
Le Cauchemar d’Innsmouth est un court roman écrit par Howard Phillips Lovecraft en 1931, mais le trouvant de mauvaise qualité, il ne souhaita pas le soumettre pour publication. C’est August Derleth qui l’envoya à Weird Tales en 1933, où il fut rejeté. Il ne fut finalement imprimé qu’en 1936 à 200 exemplaires, et constitue le seul livre publié du vivant de l’auteur. Il est depuis considéré comme l’un des textes classiques de Lovecraft, et c’est aussi l’un des plus connus, l’un de ceux qui s’inscrivent dans « le mythe de Cthulhu ». Depuis 2015, le mangaka Gou Tanabe s’est lancé dans une adaptation des « chefs-d’œuvre » de Lovecraft. En France, ses productions sont publiées chez Ki-oon sous des traductions de Sylvain Chollet.
De par son ampleur, l’adaptation du Cauchemar d’Innsmouth a été découpée en deux tomes de plus de 200 pages chacun, ce qui, chose remarquable, est très au-delà des 160 pages du roman dans sa version poche (chez Bragelonne).
J’avais dit il y a six mois déjà tout le bien que je pensais du premier tome. Restait donc à confirmer ces premières impressions avec le second tome, sorti le 17 mars. Et donc, je confirme. Gou Tanabe nous propose à nouveau un très beau rendu de l’œuvre de Lovecraft. Ici le mangaka prend son temps au fil des pages pour retranscrire l’ambiance angoissante du roman et la longue montée en horreur. J’ai profité de cette lecture pour relire le texte de Lovecraft dans la monstrueuse intégrale des écrits du maître publiée chez Mnemos. On trouve le texte dans le volume 4, titré Le cycle de Providence, sous la magnifique traduction de David Camus (les dialogues y sont assez extraordinairement rendus). Gou Tanabe suit le texte à la lettre et ne dévie jamais.

Ce tome 2 débute alors que le narrateur cherche à quitter la ville d’Innsmouth et se voit forcer de passer une nuit, une très longue nuit, une interminable nuit, à la Gilman House. Malheureusement pour lui, sa curiosité a attiré l’attention des gens de la ville et ceux-ci vont se lancer à sa poursuite. Ce deuxième tome est donc naturellement plus sombre que le premier, et aussi beaucoup plus angoissant puisqu’on nous plongeons là dans la partie horrifique du texte.

Encore une fois, le dessinateur excelle dans les planches consacrées à la ville, à ses rues délabrées, à l’architecture de la Nouvelle Angleterre, et plus quand il s’agit de représenter des monstruosités que des personnages humains qui, on se doit de le reconnaitre, sont un peu la faiblesse du mangaka et ressemblent tous à des suédois au regard de hareng mariné.
Les adaptations de Gou Tanabe de l’œuvre de Lovecraft en manga sont un must pour les amateurs du maître de Providence et ce double volume, consacré à l’un ses textes le plus connus, est un très bon cru.

D’autres avis : Gromovar, Constellations,
- Titre : Le Cauchemar d’Innsmouth, tome 2
- Série : Les chefs-d’œuvre de Lovecraft
- Auteur : Gou Tanabe
- Publication : 17 mars 2022 chez Ki-oon
- Traduction : Sylvain Chollet
- Nombre de pages : 234
- Format : papier et numérique
Je suis assez d’accord avec toi concernant les personnages. Le cauchemar d’Innsmouth est une de mes préférées de Lovecraft et je trouve cette adaptation parfaitement réussie. Ce second tome m’a vraiment marquée, les hybrides sont d’une telle horreur, ils font vraiment peur. Le passage à l’hôtel est formidable aussi.
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Oui ! Le passage à l’hotel Gilman est l’un des meilleurs de cette adaptation. Tout participe à l’ambiance angoissante. Les dessins sont très evocateurs. Un belle réussite.
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Encore une formidable illustration (pas encore lue) des écrits de Lovecraft par Gou Tanabe.
Je serais ravi de pouvoir lire un jour, cher FeydRautha, ta critique de la traduction de l’Intégrale Lovecraft chez Mnémos par David Camus (que je possède aussi), d’autant que tes avis semblent partagés : ici tu loue la qualité de traduction des dialogues et ailleurs (de mémoire), tu critiquais une traduction pas toujours très fidèle qui cédais à une certaine « vulgarité » ou facilité, pour plaire à un jeune lectorat d’aujourd’hui.
Merci pour tes articles toujours passionnants.
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En effet, mais depuis, la traduction a été revue et tous les points que j’avais critiqués à l’époque ont été corrigés dans la version intégrale !
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