
La Culture est une civilisation utopique imaginée par Iain M. Banks et qui constitue la toile de fond du cycle de la Culture. Diaspora d’humains, d’intelligences artificielles et de quelques autres espèces disséminées très largement dans la galaxie et au-delà, La Culture assure le bien-être et la longévité de tous. Au sein de la Culture, tout va bien et c’est très certainement sous son égide qu’il fait bon vivre que l’on possède deux jambes ou quatre ou aucune, un corps organique ou minéral. Ce n’est donc pas au sein de la Culture qu’il va se passer des choses intéressantes, mais à sa marge, c’est à dire là où Contact, le service diplomatique et militaire de la Culture agit. Car comme toute société sûre (à juste titre) de sa supériorité technologique et morale, la Culture a tendance à intervenir dans les affaires de ses voisins, moins avancés, moins égalitaristes, moins gentils, en un mot moins… Culture. Iain M. Banks pose dans le cycle, et sous diverses formes, le dilemme de la Culture face aux civilisations qui ne partagent pas tout à fait les mêmes idéaux et des justifications de l’interventionnisme.
Le roman. Plus encore que dans L’homme des Jeux, Iain M. Banks entre dans le vif du sujet avec L’usage des Armes.
– Zakalwe, t’est-il déjà venu à l’esprit que sur toutes ces questions la Culture n’était peut-être pas aussi désintéressée que tu l’imagines, et qu’elle le prétend ?
Cheradenine Zakalwe n’est pas un citoyen de la Culture. Il est un membre extérieur recruté par Circonstances Spéciales, le département des basses œuvres de Contact, là où les règles morales de la Culture adoptent les contours que les circonstances imposent. L’usage des Armes raconte cet homme-là, porteur d’autant de cicatrices au corps qu’à l’âme, baladé bon gré mal gré d’une guerre à l’autre. Le roman adopte une structure particulière, comme un puzzle, sous la forme d’une alternance de chapitres qui au départ semble décousue puis se révèle être l’enchevêtrement d’un récit chronologique et de flash-backs antéchronologiques. Le procédé n’est en rien artificiel, car il nous amène à découvrir qui est Zakalwe, mettant en parallèle les actes et les souvenirs, et la révélation finale se répercute comme une onde de choc sur un mur et modifie à rebours tout le cheminement du livre. Cette révélation finale, je la sentais venir, je ne l’aimais pas, je la redoutais et elle est arrivée, finissant de plonger ce roman sombre dans les tréfonds de la noirceur.
l’Usage des Armes a été pour moi une grosse claque. En fait peu importe que ce soit de la Science Fiction, cela aurait très bien pu ne pas en être. Plutôt que se dérouler dans tel bras de la galaxie, ou tel amas d’étoiles, il aurait pu se dérouler sur n’importe quel théâtre de conflits récents où une grande puissance sûre de sa supériorité éthique serait intervenue pour libérer les peuples opprimés (les exemples ne manquent pas). C’est un roman intelligent, particulièrement sombre, qui amène à relativiser de nombreux a priori moraux. Là où Iain M. Banks est fin, je trouve, c’est qu’il reste ambigu.
D’autres avis de lecteurs : Lecture 42, Lutin, Apophis.
Livre : Use of Weapons (L’usage des armes)
Auteur : Iain Banks
Série : La Culture
Publication en VO : 1990
Langue : Anglais
Traduction : 1996 par Hélène Collon chez Le Livre de Poche
Nombre de pages : 539
Format : papier et numérique
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