Brother Rifle – Daryl Gregory

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Après Idols de Ken Liu et Test 4 Echo de Peter Watts, voici Brother Rifle de Daryl Gregory, une troisième nouvelle issue de l’anthologie Made to Order : Robots and Revolution éditée par Jonathan Strahan. Il s’agit là encore d’une nouvelle assez sombre.

Le caporal Rashad Williams est en rééducation. Deux ans auparavant, une balle lui a traversé le lobe occipital droit et le cortex orbitofrontal. Associé au système limbique qui joue un rôle important dans diverses émotions et dans le comportement, le cortex orbitofrontal est la partie du cerveau associée à la prise de décision. Rashad n’associe plus émotions et situation présente. Chaque choix logique lui semble vide de sens, il est incapable de prendre une décision.

La prise de décision était le cœur de son métier. Engagé dans les Marines comme pilote de drone terrestre, Rashad œuvrait sur le terrain en tandem avec une IA de combat. Pour des raisons évidentes d’éthique guerrière, c’est à lui que revenait de prendre la décision de faire feu ou pas, sur une cible identifiée par l’IA comme ennemi potentiel. Chaque mort lui revenait. Déployée au Cachemire au sein de la force tampon entre armées indiennes et pakistanaises, son escouade est tombée sous les balles d’un sniper.

Aujourd’hui Rashad a une puce implantée dans le cerveau dont le rôle, une fois activée, va être de supplanter les liaisons rompues entre ses émotions et ses décisions. La calibration de l’implant est la responsabilité d’Alejandra, étudiante et assistante du docteur Subramaniam qui l’a opéré. Tout cela parait simple a priori, mais le schéma va se compliquer au fur et à mesure que l’on apprend ce qui s’est réellement passé au Cachemire et que l’on comprend les choix devant lesquels se trouve Rashad quant à l’utilisation de cette puce. D’autant que ces choix entrent en conflit avec ceux de sa famille et de l’équipe médicale.

Avec Brother Rifle, Daryl Gregory croisent plusieurs thématiques qui questionnent l’éthique : l’utilisation de l’intelligence artificielle dans les conflits armés, les effets du stress post-traumatique chez les soldats, et l’utilisation des implants cérébraux pour contrôler les émotions et leurs conséquences sur le libre arbitre. Il s’agit d’une nouvelle forte, pertinente et glaçante à tous les étages. Un très beau texte.

Brother Rifle, donc. C’est Daryl Gregory, c’est bon.


Un autre avis, là, chez : Gromovar,



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