Zen and the Art of an Android Beatdown – Tochi Onyebuchi

Il y a une dizaine de jours, je disais tout le bien que j’avais pensé du roman Riot Baby de l’auteur américain Tochi Onyebuchi. Pourtant, je n’ai pas vu dans ton regard, lecteur, l’étincelle, l’émoi provoqué par cette révélation. Tu as continué ton chemin, l’air détaché, le pas léger. Par la suite, tu diras que tu ne savais pas, qu’on ne t’avait pas dit, tu te chercheras des excuses pour être passé à côté. Soupirs… Patient et généreux à ton égard, je reviens vers toi avec, cette fois-ci, une nouvelle du même auteur. Initialement publiée en 2014, Zen and the Art of an Android Beatdown, or Cecile Meets a Boxer: A Love Story a été reprise ces jours-ci dans la revue américaine Lightspeed Magazine. Tu ne pourras pas dire qu’on ne t’avait pas dit.

Un mot tout d’abord sur le titre tarabiscoté de la nouvelle. Il fait référence au livre Zen and the art of Motorcycle Maintenance: an in quiry into Values de Robert M. Pirsig, publié en 1974, qui mêle voyage à moto à travers les USA, philosophie présocratique et valeurs Zen. Le message du livre est que pour réellement faire l’expérience de la qualité, il faut être dans le moment et embrasser pleinement les conditions requises par la situation présente. Ce message, ainsi que le titre, avait été détourné il y a deux ans par Tobias S. Buckell pour la nouvelle Zen and the Art of Starship Maintenance que j’avais chroniquée sur ce site à l’occasion des nominations pour le prix Sturgeon 2018. Tobias S. Buckell proposait une histoire amusante de robots dans l’espace. C’est le même message qui se trouve au cœur de la nouvelle de Tochi Onyebuchi, mais embarqué de manière radicalement différente vers des zones plus sombres de la psyché. Ce n’est pas une histoire amusante.

Il est question d’androïdes. Il est question de boxe et de quête personnelle. Lui est un androïde boxeur. Les coups qu’il donne et qu’il reçoit sont au centre de son expérience de l’existence. Son questionnement est celui du sens et de la qualité de l’existence. Elle est infirmière dans une clinique de soin des androïdes. Elle reçoit et répare de nombreux corps brisés, de ces androïdes qui n’ont pas trouvé de sens et ont délibérément mis un terme à leur existence. Elle le répare lui aussi, après chaque combat.

Ses améliorations lui permettent à lui d’être toujours plus rapide, d’être toujours un meilleur boxeur et de remporter ses combats. Mais ce n’est pas ce qu’il souhaite. Ce n’est pas la victoire qu’il recherche, c’est le combat lui-même. Il lui demandera de le ralentir, car ce qu’il veut c’est ressentir avant tout. Le sous-titre le dit, il s’agit d’une histoire d’amour, entre elle et lui. Mais ce n’est pas ce que vous pensez. D’ailleurs, je ne sais pas ce que vous pensez, mais ce n’est de toute façon pas ça.

Le jeu de mots serait facile, je ne parlerai donc pas de texte « coup de poing ». Mais si ce n’est que le deuxième que je lis de cet auteur, une fois encore, il me colle au tapis. Il y a une sorte de rage chez lui, une envie d’aller chercher dans les recoins de l’être où ne se situent pas les centres nerveux du bien-être, mais qui font tout autant partie de ce qui définit l’humain. Nous sommes bien d’accord que de tout temps l’androïde n’a jamais été qu’une allégorie ?

Je retrouve dans la nouvelle Zen and the Art of an Android Beatdown l’écriture qui m’avait marqué lors de la lecture de Riot Baby. Si vous souhaitez découvrir cet auteur, et si vous lisez l’anglais, je vous invite à lire cette nouvelle. Elle disponible gratuitement sur le site de Lightspeed Magazine en suivant ce lien.


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