Migrant – Marina et Sergueï Diatchenko

Troisième et dernier volume de la trilogie Les Métamorphoses du couple ukrainien Marina et Serge Diatchenko, Migrant est paru le 18 janvier 2024 aux éditions de l’Atalante. De cette série aux volumes indépendants, j’avais été enthousiasmé par le ton et l’originalité du premier livre, Vita Nostra. J’avais été déçu par le deuxième, Numérique, dont je trouvais qu’il tournait en rond, et déroulait un scénario et des idées vues et relues ailleurs. J’avais renoncé à le chroniquer. Nous voici donc à la troisième proposition des Diatchenko, et à nouveau un changement complet de décors, de personnages, de temps et d’espace, puisque nous sommes cette fois projetés ailleurs, il y a bien longtemps, dans une galaxie lointaine, très lointaine.

Terre, 2010. Andreï Stroganov traine le pas dans les rues humides et brumeuses quand soudain la ville autour de lui, le ciel et les étoiles disparaissent. Devant lui, un agent du Bureau universel de migration le félicite car sa demande a été acceptée. Seul petit souci, il avait postulé pour Kristal mais c’est finalement sur la planète Raa qu’il sera envoyé. Sauf que, Andreï n’a jamais rien demandé de tel, ignore tout de ce Bureau ou des êtres qui le tiennent, et ce n’est pas le court message soi-disant enregistré à son bénéfice par son moi futur qui lui apporte la moindre explication, si ce n’est qu’il n’a plus rien à faire sur sa planète d’origine. Bref, Andreï se retrouve téléporté dans un lointain passé sur Raa, une planète verte, accueillante et postindustrielle qui lui promet une vie simple et paisible, à l’abris du besoin. Une forme d’Utopie. Arrivé sur place (3 pages après le début du texte), deux possibilités lui sont offertes : être « Dépendant », soit être logé, nourri, blanchi aux frais de la princesse mais ne participant pas aux décisions de la société, ou passer l’Épreuve pour devenir « Citoyen de plein droit », être responsable de soi et impliqué. Sachant qu’aucun migrant n’a jamais réussi l’Épreuve. Evidemment, Andreï commence un peu à en avoir ras le bol de ne rien comprendre à rien et de se voir imposer des choses et, sûr de lui mais ignorant de tout, décide de passer ladite Épreuve dans l’espoir que peut-être, ce statut lui permettrait de retourner sur Terre, pourquoi pas ?

La première moitié du roman décrit les déboires d’Andreï qui se retrouve alors embarqué sur une île déserte avec un groupe de jeunes locaux et un instructeur sadique pour passer l’Epreuve. C’est un mélange déroutant entre Koh Lanta et Destination Outreterres de Robert A. Heinlein. Les choses vont prendre une tournure inattendue, Andreï va faire des amis et des ennemis, et se confronter à de nombreux mystères qui entourent cette planète et ses habitants. Ces mystères, il devra les élucider dans la seconde moitié du roman, alors que Raa se trouve face à un danger qui met en péril son existence.

Migrant est un roman à la fois plaisant à lire, on tourne les pages avec envie de découvrir la suite des aventures d’Andreï et décevant car rien n’est à la hauteur des enjeux qui nous sont présentés. Tout d’abord, le personnage principal est insupportable. Arrogant, stupide et caricatural, il rappelle certains héros qu’on trouvait chez van Vogt ou Jack Vance, l’humour de ce dernier en moins. Si le roman se déroule sur une planète étrangère dont la société et l’histoire sont à découvrir, le propos n’est pas l’altérité car rien ne distingue tout à fait les habitants de Raa des terriens, ni leur manière de penser ni même leur apparence physique. l’Épreuve, alors qu’elle revêt une importance centrale dans le récit et pour le devenir de la planète, se présente comme une séries de tests d’une banalité étonnante et ne convainc pas telle qu’elle est imaginée par les auteurs. Migrant m’a fait l’effet d’un roman de science-fiction vieillotte, dépassée dans ses thématiques comme dans sa manière de les aborder. De la trilogie des Diatchenko, je retiendrai donc Vita Nostra, qui fut une très belle surprise. Numérique et Migrant resteront des lectures pas désagréables mais décevantes en comparaison avec leur prédécesseur.


Autres avis : Le Nocher des Livres,


  • Titre : Migrant
  • Série : Les Métamorphoses
  • Auteurs : Marina et Sergueï Diatchenko
  • Traduction : Denis E. Savine
  • Publication : 18 janvier 2024, l’Atalante, coll. La Dentelle du Cygne
  • Nombre de pages : 384
  • Support : papier et numérique

6 réflexions sur “Migrant – Marina et Sergueï Diatchenko

  1. J’hésitais à le lire parce que le résumé ne me tentait vraiment pas… Je crois que je vais passer mon tour et rester sur les deux premiers. C’est vrai que Numérique était un peu plus convenu et que je n’avais pas eu la claque d’avec Vita Nostra. Dommage mais merci de m’éviter une déception.

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  2. une suite directe a vita Nostra a ete écrite par les auteurs et a ete traduite en anglais. Ça s’appelle « Assassin of reality » et on retrouve Sasha quelques années plus tard (je n’ai pas lu mais je suis curieux !)

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