Edge of Infinity (Infinity project 2/7) – Collectif

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Edge of Infinity est le second tome de l’anthologie Infinity Project dirigée par Jonathan Strahan.

Lors de la conception du premier tome, Engineering Infinity, Strahan avait souhaité définir la Hard-SF du début du XXIe siècle en invitant quelques auteurs renommés, et ayant participé au renouveau du genre à partir des années 90, à plancher sur le thème d’une ingénierie du futur au sens large. Dans l’introduction d’Egde of Infinity, il prend un malin plaisir à rappeler que le monde de la SF n’en finit plus de se lamenter sur sa propre mort, éditoriale et créative, et que cela dure depuis toujours. Il va donc à travers l’Infinity Project s’employer à faire mentir les Cassandre, voire à les ridiculiser. Strahan note toutefois qu’une des raisons pour lesquelles la SF est vue par ses propres acteurs comme éternellement mourante est que la science n’en finit pas de la malmener en jetant aux orties ses imprudentes prédictions et en tuant le romantisme de la fiction. Ce qui est particulièrement vrai en ce qui concerne l’exploration spatiale qui alternativement fait rêver et déçoit. Pour Edge of Infinity, Jonathan Strahan a donc décidé de convoquer le romantisme de l’espace en imposant à ses auteurs le thème de la conquête du système solaire, mais sans en dépasser les limites. Une mise en garde tout de même, il s’agit ici de Hard-SF assez avancée, avec un fond transhumaniste prononcé. Ne vous attendez donc pas à des histoires d’astronautes explorant les lunes de Jupiter. On est ici bien au-delà.

Le résultat est une collection de 13 nouvelles en moyenne de haut vol. Comme dans le premier tome, elles sont surprenantes, et extrêmement plaisantes à lire. Et une fois encore, ce ne sont pas les noms les plus connus qui brillent le plus.

The Girl thing who went out for Sushi de Pat Cadigan (qui a reçu le prix Hugo). Une nouvelle assez surprenante et intelligente sur le thématique d’un post-humanisme très poussé, ou comment des humains choisissent de s’adapter à leur nouvel environnement interplanétaire en modifiant leur corps a coup de chirurgie extrême (très extrême). Excellente nouvelle.

The Deeps of the Sky de la toujours étonnante et sensible Elizabeth Bear. L’histoire d’un premier contact, vu de l’autre côté. La nouvelle est surprenante de part le point de vue choisi mais aussi parce que pendant une bonne partie du texte, on se croit plus dans une nouvelle de fantasy que de SF. Excellente nouvelle.

Drive de Daniel Abraham et Ty Franck (soit en fait James S.A. Corey). Un texte de facture plus classique mais séduisant par son déroulement. Il est question du développement et du premier test d’un nouveau type de propulsion, le moteur Epstein, par un ingénieur génial, Salomon Epstein, mais qui n’a peut-être pas tout prévu. Les amateurs auront reconnu l’univers de The Expanse. Très bonne nouvelle.

The Road to NPS de Sandra McDonald et Stephen D. Covey. La tentative d’un conducteur de cargo pour trouver une nouvelle voie sur la surface glacée d’Europe. Quelques surprise en route viennent bien sûr émailler le voyage. On est ici dans de la SF plus traditionnelle, que je qualifierai de datée. Nouvelle moyenne.

Swift as a Dream and Fleeting as a Sigh, de John Barnes. Une IA sert de conseiller matrimoniale pour un couple humain. Il y aura bien sûr un twist et la nouvelle prend la forme d’une réflexion sur la bienveillance des IA et des manipulations de l’humanité. Une nouvelle que j’ai trouvé très charmante. Le twist final étant assez sympa.

Macy Minnot’s Last Christmas on Dione, Ring Racing, Fiddler’s Green, the Potter’s Garden de Paul McAuley. L’histoire d’un femme voyageant sur une lune de Saturne pour y répandre les cendres de son père. Elle y découvrira plus sur ce dernier. La nouvelle présente peu d’intérêt à mon avis.

Safety Tests de Kristine Kathryn Rusch. de la SF façon space opera qui raconte tout simplement les tests de pilotage que doivent passer les pilotes commerciaux pour valider leur licence. Ce n’est pas super original, mais ne boudons pas notre plaisir, la nouvelle est très sympa à lire et le narrateur est un sacré caractère.

Bricks, Sticks, Straw de Gwyneth Jones. L’histoire d’une station extra-planétaire gérée par une IA qui devient consciente lorsqu’elle se trouve déconnectée de ses homologues par une tempête solaire. Ca aurait pu être très bien, mais la nouvelle n’est pas parfaitement menée. La chute est bonne toutefois.

Tyche and the Ants d’Hannu Rajaniemi. Cette nouvelle est une fable qui relève plus de la fantasy que de la SF. Je dois avouer ne pas avoir compris la finalité.

Obelisk de Stephen Baxter. La nouvelle traite des efforts d’un petit groupe de colonisateurs martiens pour faire les choses en grand, toujours plus grand, toujours plus haut, jusqu’à l’obsession. La nouvelle n’est pas la plus impressionnante de Baxter mais je ne peux m’empêcher d’y voir un parallèle avec la propre obsession de l’auteur pour le grandiose en SF, au risque d’en faire trop.

Vainglory d’Alastair Reynolds. Dans cette nouvelle, on trouve un parallèle à la nouvelle de Baxter qui la précède, avec un environnement et des conséquences différentes. Il s’agit de l’histoire d’une artiste tailleuse d’astéroïde qui va être confrontée aux conséquences inattendues de son travail. Cette nouvelle possède un peu du charme apporté par l’émerveillement face aux grandes choses que la SF peut parfois imaginer. Une très bonne nouvelle.

Water Rights d’An Owomoyela. Lorsque vous voulez développer une colonie orbitale à grande échelle, il faut penser à certaines contingences, comme les ressources en eau par exemple. Et lorsque la Terre refuse de fournir, la colonie croule sous les tensions politiques. J’ai trouvé cette nouvelle brillante.

The Peak of Eternal Light de Bruce Sterling. La nouvelle raconte la vie de colons sous la surface de Mercure, dans une société conservatrice qui observe une stricte ségrégation entre les sexes. J’y ai trouvé peu d’intérêt.


D’autres avis de lecteurs : Apophis.


Livre : Edge of Infinity
Collection : Infinity Project 2/7
Auteur : collectif (Pat Cadigan, Elizabeth Bear, Daniel Abraham et Ty Franck, Sandra McDonald et Stephen D. Covey, John Barnes, Paul McAuley, Kristine Kathryn Rusch, Gwyneth Jones, Hannu Rajaniemi, Stephen Baxter, Alastair Reynolds, An Owomoyela, Bruce Sterling.)
Editeur : Jonathan Strahan pour Solaris
Publication : 2014
Langue : Anglais
Traduction : Non
Nombre de pages : 400
Format : papier et ebook


6 réflexions sur “Edge of Infinity (Infinity project 2/7) – Collectif

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