Le sentiment du fer – Jean-Philippe Jaworski

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Comment ne pas aimer un livre qui s’ouvre sur « Il y a un paquet de bonshommes qui ne peuvent pas encaisser les elfes » ? Dès cette première ligne, Jean-Philippe Jaworski annonce au lecteur qu’il est en passe de renverser une à une toutes les idoles de l’heroic fantasy, tout en épousant les codes du genre.

L’auteur : Jean-Philippe Jaworski a débuté par l’écriture de scénarios de jeux de rôle. Cela marque profondément les univers qu’il développe dans ses romans, orientés medieval fantasy, ainsi que son écriture. Notamment, ses description des scènes de combat sont extrêmement précises et dynamiques, un modèle du genre, et à chaque passe, on entend presque les dés rouler sur la table. La principal qualité de Jaworski est son style, marqué par un vocabulaire très recherché, un langage travaillé, et de manière générale une écriture d’un niveau très inhabituel dans ce genre littéraire. Au delà de cette écriture, Jaworski s’est clairement donné pour but de renouveler la fantasy. Il redéfinit les canons du genre tels que les elfes ou les nains, leur interaction avec le monde des humains. Il redéfinit aussi la magie, qui chez lui ressemble plutôt à une sorcellerie très sombre et dangereuse autant pour ses victimes que pour ses pratiquants. Ses histoires sont complexes, intriquées et politiques. Enfin, l’univers de Jaworski est cynique, cruel, violent et très crédible.

Les cycles : L’auteur a développer principalement deux cycles, dans des univers distincts. L’univers du Vieux royaume dans lequel s’inscrivent son premier recueil de nouvelles Juana Vera, son premier roman, Gagner la Guerre, quelques nouvelles éparses et enfin ce recueil, le Sentiment du Fer. L’autre est le cycle du Rois des Mondes qui se déroule dans un univers celtique.

Le recueil : ce livre est composé de 5 nouvelles, qui développe un peu plus l’univers du Vieux Royaume, à différentes époques.

Le Sentiment du Fer est comme la nouvelle Mauvaise Donne de Juana Vera et le roman Gagner la Guerre, une histoire d’assassin de la guilde des chuchoteurs dans la cité de Ciudalia. Elle nous rappelle une fois encore que les politiciens qui tiennent la cité portuaire sont de dangereux et cyniques comploteurs.

L‘elfe et les égorgeurs, on y retrouve Annoeth, elfe croisé dans Gagner la Guerre. Les elfes sont décidément de belles raclures, certes sophistiqués, mais néanmoins sacrément roublards.

Profanation est l’histoire d’un détrousseur de cadavres. Les prêtres du Dessécheur sont de sombres individus qui ne reculent devant aucune infamie pour garder leurs secrets.

Désolation est une sorte de Germinal au pays de Tolkien, ou quand le petit peuple relève la tête, en général il la perd. Cette nouvelle est pour moi la plus aboutie du livre, une véritable surprise et une fin qui m’a laissé sur les genoux. Les nains sont des raclures.

La troisième hypostase, l’histoire d’une magicienne. Nous sommes dans le vieux royaume et la magie est aussi sombre que ceux qui la pratiquent.

J’avais découvert Jaworski par Gagner la Guerre qui est un chef d’œuvre total, tant par l’écriture que par l’histoire. Alors que le recueil Juana Vera rencontre un très grand succès critique chez les lecteurs, il m’a nettement moins séduit. le rythme est plus lent, plus descriptif. Seule la nouvelle Mauvaise Donne, dans laquelle on fait la connaissance de Benvenuto Gesuval, le personnage principal de Gagner la Guerre, m’a véritablement séduit. Ici, dans le Sentiment du Fer, tout est bon. Jaworski continue à développer son univers avec une grande finesse et une grande cohérence. S’il continue dans cette voie, il a à mon avis véritablement la capacité de construire une œuvre majeure en fantasy. Il y a longtemps que je n’avais pas découvert un univers aussi motivant dans ce genre littéraire.

Le seul reproche qu’on pourrait peut-être faire à Jean-Philippe Jaworski à la longue est que dans son univers du Vieux Royaume, le bien, vous savez cette notion abstraite et pourtant simple qui parfois réchauffe les cœurs, n’existe pas. Jamais.


D’autres avis : celui d’Aelinel qui n’a pas aimé, L’Ours inculte qui a été déçu, Xapur qui le recommande mais râle contre l’édition, tout comme Gromovar et Baroona qui l’ont trouvé moyen. Que voulez-vous que je vous dise, les blogueurs ont mauvais goût !


Livre : Le sentiment du Fer
Série : Cycle du Vieux Royaume
Auteur : Jean-Philippe Jaworski
Publication : 2015
Langue : Français
Nombre de pages : 208
Format: papier et ebook


7 réflexions sur “Le sentiment du fer – Jean-Philippe Jaworski

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