
Avant qu’Andy Weir n’écrive son roman The Martian (Seul sur Mars), Geoffrey A. Landis avait publié la nouvelle A Walk in the Sun dans le numéro d’Octobre 1991 de la revue Asimov’s Science Fiction.
Si vous êtes fidèle lecteur ou lectrice de la collection Une Heure-Lumière éditée chez Le Bélial’, vous aurez peut-être déjà croisé le nom de Geoffrey A. Landis. Sa novella Le Sultan des Nuages y avait été publiée en 2017. Cet auteur discret et peu productif est avant tout docteur en physique des matériaux et scientifique à la NASA, spécialisé dans la conception de cellules photovoltaïques, et travaillant sur les programmes d’exploration de Mars et Vénus au sein de l’agence américaine. Ce pedigree l’annonce, ses écrits s’inscrivent dans le domaine de hard-SF, comme tu l’auras deviné, futé lecteur. Peu productif donc, mais reconnu tout de même, puisqu’il a remporté un Nebula, un Locus, un Sturgeon et deux Hugo pour ses nouvelles. C’est d’ailleurs le Hugo de la meilleure nouvelle qu’a emporté A Walk in The Sun. Le texte fut une première fois traduite en français et publiée dans l’anthologie Futurs qui craignent (quel nom pourri, au passage) chez Pocket en 1993, sous une traduction d’André Derval et le titre Marche au Soleil. Le texte est republié ces jours-ci dans le numéro 95 de la revue Bifrost consacré à célébrer la Lune à l’occasion du cinquantième anniversaire de la mission Apollo 11. Pour la peine, la traduction a été révisée par Pierre-Paul Durastanti (qui a toutefois gardé le titre Marche au Soleil alors que je lui avais généreusement suggéré Perambulation sous une naine jaune. Il a non seulement rejeté ma proposition, mais m’a conseillé de ne surtout pas changer de métier. Voilà ce qui arrive quand on essaye d’aider. Enfin, passons.)
Dans The Martian, l’astronaute Mark Watney est laissé pour mort sur la surface de Mars et doit se débrouiller pour survivre pendant quatre ans avant l’arrivée d’une nouvelle mission et traverser une bonne partie de la planète pour rejoindre le site d’amarsissage (si, ça existe). Dans A Walk in the Sun, une mission d’exploration à basse altitude s’écrase sur la Lune ne laissant en vie que son pilote, Patricia « Trish » Mulligan. Avant que sa radio ne rende définitivement l’âme, elle parvient à contacter la Terre pour signaler sa condition de survivante. La Terre en retour l’invite à tenir bon, car il lui faudra attendre 30 jours avant qu’une mission ne puisse se porter à son secours. Trish a une combinaison qui recycle l’air et l’eau, des panneaux solaires pour l’alimenter, et des vivres en quantité suffisante. Son problème est ailleurs. Le site du crash se trouve à la limite entre le jour et la nuit, cette ligne fictive qu’on nomme terminateur. Pas un souci me diras-tu, naïf lecteur, sauf qu’un jour lunaire dure 30 jours terrestres, que la nuit y dure donc 15 jours et qu’il y fait froid, très froid. Pas question pour Trish de rester dans le coin. Pour survivre, il lui faut rester au Soleil et donc se déplacer pendant 30 jours et … faire le tour de la Lune à pied. Marche ou crève en version extrême. Bear Grylls sanglote sous sa couette en suçant l’oreille de son ours en peluche. La circonférence de la Lune est de 10921 km, il lui faut donc maintenir une vitesse moyenne de 15 km/h, soit un rythme de marathonien, pendant un mois. Impossible sur Terre, mais qu’en est-il sur la Lune qui bénéficie d’une gravité six fois moindre ? Trish va devoir affronter la souffrance (allez courir et bondir des heures durant dans une combinaison lunaire, vous !), l’épuisement, un matériel qui s’use, un état psychique déclinant et les visions qui l’assaillent.
Le texte est très court, mais il est franchement original et très réjouissant pour l’amateur de hard-SF que je suis. Voilà !
Non, mais j’apprécie la démarche, hein. ;^D
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😂
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Et même la démarche… au soleil. OK, je sors.
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Il y a un roman récent de James Lovegrove, World of fire, où le narrateur est coincé en combinaison autonome à la surface d’une thermoplanète type Mercure, sur son terminateur. Alors que le soleil est sur le point de se lever, amenant 500°c et une mort certaine, il lance cet irrésistible SOS : « Mayday, mayday, the terminator is trying to terminate me ! « . 😀
Sinon,j’aime bien « Perambulation sous une naine jaune », ça ne fait pas traduction de monsieur-tout-le-monde 😀
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Excellent ce SOS ! 🙂
Sinon, Pierre-Paul s’est bien rattrapé avec « Franc-Alleu » dans Waldo. Quand il veut bien se donner la peine…. 😉
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Pierre-Paul, c’est le numéro uno sur mon podium personnel des traducteurs (avec JDB en second et Patrick Marcel en troisième).
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Idem mais n’oublions pas Jacques Collin qui nous a fait le sublime [anatèm] et je pense que Michelle Charrier va bien nous scotcher sur Ada Palmer.
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Sur le même sujet, j’ai préféré de loin « Poussière de lune, odeur de foin et matérialisme dialectique » de Disch qui, en à peine 7 pages, illustre parfaitement le désespoir d’un homme qui se sait condamné, et les illusions du Romantisme : pas de valeurs supérieures à la détresse de mourir.
Sublime!
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Je dois avouer que je ne connais pas ce texte.
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Tu sais quoi faire si l’envie d’une balade sur la Lune te manque 😋
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Oui, merci ! 🙂
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LOL!
j’aime bien le titre que tu proposais… assez énigmatique, très hard-Sf et parfait épouvantail. Pour en revenir au texte, court et tout bon : OK!
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Et nous attendons les photos de ta déconstruction rituelle et stabilobossée du Bifrost !
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oops, j’ai failli oublié mon ré abonnement!!! Merci!!!
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QUOI ?????
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