
La nouvelle Reborn de Ken Liu a été écrite et publiée en 2014 chez Tor.com. Elle est disponible en lecture gratuite sur le site de l’éditeur. Celui-ci juge utile de prévenir que certains lecteurs pourraient trouver certains passages de la nouvelle dérangeants, voire choquants. C’est un peu exagéré, à mon avis, d’autant que ces passages sont nécessaires au propos de la nouvelle.
Le monde est en paix. Lors de la conquête de la Terre, les Tawnin eurent une attitude extrêmement agressive, mais ils ont oublié leurs crimes de guerre. Aujourd’hui, 20 ans après la reddition de l’humanité, les Tawnin sont les dirigeants « les plus pacifistes qui puissent exister ». Les Tawnin ne s’intéressent pas à l’histoire. Cela en raison de leur biologie. Ils sont comme immortels, et peut-être le sont ils vraiment. Leurs cellules se renouvellent continuellement, comme celles des humains, mais plus rapidement. Leurs cellules nerveuses se renouvellent aussi et sont remplacées petit à petit. Ainsi, petit à petit, ils oublient. Ils n’éprouvent pas la culpabilité et ne se sentent pas responsables de leurs actes passés. Les Tawnin illustrent dans la nouvelle de Ken Liu le paradoxe philosophique du bateau de Thésée qui est sans cesse rénové au point de ne plus contenir une seule pièce d’origine. Est-ce encore le même bateau ?
L’agent spécial Joshua Rennon, du bureau de protection des Tawnin, est re-né deux fois. La renaissance est une solution proposée aux humains par les Tawnin. Considérant qu’un criminel ne se définit pas uniquement par son crime mais qu’il est aussi un fils, un père, un frère, il serait cruel de condamner toutes ces personnes à la fois lorsqu’on peut simplement éliminer la part criminelle. La renaissance implique d’effacer une partie de la mémoire, à l’image de ce qui arrive naturellement au Tawnin. Cela se fait de manière invasive, et ceux qui sont re-nés, les Reborn, portent sur la colonne vertébrale les ports que les Tawnin leur ont posés. Joshua Rennon est plus qu’un Reborn, il est marié à Kai, un Tawnin. Ses ports à lui sont encore ouverts et servent à leurs relations intimes, les deux esprits, celui de l’humain et celui du Tawnin, se connectant dans cette étreinte.
Joshua va enquêter sur un attentat commis par un groupe terroriste, les Xenophobes, dans lequel six Tawnin et quatre Reborn. L’interrogatoire du suspect principal va l’amener à examiner ses propres souvenirs. Et si les humains n’étaient pas comme les Tawnin, qu’ils n’oubliaient pas.
Dans la novella L’homme qui mit fin à l’histoire, Ken Liu interrogeait la signification de l’histoire. Dans Reborn, il interroge la signification du souvenir. Partant de la question philosophique de l’identité définie par rapport au souvenir, le bateau de Thésée, il lui donne chair, l’anime et la dépèce pour lui fournir une réponse. C’est ce que j’appelle de la haute science fiction.
Vous pouvez lire la nouvelle en VO ici.
PS : on me glisse à l’oreillette que ce texte a été traduit et publié dans le recueil français des nouvelles de Ken Liu La Ménagerie de Papier.
Non, mais genre, t’as pas La ménagerie de papier, le recueil ? C’est juste le texte d’ouverture, hein. ^^
Pas comme si des éditeurs faisaient leur boulot.
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Ben non, j’ai que The Paper Menagerie. Du coup, je savais pas. Faut pas taper monsieur ! Aie !
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Change d’allégeance, on discutera peut-être. 😉
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Je ne savais pas qu’ils avaient rajouté un texte dans la ménagerie de papier ! Je l’ai aussi en anglais (ebook) celui ci du coup je suis aussi condamnée à la lire en Vo 😛
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Ah ! Je ne suis pas seul ! Merci Lianne !
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Le truc, c’est que le recueil français “La Ménagerie de papier”, sorti en 2015, a un sommaire qui n’est pas le même que celui de “The Paper Menagerie”, recueil américain sorti l’année d’après. Dix-neuf nouvelles pour l’un, quinze pour l’autre ; il n’y a en fin de compte que cinq textes en commun — et, surtout, le titre, d’où la confusion.
Du recueil US, trois autres sont dispos en français : deux dans la collection de novellas Une Heure-Lumière (“The Regular”/“Le Regard” et “The Man Who Ended History”/“L’homme qui mit fin à l’histoire”) tandis que “ A Brief History of the Trans-Pacific Tunnel” figure au sommaire du Bifrost 83. Ouf, j’espère que je n’oublie rien !
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Et le pire est que tout ceci je l’avais déjà écrit dans ma chronique de The Paper Menagerie, et plus ou moins oublié depuis. Merci des précisions Erwann !
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Je l’ai lu effectivement dans La menagerie de papier mais mon edition est plus récente. Peut-être a-t’elle été rajoutée après coup ? Du coup, ça me dit bien de découvrir Ken Liu en anglais par le biais du format courg.
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Donc là c’est le moment où j’ai un peu honte : j’ai lu « La Ménagerie de papier », en français, mais je n’ai pas le moindre souvenir de cette nouvelle. =|
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Allez hop ! C’est le moment de la relire !
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J’ai a ménagerie de papier, donc, je pense que je me la lirai avec plaisir dans le recueil! Merci dans tous les cas! 🙂
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