Gagner la guerre – Jean-Philippe Jaworski

Gagner-la-guerre

De nombreux commentaires ont déjà été écrits sur ce premier roman de Jean-Philippe Jaworski, et je ne peux que me joindre au concert de louanges. Notamment, j’ai lu de Gagner la Guerre qu’il s’agissait d’un « moment d’immersion totale ». C’est là pour moi le grand succès de l’écriture de Jaworski : la richesse du langage et du style, mais aussi la structure scénaristique du roman où les éléments s’assemblent progressivement pour livrer au lecteur le fin mot d’une histoire complexe, tout participe pleinement à offrir au lecteur une aventure totale.

A force d’insister sur la qualité du langage dans ce livre, les commentaires pourraient vous amener à croire qu’il s’agit d’un roman pédant, voire ampoulé. A vrai dire, c’est tout le contraire. Vous y trouverez certes quelques tournures recherchées, mais vous y croiserez surtout du jargon de voleurs, de pirate, de soudard, de malfrat, d’homme du rang, ou de noble véreux vénitien avec des accents 17e siècle. C’est élégant et vulgaire, courtois et rude à déchausser les dents. L’écriture et l’histoire sont fabuleuses. C’est pour moi une très grande réussite, et un roman que j’ai eu énormément de plaisir à lire. Mon seul regret est que cela se termine. Mais quel final !

Notre destin, c’était de gagner la guerre, quitte à détruire ce que nous croyions défendre.

On lit bien sûr aussi des commentaires négatifs sur ce roman, certains lecteurs ayant été choqués. Soyez donc prévenus : (anti-)héro du livre, Benvenuto Gesufal est un maître assassin au service d’un homme politique malsain au sein d’une république corrompue. Les sentiments et les actes de ces hommes sans aucune moralité sont sombres, violents et sans compassion pour son prochain. Il ne s’agit pas d’une histoire d’amour, il ne s’agit pas de fantasy avec fées et gentils dragons, ces pages parlent de meurtres, de sang, de viol, de torture, de complots politiques et de trahison. Si tout cela vous choque, passez votre chemin. Ce roman est un régal absolu de cynisme, d’humour, d’actions meurtrières, de complots et de mensonges, de vile politique.

C’est un des charmes de Ciudalia : tous ces grands qui se détestent sont voisins de palier, et ils n’ont qu’à faire deux pas dans la rue pour saluer le sénateur qui a voté le bannissement de leur père ou le patricien dont ils ont empoisonné le fils aîné.

On lit parfois aussi un manque d’action au milieu du roman. Certes, il y a bien des temps d’exil et d’attente. Mais si vous avez trouvé le temps de vous reposer des 100 premières pages, prenez une très grande respiration avant d’attaquer les 100 dernières qui vont vous coller des pains dans les mâchoires et vous enfoncez du fer dans les côtes. Benvenuto n’est pas le maître drapier du Podestat, la dentelle, il ne connait pas.

Le dernier chapitre tient en un seul mot : « L’enfoiré. » Du grand art !


D’autres avis : Apophis, Aelinel, Vert,


Livre : Gagner la guerre
Série : Cycle du Vieux Royaume
Auteur : Jean-Philippe Jaworski
Publication : 2009
Langue : Français
Nombre de pages : 992
Format: papier et ebook
Prix : Imaginales 2009


8 réflexions sur “Gagner la guerre – Jean-Philippe Jaworski

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