Une BD : Le Molosse – Gou Tanabe

L’éditeur Ki-oon poursuit la publication des adaptations de l’œuvre de Lovecraft par Gou Tanabe avec la publication (depuis le 15 septembre 2022) des premières  explorations du mangaka réalisées en 2014 autour de trois textes : Le Temple (écrit en 1920 mais publié en 1925), Le Molosse (écrit en 1922 et publié en 1924) et La Cité sans nom (1921). Ils sont ici regroupés dans un recueil sous le nom Le Molosse, neuvième tome de la série. Comme les textes dont elles sont tirées, ces différentes adaptations – toutes chroniquées sur ces pages et recensées dans l’index par auteurs – ne sont pas de qualités égales. Et comme souvent les dernières sont les premières. Il a fallu au dessinateur le temps d’éprouver ses pinceaux à l’ombre du maitre de Providence. On comprend donc aisément la démarche de l’éditeur qui a fait le choix d’ouvrir la série en publiant Les Montagnes hallucinées (2018) et Dans l’abîme du temps (2019), qui sont de loin les plus belles réalisations de Gou Tanabe. Les trois textes adaptés dans Le Molosse sont des textes de jeunesse et des textes mineurs dans la bibliographie de H.P. Lovecraft. Durant la même période, il écrivait Le Témoignage de Randolph Carter qui est d’un tout autre niveau.

Le premier est Le Temple, et si je pense avoir lu tout Lovecraft, je n’avais pas souvenir de ce texte. L’action se déroule à bord d’un sous-marin allemand, un U-boat, en mission quelque-part dans l’océan durant la première guerre mondial. Au moment de replonger à l’approche d’un navire ennemi, le corps d’un marin anglais est trouvé sur le pont, avec en sa possession une statuette. Vous voyez venir le truc, l’équipage perd la raison, se mutine, et tout dérape jusqu’à finir dans une cité engloutie. C’est clairement le meilleur de l’ensemble par son atmosphère de huis-clos étouffant parfaitement retranscrite par le dessin de Gou Tanabe. C’est aussi le plus original car se déroulant dans un environnement inhabituel chez H.P.L. Une réussite donc.

Suit, Le Molosse qu’on qualifiera de texte lovecraftien très classique. Deux amis pilleurs de tombe trouvent une amulette maudite, la vole, et se retrouvent poursuivis par une vilaine créature maléfique qui fait perdre pas mal de points de santé mentale à nos deux compères. Notons qu’il y est fait mention du Necronomicon. Trop court pour vraiment provoquer l’effroi. À texte moyen, adaptation moyenne.

Le dernier texte est La Cité sans nom. On retrouve à nouveau un thème classiquement lovecraftien. Le personnage principal est un archéologue qui découvre dans le désert une cité perdue, élevée par une civilisation datant d’avant l’humanité, et qui n’est pas totalement inhabitée… Ce sont là des tropes que l’on retrouvera dans de bien plus mémorables textes de H.P.L par la suite. Là encore, l’idée est vite expédiée.

Rien de très renversant dans cette livraison, donc, mais elle témoigne du travail réalisé par le mangaka depuis des années. Si vous ne connaissez pas cette série de Gou Tanabe, ce n’est pas ici qu’il vous faudra commencer pour vous y intéresser. Jetez-vous plutôt sur Les Montagnes hallucinées et Dans l’abîme du temps. Si vous avez déjà les autres volumes, que vous êtes comme moi habité d’un désir de complétude et que vous craignez les trous dans les collections par lesquels pourraient s’introduire des horreurs innommables, vous savez ce qu’il vous reste à faire.


D’autres avis : Gromovar,


  • Titre : L’appel de Cthulhu
  • Série : Les chefs-d’oeuvre de Lovecraft
  • Auteur : Gou Tanabe
  • Publication : 15 septembre 2022 chez Ki-oon
  • Traduction : Sylvain Chollet
  • Nombre de pages : 170
  • Format : papier et numérique


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