La Grande muraille de Mars – Alastair Reynolds

En 2017, la maison d’édition britannique Gollancz publiait un best of des nouvelles d’Alastair Reynolds sous le titre Beyond the Aquila Rift. Le recueil rassemblait vingt textes écrits sur une quinzaine d’années. J’en avais déjà parlé à plusieurs reprises sur ce blog, l’ayant découvert en 2020. Emerveillé par la qualité des récits réunis, j’en étais même venu à rêver qu’un éditeur français s’en empare un jour pour le faire traduire et le proposer au lectorat francophone. C’est désormais chose faite grâce au travail des éditions du Bélial’, qui œuvrent depuis plusieurs années à redonner à l’auteur gallois la présence, méritée et nécessaire, qu’il doit avoir en librairie.

Ce volume imposant de 640 pages est paru le 9 octobre 2025 sous le titre La Grande Muraille de Mars. Là où Gollancz sous-titrait l’ouvrage « the best of Alastair Reynolds », le Bélial’ opte pour « les meilleurs récits ». Et ce n’est pas un slogan marketing. C’est vrai. La Grande Muraille de Mars réunit les nouvelles majeures d’Alastair Reynolds, et s’impose comme le meilleur recueil de science-fiction que vous pourrez lire cette année.

Le recueil édité par Le Bélial’ ne reprend pas intégralement le sommaire de Beyond the Aquila Rift : deux novellas en sont absentes, pour une bonne raison. Thousandth Night, traduit par Laurent Queyssi, est déjà paru dans la collection Une Heure-Lumière en 2022 sous le titre La Millième Nuit ; Diamond Dogs avait quant à lui été publié en 2006 chez Pocket, en duo avec Turquoise Days, dans une traduction de Sylvie Denis. Des rumeurs laissent entendre qu’une réédition en UHL serait envisagée… mais chut !

Parmi les dix-huit textes retenus, certains ne vous sont peut-être pas étrangers. Les nouvelles Beyond the Aquila Rift et Zima Blue – déjà chroniquées sur ce blog (suivez les liens) et devenues respectivement Par-delà le Rift de l’Aigle et Bleu Zima dans la traduction française – ont en effet été adaptées à l’écran dans la première saison de la série d’animation Love, Death, and Robots (2019) de David Fincher et Tim Miller pour Netflix. Deux récits que j’avais chroniqués séparément. Si l’adaptation de Zima Blue reste fidèle au texte d’origine, celle de Beyond the Aquila Rift prend d’avantage de libertés. Ne passez donc surtout pas à côté en pensant connaître déjà l’histoire : Par-delà le Rift de l’Aigle est à mon avis le meilleur des « meilleurs récits » du recueil. Un chef d’œuvre de space opera, de hard-SF, et d’angoisse spatiale basculant dans l’horreur psychologique avec un twist vertigineux.

Bleu Zima, plus intimiste, délaisse les grands espace pour interroger à la fois la démarche artistique et la quête d’humanité. C’est une nouvelle superbe et surprenante car elle s’aventure en dehors des territoires habituels de Reynolds. Trauma Pod a été publiée sous le titre Capsule d’urgence dans le numéro 117 de la revue Bifrost. La nouvelle, elle aussi à twist, elle aussi très sombre, brouille les pistes entre l’IA et l’humain, réunis sur un champs de bataille quand tout va mal. Enfin, j’avais évoqué en quelques lignes  Vainglory (Vanité) lors de ma lecture de l’anthologie Edge of Infinity de Jonathan Strahan.

Je ne détaillerai pas davantage les autres textes du recueil, j’en ai déjà trop dit avec les différentes chroniques mises en lien ci-dessus : il faut vous laisser quelques surprises. Retenez simplement que l’ensemble est de très bonne qualité et embrasse une vaste palette de thèmes et d’horizons, allant des espaces et temps profonds (au cœur de la majorité des récits), jusqu’à une incursion inattendue de fantasy médiévale (La fille du fabricant de traineaux). Sachez en outre que plusieurs nouvelles s’inscrivent dans des univers développés dans les romans de l’auteur – comme par exemple La grande Muraille de Mars, Zéphyr et Le Dernier Journal de Bord du Lachrimosa qui appartiennent au cycle des Inhibiteurs – mais il n’est nul besoin de connaître ces romans pour apprécier les récits.

La Grande Muraille de Mars est un véritable chapelet de perles : une sélection exigeante des meilleurs textes d’un auteur passionné par l’espace, devenu à partir du début des années 2000 l’un des représentants majeur du New Space Opera, courant né au milieu des années 80 et qui ambitionne de ramener les lecteurs vers les étoiles. C’est une science-fiction qui vise – et atteint à chaque fois – le grandiose et le vertige.


D’autres avis : Le Maki, Weirdaholic, Gromovar,


  • Titre : La Grande Muraille de Mars
  • Auteur : Alastair Reynolds
  • Traductions : Pierre-Paul Durastanti, Laurent Queyssi, Florence Dilisi
  • Publication : 9 octobre 2025, Le Bélial’
  • Nombre des pages : 640
  • Format : broché (26,90 €) et numérique (14,99 €)

9 réflexions sur “La Grande muraille de Mars – Alastair Reynolds

  1. Coucou.
    Merci pour le billet, direct liste de Noël !
    Accessoirement, légères boulettes typos :Thousandth [Night], traduit par Laurent Queyssi, est déjà paru [ ]dans la collection [manque italique puis double espace][D]Eux récits que j’avais chroniquésC’est une nouvelle superbe et [m?] surprenanteRetenez simplement que l’ensemble … et embrasse[nt] une vaste palette

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