The Ocean Between the Leaves – Ray Nayler

Ne vous avais-je pas dit que vous entendriez reparler de Ray Nayler sur l’épaule d’Orion avant longtemps ? Le fait est que l’année 2021 s’annonce prolixe en ce qui le concerne. L’auteur américain, inconnu jusqu’à récemment – il a été pendant une vingtaine d’années diplomate en Russie, a parcouru différents pays, et parle un nombre de langues indécent – n’a commencé à publier discrètement qu’à partir de 2015. Mais depuis 2 ans, des revues de haut calibre publient ses nouvelles par paquets. Rien qu’en ce mois d’avril 2021, le magazine Clarkesworld a publié la nouvelle Sarcophagus, Asimov’s science fiction a mis en ligne Father, et le magazine Lightspeed a sorti The Ocean Between the Leaves, que vous pouvez lire gratuitement en suivant le lien. Trois publications dans trois revues majeures le même mois… on a vu pire, mais on a vu rarement mieux. Et le moins qu’on puisse dire est que c’est amplement mérité car ces trois nouvelles sont de haute tenue. Je vous ai parlé des deux premières, aujourd’hui je vous touche un mot de la troisième.

The Ocean Between the leaves se déroule dans un avenir proche, sur les rives du Bosphore, juste au nord d’Istamboul. Une jeune femme du nom de Feride travaille à l’entretien du jardin privé d’une grande villa, propriété d’une riche famille des Emirats. Un jour, elle se pique le doigt à l’épine d’une rose et s’endort. Cela n’a malheureusement pour elle rien d’un conte de fées car, trois mois plus tard, elle se trouve toujours en soin intensif, le corps ravagé par un staphylocoque. Fahri, un frère dont elle a été séparée à la naissance, se trouve à son chevet. Face à cette sœur qu’il ne connait pas mais qui est la seule famille qui lui reste en ce monde, Fahri se dit qu’il lui faut tout faire pour payer ses frais médicaux jusqu’à ce qu’elle guérisse. Y compris accepter la dangereuse occupation de chasseur de « skips », ces personnes qui habitent un corps d’emprunt, un « blank » (aussi croisés dans un futur beaucoup plus éloigné dans la nouvelle Sarcophagus), et ne le rendent pas en temps et en heure.

Nous sommes là dans un genre qu’on peut qualifier de hard-SF post-eganienne, à la Rich Larson, un poil moins sombre. Ce courant littéraire naissant incorpore les trouvailles de la hard-SF des années 90 et 2000, met de côté les explications scientifiques, et replace l’humain au centre de ses préoccupations.

En moins de 8000 mots, Ray Nayler développe un scénario convolué qui fait se croiser trois histoires distinctes mais liées, et fonctionne comme un puzzle que le lecteur est amené à reconstituer. Pour cela, il lui faudra comprendre, sans que cela ne pose pas trop de difficulté, que la présentation des événements n’est pas linéaire. L’histoire dans son ensemble devient comme un océan qu’on ne perçoit d’abord qu’à travers le feuillage. Il en faut du talent pour réussir en si peu de mots à raconter autant, à lier les récits, à surprendre le lecteur et à refermer les arcs narratifs dans un final qui s’offre le luxe de proposer un nouveau twist. The Ocean Between the leaves est un festival de surprises, chaque virage ajoutant des couches à l’univers qui se découvre comme on épluche un oignon feuille à feuille. On ne sait jamais dans quelle direction l’auteur va nous embarquer.  C’est habilement construit et fort bien écrit.

Si vous lisez l’anglais, n’hésitez pas, faites-vous plaisir.


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