans mon top annuel, avec un rythme trop fluctuant. Les autres, je dois les lire – même Dune – et surtout le KSR que j’ai repéré.

    J’aime

  2. Je me note la fabrique des lendemains, un joyau ça me parle ! Eriophora j’ai pas trop aimé, j’ai fait deux tentatives avec Peter Watts (Starfish) mais dur dur.
    J’ai dans ma PAL John Scalzi mais le premier tome, il va falloir que je passe la seconde lol, et puis Dune évidemment que je n’ai jamais lu, j’ai du pain sur la planche, mais il y a toujours des livres qui viennent se mettre en travers de mes projets initiaux de lecture !
    Je ne sais pas comment vous faites tous pour tenir le tempo, j’admire.

    Aimé par 1 personne

    1. Je reconnais que Peter Watts, c’est particulier; on aime ou on déteste, mais ce n’est jamais une lecture simple. Comment on fait pour tenir le tempo ? Je crois simplement que nous sommes tous de très gros lecteurs.

      J’aime

  3. La fabrique des lendemains est dans ma liseuse (ainsi que le 1er tome de l’interdépendance), Expiration et Quitter les Monts d’Automne sont très hauts dans ma wishlist, j’ai un projet de relecture de Dune à quelque part, ce n’est pas que dû à ta mauvaise influence mais nul doute que tu as contribué tout de même 😛

    Aimé par 1 personne

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Image Twitter

Vous commentez à l’aide de votre compte Twitter. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.