L’Espace de la révélation – Alastair Reynolds

revelation

Astrophysicien de formation et de métier, ayant travaillé à l’ESA avant de choisir en 2004 la carrière d’écrivain de science fiction, Alastair Reynolds présentait le pedigree idéal pour se faire un nom en tant qu’auteur dans l’univers de la hard-SF. C’est avec le cycle des Inhibiteurs (Revelation Space en VO) qu’il y parviendra. Premier roman du cycle, Revelation Space est aussi le premier roman d’Alastair Reynolds, publié en 2000, après qu’il ait écrit quelques nouvelles entre 1989 et 1999. Il a été traduit en 2002 par Dominique Haas pour les Presses de la Cité et publié sous le titre L’Espace de la révélation.

Dans l’univers du cycle, l’humanité s’est largement transformée, à l’aide de manipulations génétiques et mécaniques auto-infligées, à la guise de son expansion territoriale au sein de la galaxie. Mais l’humanité est seule. L’univers est vaste, froid, largement inhospitalier et invariablement vide de toute présence autre que les quelques colons humains qui s’y promènent. « Mais où est donc tout le monde » se demandait Fermi. Reynolds apporte une réponse au paradoxe du célèbre physicien sous une forme radicale : ils sont tous morts. Et pour cause, ils se sont joyeusement entretués il y a à peu près un milliard d’années lors de la « dawn war ». L’explication au fait que d’autres civilisations n’ont pas eu le temps d’émerger à nouveau, parallèlement à l’humanité, sera donnée dans L’Espace de la révélation.

Le roman suit les trajectoires convergentes de plusieurs personnages, dont on peut limiter la liste des principaux à trois : Dan Sylvestre, Ana Khouri et Ilia Volyova.

L’histoire débute avec les recherches exo-archéologiques (une archéologie des espèces extraterrestres disparues) menées par Sylvestre sur la petite colonie isolée de Resurgam, ravagée par les conflits politiques qui secouent la poignée d’humains présente sur cette planète assez inhospitalière mais en voie de terraformation. Sylvestre découvre que, contre toute attente, la civilisation des Amarantin a développé une technologie avancée avant de disparaître brutalement lorsque leur soleil a complètement détruit leur planète il y a un bon million d’années.

Ana Khouri est un ancien soldat, tueuse à gage, qui va se faire recruter par une mystérieuse « Mademoiselle » pour aller éliminer Sylvestre. Elle apprendra que Sylvestre a des liens plus profonds avec la disparition des Amarantin que la simple curiosité de l’archéologue.

Ilia Volyova est l’un des piliers du triumvira qui pilote le Spleen de l’infini (Nostalgia for Infinity)  un appareil gigantesque capable de voyager à des vitesses relativistes (sans jamais violer la barrière physique que constitue le vitesse de la lumière). Contrairement au reste de l’équipage du Spleen qui est constitué d’Ultras (humains largement modifiés) assez radicaux, elle ne possède aucune amélioration ou implant.

Un quatrième protagoniste important est Voleur de soleil (Sun Stealer), dont je ne pourrai rien révéler dans cette critique sans spoiler l’histoire.

Le roman va utiliser la confrontation de ces 4 personnages pour faire avancer l’histoire et proposer au lecteur une eschatologie de l’univers. Reynolds écrit un space opera de grande dimension, contenant une cosmologie évidemment pertinente, et une foultitude d’idées qui, si elles ne sont pas toujours très originales (la transhumanité, la relativité des voyages galactiques, les vaisseaux gigantesques, l’intelligence artificielle sont des thèmes récurrents en SF et surtout en hard-SF), sont remarquablement bien exploitées. L’histoire est véritablement prenante et les personnages bien menés, même si on pourrait leur reprocher des motivations pas toujours très cohérentes et de n’être animés que par leurs propres obsessions.

Le problème est ailleurs. Il est dans l’écriture de Reynolds. J’aime les histoires de Reynolds, son imagination, son propos scientifiquement solide, mais son style dans ce premier roman est assez limite. La structure de L’Espace de la révélation rend pénible la lecture du roman qui manque de fluidité, avec des découpages artificiels dignes d’une série TV, des répétitions lassantes, et des incohérences scénaristiques qui nuisent à la qualité du livre. Les révélations sont systématiquement amenées de manière très artificielles, Reynolds usant à profusion d’une sorte de Deus Ex-Machina cognitif. Et il se répète. Qu’un personnage soit profondément choqué par une « révélation » qui lui est faite à la 500e page alors qu’on n’arrête pas de lui répéter en boucle cette histoire depuis la 200e page, m’aurait donné l’envie de jeter le livre à travers la pièce si je ne l’avais lu en format électronique. Si ces incohérences sont plus ou moins importantes, l’une d’elles m’a particulièrement fâché :

[Attention spoiler !]

Sajaki est un guerrier redoutable et craint, Ultra extrême, dont on décide de se débarrasser au fusil à plasma mais qu’on emmène à l’infirmerie dès qu’il a une entaille au poignet et qu’on laisse seul et sans surveillance pendant 3 jours parce qu’il est tout de même très affaibli par cette petite entaille…. Sérieusement, monsieur Reynolds ?

Non, mais franchement….


D’autres avis de lecteurs : Alterran, Vive la SFFF,


Livre : L’Espace de la révélation
Série : Le Cycle des inhibiteurs (livre 1)
Auteur : Alastair Reynolds
Publication originale : 2000
Traduction : 2002 par Dominnique Hass pour les Presses de la Cité
Nombre de pages : 699
Format: papier et ebook

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12 réflexions sur “L’Espace de la révélation – Alastair Reynolds

      1. Je comprends l’envie de commencer fort. Surtout que, si tu es comme moi, l’ouverture du blog est l’aboutissement d’une envie profonde qui tenaille depuis longtemps. Du coup, on ouvre les valves, et on est très, très, très enthousiaste !

        Après, fais comme tu le sens. Mais j’ai fait cette erreur : j’avais une dizaine d’articles d’avance, j’ai quasiment tout mitraillé en un mois, un mois et demi. Depuis, je suis à flux tendu pour me garder un vague rythme (avec des pauses, boulot oblige). En garder sous le coude, ça aurait pu m’aider à gérer la régularité et le stress !

        Sinon, j’avoue que les seuls livres de M. Reynolds que j’ai lu sont Janus (que j’ai bien aimé) et l’Espace de la Révélation (qui m’a laissé…mitigé, va-t-on dire). Je ne comprends pas trop l’engouement pour cet auteur !

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        1. Disons que je profite de la fin des vacances pour remplir un peu ces pages. Cela va très rapidement se calmer dès la semaine prochaine. Les choses se feront ensuite au fil des lectures.

          En ce qui concerne Reynolds, il a de bonnes idées, il faut lui reconnaître ça. Mais son problème est qu’il écrit assez mal.

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          1. Je comprends, l’impression de vide est agaçante !
            Je vais te lire avec intérêt, je sens. Déjà, sans même avoir lu ton premier article, j’ai su que j’avais affaire à quelqu’un de bon goût : la référence à Blade Runner m’a parlé immédiatement.

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          2. Je ne pouvais pas faire autrement.

            « I’ve seen things you people wouldn’t believe. Attack ships on fire off the shoulder of Orion. I watched C-beams glitter in the dark near the Tannhäuser Gate. All those moments will be lost in time, like tears in rain. Time to die. »

            Pour moi ce monologue de Roy Batty concentre en quelques mots toute la grandeur de la SF. Il y a là l’humain, l’aspiration à un ailleurs, le courage, l’émerveillement, le sense of wonder comme on dit, la poésie, mais aussi la peur, et un sens profond du moment et de l’éternité. Et en plus c’est dit par un réplicant ! On peut difficilement faire mieux. Certains se sont épuisés à écrire des livres, voire des saga entières, et n’y sont jamais parvenus. C’est un peu la classe quand même.

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          3. C’est un moment de grâce, un de ceux qu’on ne peut oublier. J’en connais fort peu, des phrases aussi fortes. Peut-être Charlie Chaplin, dans The Dictator. Edmond Rostand, dans la tirade finale de Cyrano de Bergerac.

            Au plaisir de te lire !

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