Austral – Paul McAuley

Austral est le dernier roman de Paul McAuley, botaniste et écrivain de science-fiction anglais notamment connu pour son cycle the Quiet War dont seul le premier tome a été traduit et publié en France par Bragelonne. Plus récemment, Le Bélial a publié la novella Le Choix (prix Sturgeon 2012) dans sa collection Une Heure Lumière. Austral est sorti aujourd’hui le 17 octobre 2017 chez l’éditeur anglais Gollancz. C’est un texte assez court, 288 pages qui se lit très rapidement, notamment en raison du style direct et très fluide de l’auteur. Pourtant, disons le tout de suite, ce roman n’est pas une grande réussite. Malgré la bonne idée de départ qui est de placer le roman en Antarctique, et un début qui m’avait semblé prometteur, il souffre d’un scénario classique et très linéaire entrecoupé d’arc narratifs indépendants dont on arrive à se demander vraiment ce qu’ils peuvent bien faire là, si ce n’est de casser le rythme du récit.

Le background

Une centaine d’années dans le futur, le réchauffement climatique a fait des ravages. Le niveau de la mer s’est élevé de trois mètres, délocalisant un milliard de personnes, réfugiées dans des cités qui craquent. Effondrement économique, famine, pauvreté, guerres civiles, vous connaissez déjà tout cela, c’est de la dystopie climatique sans grande surprise. La dernière née des nations est la Péninsule Antarctique, qui est devenu un refuge pour de nombreux déplacés, avant que le gouvernement conservateur en place ne ferme les frontières. L’écologie de la péninsule, réchauffement climatique aidant, a été depuis près de 50 ans développée à un rythme accéléré par un groupe d’activistes appelés les écopoètes. Ils ont génétiquement sélectionné des plantes et des animaux pouvant s’adapter au climat rigoureux de l’antarctique. Ils ont aussi poussé leur travaux plus loin, trop loin, et ont manipulé le génome de leurs enfants pour créer des « édités » ou huskys à partir de gènes issus de population résistante au froid (Néanderthal, indiens Fuegians du Chili, Inuit ou encore Kawésqar de Pataginie), créant ainsi une nouvelle race humaine, plus grande, plus forte, plus résistante.

L’histoire

Austral est une husky de première génération, conçue dans une éprouvette avant d’être injectée dans l’utérus de sa mère. Les écopoètes ont depuis été bannis et les huskys sont désormais considérés comme des sous-humains, ne bénéficient pas des même droits que les « ordinaires », et n’ont pas, par exemple, pas accès à de nombreux emplois. Encore enfant, Austral a dû fuir avec sa mère, mais à la mort de celle-ci, elle fut placée dans un orphelinat. À sa majorité, elle a rapidement sombré dans la délinquance et est passée par la case prison. Aujourd’hui, elle est employée, pour un salaire deux fois moindre que celui des ordinaires, comme officier carcéral dans un camp de prisonniers travaillant à la construction d’une voie de chemin de fer qui va parcourir la Péninsule Antarctique. Austral rêve de partir et de se réfugier en Nouvelle Zélande où, parait-il, les édités sont considérés comme des humains. Elle fricote avec le caïd de la prison qui met en place un plan pour s’évader de la prison. Au moment de réaliser le plan en question, elle change d’idée et se retrouve à kidnapper la fille d’un homme politique du parti conservateur qui n’est autre que son oncle. À partir de là, la suite de l’aventure est une course poursuite en terres glacées, semée d’embûches et de rebondissements dont aucun ne réserve de surprise, jusqu’à une fin qui n’apporte pas grand chose.

La forme

L’histoire principale, racontée par Austral qui souhaite donner sa version des faits, est entrecoupée de divers récits contant l’histoire de sa famille et de celle de la jeune fille qu’elle a kidnappée et qui est donc sa cousine. Ces récits semblent très détachés de la trame centrale et ne servent qu’à faire de l’info dumping sur le background de l’époque à laquelle se déroule le roman. Ils ne sont ni originaux (un passage complet est entièrement pompé sur un film que je ne nommerai pas), ni intéressants. Mais leur plus gros défaut est de casser le rythme du roman qui s’en serait très bien passé.

Au final, je me suis ennuyé à finir un roman qui pourtant commençait plutôt bien. Son seul intérêt est le décor, à savoir une Péninsule Antarctique écologiquement transformée. Il y a pourtant de très bonnes choses, notamment un style d’écriture efficace et agréable, de bonnes idées comme ces humains édités que sont les huskys, mais aussi un mélange de hautes technologies et de survie en milieu hostile. Mais tout ceci est utilisé dans une histoire qui manque singulièrement d’intérêt.


PS : le roman sort en français chez Bragelonne le 5 janvier 2022, sous une traduction de Sébastien Baert. Il devrait aussi être adapté en série.


Livre : Austral
Auteur : Paul McAuley
Publication : 9 Août 2018
Langue : anglais
Nombres de page : 288
Format : papier et ebook


9 réflexions sur “Austral – Paul McAuley

  1. J’ai lu plusieurs romans de McAuley, et j’en ai tiré à chaque fois la même impression que toi : c’est très prometteur sur le papier, ça commence effectivement très bien, avant de devenir peu à peu inintéressant au fur et à mesure qu’on avance dans le bouquin. Bref, il m’en reste un à lire, que j’ai acheté en promo Bragelonne, mais sinon j’ai laissé tomber l’auteur, pour ma part.

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