Voyage avec l’extraterrestre – Carolyn Ives Gilman

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C’est une recension pour le moins opportuniste que je vous propose aujourd’hui (sue me!), celle de la nouvelle qui vient d’être récompensée par le Grand Prix de l’imaginaire, Voyage avec l’extraterrestre de Carolyn Ives Gilman publiée dans le numéro 91 de la revue Bifrost sous une traduction de Pierre-Paul Durastanti. Le texte original, Touting with the Alien, avait été publié dans le numéro 115 de Clarkesworld magazine en Avril 2016 et nommé pour le prix Hugo, le Locus et le Sturgeon. Qu’on se le dise, c’est du caviar !

Carolyn Ives Gilman est historienne américaine, travaillant au National Museum of the Americain Indian à Washington D.C., et autrice de science fiction totalement inconnue chez nous depuis 1996. Elle a écrit deux séries de romans Twenty Planets (4 romans entre 1998 et 2015) et Isles of the Forsaken (deux romans entre 2011 et 2012), ainsi que quelques nouvelles. Cette production relativement limitée lui a tout de même permis d’être nommée trois fois pour le Nebula, deux fois pour le Hugo et deux fois pour le Sturgeon.

C’est d’un gros poisson que s’empare Carolyn Ives Gilman dans Voyage avec l’extraterrestre : des extraterrestres débarquent sur Terre. Peut-on imaginer thématique plus usée que celle-là en science fiction ? La réponse est non, on ne peut pas. Gilman va donc rivaliser avec des générations d’auteurs avant elle pour sortir de cette ornière mille fois creusée, tant qu’elle en ressemble à un estuaire où l’on peut faire élevage d’acipenseridae.

Les extraterrestres sont là, à bord de grands vaisseaux ressemblant à des dômes. Ils ne veulent rien, ne demandent rien, ne font rien. Il faudra six mois avant qu’une paires d’écoutilles s’ouvrent et que quelques traducteurs, des humains enlevés enfants, n’émergent de là pour affirmer à l’humanité, qui déjà s’ennuie, qu’effectivement les extraterrestres ne veulent rien, ne demandent rien, ne font rien.

Au virage de la quarantaine, et sans autre attache que son frère, Avery est toujours sur les routes qu’elle parcourt au volant de poids lourds. C’est son métier. Son employeur lui propose un contrat qu’elle accepte, au départ avec réticence : conduire à travers les Etats-Unis un extraterrestre qui veut voir du pays et son traducteur dans un bus de tournée discrètement réhabilité. Le récit prend la forme d’un road movie, huis-clos à ciel ouvert, dans lequel les protagonistes font connaissance. Le traducteur, Lionel, ne sait rien de la vie humaine. L’extraterrestre, dont personne ne connait l’apparence, reste invisible en fond de cale. C’est à travers Lionel, avec lequel il a une connexion dont on va découvrir la nature au cours du récit, qu’il va faire l’expérience de notre monde. On découvrira les faits de la vie passée d’Avery qui l’amèneront à choisir la fin du récit. Nous sera aussi révélée la nature de l’extraterrestre et de l’invasion qui… je n’ai rien dit !

Le texte de Carolyn Ives Gilman est l’occasion d’une réflexion sur l’altérité et la conscience qui n’est pas sans rappeler, de loin,  le roman Vision aveugle de Peter Watts. Le texte est très réussi et son final délicieusement flippant. Mais la nouvelle est courte et si elle se montre d’excellente facture, elle n’a que peu le temps de développer son propos. On pourrait facilement imaginer en faire un roman.

A l’occasion du Grand Prix de l’imaginaire, Le Bélial’ propose la lecture gratuite du titre, en ligne ou en téléchargement. C’est ici.


D’autres avis ? C’est par là : 233C, GromovarXapurCélindanaéLe chien critiqueLorhkanRSFblog, Les lectures du Maki.


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