Last Nice Day – Rich Larson

Chaque début de mois annonce une livraison de nouvelles fraiches dans les revues spécialisées américaines. Dans la nuit, Clarkesworld a délivré. Et, oh surprise, le numéro de juillet nous gâte d’une nouvelle inédite de Rich Larson. La dernière fois que je vous ai parlé de Rich Larson, c’était le 28 avril dernier avec la sortie du numéro 102 de Bifrost qui proposait Demande d’extraction, un texte brutal de l’auteur. Deux mois sans parler de Rich Larson, quelque chose tournait décidément mal sur ce blog.

Heureusement, rien n’arrête l’homme aux deux cent nouvelles publiées et il nous balance dans les dents Last Nice Day (suivez le lien pour lire la nouvelle en anglais). Pour vous parler de cette nouvelle, il faut d’abord que je vous parle d’un autre auteur, lui aussi canadien, lui aussi brillant, Peter Watts. Si vous avez déjà parcouru les pages de ce blog, vous savez qu’il est parmi mes auteurs de hard-SF favoris. Peter Watts a introduit le concept de p-zombie, de zombie philosophique dans son cycle Blindopraxia, composé des romans Vision aveugle (2009) et Echopraxia (2015), ainsi que des nouvelles Le Colonel (2016) et ZéroS (2019). Les p-zombies de Peter Watts, plus particulièrement développés dans ZéroS, sont des soldats augmentés, dépourvus de conscience. Armes parfaites pour mener des opérations que la morale condamne. Rich Larson emprunte le concept.

“They were zombies, in the philosophical sense. No consciousness.”

À une époque où la protection de la vie privée n’est qu’une illusion et où les agents de terrain ne sauraient plus être recrutés et entrainés en échappant à la surveillance globale des réseaux informatiques, la psychochirurgie permet de transformer n’importe quel individu, pour peu qu’il possède les capacités physiques adéquates, en arme de pointe. Le seul hic est que son utilisation est limitée dans le temps, et qu’il faut bien le relâcher dans la nature une fois sa mission accomplie. Rich Larson s’interroge : que devient alors cette sous-conscience, cet autre moi, implantée dans le crane de l’individu ? Reste-t-elle enfouie comme on l’espère ou sommeille-t-elle simplement dans l’attente d’un déclencheur qui la rappellerait à la surface ? Dans Last Nice Day, L’auteur use d’effets de narration, flirtant habilement avec la metafiction, pour explorer une version futuriste du stress post-traumatique condamnant l’individu à devenir le narrateur de sa propre existence. C’est encore une fois brillant.

Pour ma part, je suis condamné à me répéter, inlassablement, invariablement : Rich Larson est un grand auteur. Lisez Rich Larson, et notamment son recueil La Fabrique des lendemains publié chez Le Bélial’.


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