
Dans son numéro de juin 2021, le magazine en ligne de science-fiction et fantasy américain Lightspeed publie une nouvelle d’Adam-Troy Castro. L’auteur est connu en France pour ses romans de science-fiction publiés dans la collection Albin Michel Imaginaire : Émissaires des morts (janvier 2021) et sa suite La Troisième griffe de Dieu (juin 2021). Notons que la revue Angle Mort a publié en français trois nouvelles de l’auteur : Véelles (2010), Les Mains de son mari (2012), et Une brève histoire des formes à venir (2016).
Lightspeed nous donne à lire Adam-Troy Castro dans un registre différent puisque la nouvelle mise en ligne, A Tableau of Things that Are (suivez le lien), appartient au registre de la fantasy. C’est en tout cas ainsi qu’elle est présentée sur le site du magazine, mais elle aurait très bien pu aussi apparaître dans les pages SF ou fantastique sans que cela ne soit particulièrement choquant.
« When they ordered me down off my pedestal, I had nowhere else to go. »
L’histoire est celle de Holt, un homme condamné à 10 ans de peine pour le meurtre d’un autre lors d’une bagarre dans un bar. Dans ce monde – et l’on retrouve là les marottes d’Adam-Troy Castro que sont les joies du crime et du châtiment qui s’en suit – les peines de prison sont remplacées par la statufication du criminel. Littéralement. Celui, ou celle, qui purge sa peine est transformé en statue de pierre, privée de la possibilité de bouger, de ressentir, et posé sur un piédestal au milieu d’un jardin, livré aux pigeons et aux éléments. Une fois sa peine accomplie, on lui dit simplement : « partez ». C’est ce qui arrive à Holt, qui n’ayant nulle part où aller, retourne auprès de la femme qu’il a laissée 10 ans plus tôt, avant de devenir homme de pierre. Sans surprise, il trouve celle-ci après d’un autre homme, lui fait de chair.
A Tableau of Things that Are est une cruelle histoire d’amour sans passion, sans ressenti, sans avenir, dans laquelle le passé a figé les choses. C’est un tableau des choses telles qu’elles sont, forcément différentes de celles qu’elles ont été, et telles qu’elles seront désormais pour toujours. C’est une histoire de non amour lorsqu’il ne reste plus que le souvenir. Un amour enchâssé à jamais dans la pierre. Le lecteur fera ce qu’il souhaite de la métaphore.
C’est un texte que j’ai trouvé très beau.
(L’image utilisée en tête d’article est celle de L’Homme qui marche d’Alberto Giacometti.)
Décidément un auteur de talent. Je serai curieuse de lire cette nouvelle, merci de la découverte.
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