The Tea Master and the Detective – Aliette de Bodard

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Il y a quelques jours, Aliette de Bodard écrivait un long thread sur Twitter pour répondre à certaines critiques qui lui reprochent de transposer de manière invraisemblable une Chine médiévale dans le futur. Elle répondait notamment que cela lui semblait aussi vraisemblable que d’y projeter la culture européenne. Cela m’a interpellé car je suis d’accord avec elle. Il n’y a strictement aucune raison pour que le futur soit d’inspiration occidentale. Personnellement, je pense même qu’il ne le sera pas. A peu près au même moment, l’ami Apophis disait sur son blog le bien qu’il pensait de la novella The Tea Master and the Detective. Cela m’a donné deux bonnes raisons de la lire.

The Tea Master and The Detective est un roman court (96 pages) qui se déroule dans un univers vaste. Xuya est un univers alternatif, imaginé par Aliette de Bodard et qu’elle a utilisé comme toile de fond de plusieurs nouvelles et romans. Cet univers prend comme point de divergence avec le nôtre la découverte de l’Amérique du Nord par la Chine en 1411.  Lorsque Christophe Colomb débarque en 1492, les choses sont forcément un peu différentes. A partir de là, Aliette de Bodard imagine une histoire uchronique qu’elle emmène dans un futur qui s’étend jusqu’au XXIIe siècle pour laisser germer des empires galactiques d’inspirations chinoise et vietnamienne. A la manière de ce que Romain Lucazeau avait fait avec l’empire romain dans Latium. Je vous ai fait un résumé très rapide, mais les choses sont assez développées, c’est un univers riche. Certains aspects historiques, notamment le XXe siècle, ne sont toutefois pas encore complètement établis par l’auteure. C’est un univers en travaux. (Pour en savoir plus vous pouvez aller sur le site de l’auteure.)

C’est donc là, dans cet Espace confucianiste, que se déroule The Tea Master and The Detective. Nul n’est besoin de connaître l’univers et son histoire pour lire la novella qui, de l’aveu de l’auteure dans la postface, est un Sherlock Holmes dans l’espace avec une variation sur le genre des personnages. Variation assez radicale puisque, si le célèbre détective est remplacé par une femme du nom de Long Chau, le Dr Watson s’incarne dans un ancien vaisseau militaire habité par une intelligence organique (et non pas artificielle comme chez Iain Banks), un mindship, du nom de Shadow’s child. On retrouve chez Long Chau toutes les caractéristiques de Sherlock Holmes, ses capacités de déduction hors norme comme sa dépendance aux drogues. Chez Shadow’s child, c’est une certaine candeur et un sens de la morale que l’on trouve. Le récit s’appuie sur une enquête suite à la découverte d’un corps dans les Deep Spaces. Les Deep Spaces sont ces dimensions inférieures de l’espace dans lesquelles il faut plonger pour se déplacer plus rapidement que la lumière. Ils sont dangereux, effrayants, et les humains les supportent très mal. Ces derniers doivent être placés en sommeil ou drogués pour survire à  l’expérience. C’est là que Shadow’s child fait intervenir ses talents de brasseur de thé. La partie enquête reste simple, et tout l’intérêt du roman se trouve dans la relation qui s’établit entre les deux protagonistes, Long Chau et Shadow’s child, alors que toutes deux vont devoir affronter leur propre passé.

Je ne vais pas m’étendre plus sur les détails de l’histoire et vous laisser le loisir de la découverte, mais juste dire que, des détails, il y en a beaucoup, il en fourmille, et ils enrichissent l’univers de la novella : des micro-robots qui courent sur le corps de personnages, la gastronomie comme vecteur de souvenirs, les stations spatiales appartenant à des familles, les relations des mindships entre eux… C’est un monde cohérent, original, construit et assez envoûtant que nous livre Aliette de Bodard dans ce court texte. Cette novella en tout cas me donne fortement envie de me plonger plus profondément dans l’univers Xuya de l’auteure.

La novella a remporté le prix Nebula 2019.


Voir aussi la chronique d’Apophis, de Blackwolf sur le Blog-O-Livre, de Lutin sur L’Albédo


Livre : The Tea Master and the Detective
Auteur : Aliette de Bodard
Publication : 2 Avril 2018
Langue : anglais
Nombre de pages : 96
Format : ebook et papier


10 réflexions sur “The Tea Master and the Detective – Aliette de Bodard

  1. (merci pour les liens)

    Content de voir que tu as aimé ! Je ne savais pas que l’auteure avait autant travaillé l’aspect uchronique, je vais suivre ton conseil et aller voir ça de plus près sur son site. Je te rejoins aussi sur le fait de vouloir explorer plus avant et rapidement cet univers, je pense que je vais attaquer The citadel of weaping pearls, qui m’a l’air très prometteur, plus tard ce mois-ci.

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