La quête onirique de Vellit Boe – Kij Johnson

Couve La Quête 1e et 4e

J’avais été impressionné par l’écriture de Kij Johnson dans sa nouvelle Un Pont sur la Brume, déjà publiée chez le Bélial’. Kij Johnson y montrait un certain talent d’évocation dans une atmosphère tirant vers le fantastique. Dans cette novella de 170 pages, elle propose une réponse à l’un des grands textes Lovecraft, La quête Onirique de Kadath l’inconnue. Dans ce texte appartenant au cycle du rêve, Lovecraft explorait la capacité de l’homme à rêver des mondes peuplés de légendes, de créatures fabuleuses ou horrifiques, de dieux jaloux et imprévisibles, dans le récit du voyage de Randolph Carter à travers les contrées du rêve. Le détail croustillant dans cette derrière phrase est « la capacité de l’homme ». Car dans la liste interminable des défauts de Lovecraft, on peut placer très haut une misogynie pathologique qui lui faisait notamment nier à la femme toute capacité à explorer ces contrées du rêve. C’est là que se trouve la réponse de Kij Johnson. Son héroïne, Vellit Boe, va entreprendre un chemin inverse à celui de Randolph Carter, non sans égratigner ce dernier au passage. Elle qui enseigne les mathématiques à l’université de Ulthar dans le monde des rêves, va entreprendre un long et périlleux voyage qui l’amènera à braver un interdit, celui de rejoindre le monde de l’éveil. Pour tout amateur des écrits de Lovecraft et bien sûr de la quête de Kadath, le texte de Kij Johnson reprend les idiomes lovecraftiens et joue pleinement le jeu. Les références à l’oeuvre originale de Lovecraft y sont nombreuses, et une connaissance de ce texte est évidemment un plus indéniable pour aborder celui de Johnson. Il est à noter que le texte est relativement court, 170 pages, se lit très bien et est magnifiquement illustré de nombreuses gravures de Nicolas Fructus.

Au final, toutefois, je trouve que le texte de Kij Johnson a trop de retenue dans cette contrée des rêves et qu’il n’atteint jamais les fulgurances évocatrices de Lovecraft lorsqu’il nous raconte l’immensité glacée du plateau de Leng survolée par Randolph Carter à dos de Shantak. C’est cette image là qui m’avait le plus marqué lors de la lecture du texte de Lovecraft. Je n’ai pas ressenti ce frisson avec Vellit Boe. Mais le principal n’est pas là, il est dans le recul qu’on va prendre après sa lecture sur les thématiques modernes que Kij Johnson aborde à travers un texte classique. le chapitre final, libéré de l’aspect fantastique du récit, est notamment assez savoureux dans sa mise en perspective.


Voir les critiques de Célindanaé, d’Apophis, de Vert, chez Just A Word


Livre : La quête onirique de Vellit Boe
Auteur : Kij Johnson
Publication : 2018 (VO 2016)
Langue : Français (traduction de Florence Dolisi)
Nombre de pages : 200
Format : papier et ebook
Prix : World Fantasy (2017)

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