Grand Central Arena – Ryk E Spoor

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Dès que l’on entre dans l’Arène, le sentiment qui s’impose et perdure tout au long du roman Grand Central Arena, est que Ryk E. Spoor connait ses classiques et a décidé d’illustrer la formule d’Arthur C. Clarke lorsqu’il déclarait que toute nouvelle technologie suffisamment avancée est indiscernable de la magie, tout en répondant de la façon la plus baroque qu’il soit au paradoxe de Fermi.

Il s’agit d’un roman de science fiction pur jus, voire old school, qui s’inscrit dans la catégorie des space opera de la grande tradition américaine à grand renfort de vaisseaux spatiaux qui atteignent (ou du moins le tentent) des vitesses supraluminiques, de constructions interstellaires aux dimensions cyclopéennes (je n’ai jamais bien compris cette expression mais comme Lovecraft l’utilise tout le temps, je me suis dit que cela ferait bien là), d’extraterrestres aux formes et coutumes pour le moins… extraterrestres, et de technologies futuristes, et du vocabulaire qui va avec. En bref, c’est de la science fiction qui s’émerveille de ses propres trouvailles, rend hommage aux anciens, et voit les choses en grand. Personnellement j’aime quand la science-fiction ne se cherche pas d’excuses, ne sert pas la parabole ou l’allégorie, mais répond à des problématiques de science-fiction, fière d’être ce qu’elle est. Et là, de ce point de vue, on est dedans.

Mais  aussi fabuleusement vaste que soit l’Arène, ce que Ryk E. Spoor nous propose dans ce roman, n’est ni plus ni moins qu’un huis clos spatial. Difficile d’en dire plus sans risquer de dévoiler trop d’éléments qui vous gâcheraient le plaisir de la découverte, comme le dirait Orphelin, l’un des personnages les plus intrigants du roman. Comme dans tout huis clos, le plus important reste les personnages. Ceux-ci, qu’ils soient humains ou autre, sont particulièrement intéressants. Spoor s’applique à creuser la psychologie des intrigants de l’histoire avec quelques belles perles en cours de route. Je n’ai pas souvenir d’un auteur ayant tenté de tant détailler les réactions d’un concombre de mer (de l’espace)  face à la loi des probabilités.

Les probabilités, puisqu’on en parle. Il s’agit d’un élément clef de l’histoire, que j’ai trouvé particulièrement bien vu, pour ce qui définit l’humain dans ses qualités et ses failles. C’est une très belle trouvaille au milieu de cette histoire. Si, par le principe d’évolution parallèle, deux entités de mondes différents peuvent en arriver à développer indépendamment des caractéristiques similaires, la psychologie peut diverger sur des points de détail pour avoir de grandes conséquences sur le plan comportemental. Je n’en dis pas plus. N’insistez pas.

Et là justement, on pourrait regretter le côté super héros bio-techno-modifiés de certains personnages, car on se dit qu’en creusant un peu les différences Spoor aurait pu s’engouffrer dans les failles des uns et des autres sans recourir à cet artifice. Mais au final cela nous fournit de belles pages d’action, parfois assez drôles. Et puis zut, c’est de la SF ou non ?

D’ailleurs, est-ce uniquement de la SF ? Une fois acceptée l’idée qu’on ne peut pas comprendre toutes les technologies « suffisamment avancées », le roman adopte un côté Fantasy (lorgnant parfois presque vers le roman de magie et d’épées). Et ce n’est pas déplaisant.

Ce qui m’a été plus déplaisant, par contre, c’est le style de Spoor dans ses descriptions. Spoor a une façon de décrire les lieux ou les objets qui apporte plus de confusion que d’éclairage. Une double dose d’épice d’Arrakis illégalement obtenue auprès d’un couple de Fremen renégats n’y suffira pas. Il m’a été ainsi très difficile de visualiser ce dont il voulait parler. Même les architectures indescriptibles aux géométries non euclidiennes et aux dimensions cyclopéennes de Lovecraft me sont plus accessibles que la description d’un simple couloir rectiligne chez Spoor. Alors comprendre la structure de l’arène…

Cela étant dit, c’est un roman qui sait faire avancer son histoire à un rythme soutenu pour le plus grand plaisir du lecteur qui le lit donc avec entrain. Et un peu de pif paf poum de temps en temps, ça fait du bien aussi.

Voir aussi la critique d’Apophis


Livre : Grand Central Arena
Série : Grand Central Arena (Book 1)
Auteur : Ryk E. Spoor
Publication : 2015 (VO 2010)
Langue : Français (Traduction de Gilles Goullet)
Nombre de pages : 571
Traduction : Grand Central Arena
Format : papier et ebook


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