Glace – Rich Larson

Je pense qu’il n’est pas nécessaire de refaire les présentations, Rich Larson a été maintes fois chroniqué sur ce blog – 11 fois très exactement, et désormais 12 (clique sur l’index, lecteur, clique).  Chéri des éditions du Bélial’ depuis quelques années, avec 5 nouvelles publiées dans Bifrost,  le recueil La Fabrique des lendemains et le roman Ymir, l’auteur « post-eganien » (il me faudra revenir à l’occasion sur la signification de ce terme qui me semble être universellement mal compris) fait son retour sous nos latitudes dans le numéro 108 de la revue avec la nouvelle Glace (Ice, 2015) traduite comme à l’accoutumée par Pierre-Paul Durastanti. Cette nouvelle a une particularité : elle a été adaptée dans la saison 2 épisode 2 de la série d’animation Love, Death and Robots sur Netflix. Le studio Passion Animation Studios et le directeur Robert Valley ont fait un extraordinaire travail de réalisation avec un parti pris esthétique fort qui leur a valu de décrocher trois Emmy awards. Les mêmes ont réalisé la somptueuse adaptation de Zima Blue d’après la nouvelle d’Alastair Reynolds.

Glace raconte un court moment, juste un instant, dans la vie de deux frères, tous deux nés sur terre mais arrivés avec leur famille depuis leur enfance sur la planète glaciaire Néo-Groenland. Pour les autres habitants de la planète, ils sont des « extros ». Sedgewick est l’aîné. Contrairement à son frère cadet Fletcher, et tous les autres humains exilés, il n’a subi aucune modification génétique. Il n’est pas un « modé », et il est le seul à 16 années-lumière à la ronde. À l’occasion d’un jeu entre ados, une sorte de « t’es pas cap » qui consiste à se mettre en danger et courir sur la glace pour échapper aux baleines géantes qui la brisent en remontant respirer, la supériorité physique de son petit frère ainsi que ce qu’il interprète comme une certaine condescendance va faire remonter en lui de profonds ressentiments.

Rich Larson a déclaré que son roman Ymir était le fils spirituel de la nouvelle Glace. On y retrouve un décor semblable (la planète glaciaire) et l’expression d’une rivalité entre deux frères sur une planète à laquelle ils n’appartiennent pas vraiment. Sedgewick et Fletcher pourraient tout aussi être les versions adolescentes de Yorick et Thello d’Ymir et Glace un moment de leur enfance. Il est à noter que ce thème de la dynamique des relations entre frères, avec les rancœurs qu’elle peut générer, est récurrent chez Larson. Au-delà de la thématique qui touchera intimement toute personne équipée d’une fratrie, la nouvelle est particulièrement notable pour l’évocation puissante, en quelques mots, de l’univers étranger dans lequel elle se déroule. C’est une leçon de savoir-faire, et sans doute ce qui a attiré l’œil de Robert Valley pour son adaptation à l’écran. Il suffit de contempler les majestueuses baleines baignées de lumière sur l’image tirée de l’animation et utilisée en entête de cette chronique pour s’en convaincre. Quoi qu’il en soit, c’est encore là une superbe  nouvelle que nous livre Rich Larson.


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