Stealing worlds – Karl Schroeder

stealingworlds

Auteur canadien plus connu pour le space-opera, soit des récits de science-fiction se déroulant dans un futur lointain et dans l’espace profond, Karl Schroeder change d’univers et s’essaye avec Stealing Worlds au cyberpunk et au futur proche. Plus précisément, il revient sur une notion qu’il a inventé dans son premier roman Ventus (2000), à savoir la thalience. La thalience se définit comme la propriété d’un objet à savoir ce qu’il est et où il se trouve. Dans le roman Ventus, Karl Schroeder imagine la terraformation d’une planète accomplie par un ensemble de sondes autonomes, des intelligences artificielles avancées travaillant en réseau. Les « Winds » doivent rendre la planète habitable et maintenir le délicat équilibre du nouvel écosystème pour que des humains puissent s’y installer et y vivre. Stealing Worlds peut être vu comme un préquel (très éloigné dans le temps) à Ventus.

Le roman explore les conséquences de la dématérialisation de l’économie à travers les blockchains, les cryptomonnaies et la réalité augmentée. L’action se déroule en Amérique du Nord, du côté des grands lacs, quelques années dans notre futur. James Neelin a été assassiné dans le nord du Pérou, en pleine forêt amazonienne, alors qu’il vérifiait le niveau de pollution autour d’anciens puits pétroliers. Sa fille Sura est à son tour en danger et doit échapper aux tueurs de son père qui recherchent une chose qu’il aurait pu lui laisser. Sura ignore de quoi il s’agit mais doit disparaître pour vivre, ce qui est plus ou moins impossible dans cette société du 21ème siècle où toute personne est tracée par son activité en ligne, ses achats ou par le réseau de caméras et de drones  de surveillance qui couvrent le continent. Même les lunettes connectées de n’importe quel citoyen représentent pour elle un danger si elle est confrontée à un système de reconnaissance faciale.

Les réalités alternatives

Sura va trouver une échappatoire dans les jeux de réalités alternatives, LARP, dans lesquels de nombreux joueurs changent d’identité et jouent des rôles. Sura va profiter de ces couches de réalités virtuelles qui repeignent les villes pour devenir anonyme. Aidée par différentes personnes qu’elle rencontre dans ces jeux, elle va réaliser qu’une économie virtuelle basée sur le blockchain et les monnaies virtuelles (comme le bitcoin) s’y développe. Elle va ainsi gagner sa vie pendant un temps en devant PNC dans différents jeux, puis en y participant plus activement. Une grande partie du roman se déroule ainsi dans des couches de réalités virtuelles qui servent de carte de jeu à des joueurs du monde entier. La ville de Detroit devient ainsi une cité européenne à l’ambiance steampunk, ou une uchronie dans laquelle les nazis auraient gagné la guerre. Karl Schroeder y fait de nombreuses références à des œuvres de science-fiction ou à la culture geek. Ce volet qui constitue la première partie du livre est relativement exempt de toute action ou avancée dans l’histoire. Il ne s’y passe rien d’intéressant et il faut attendre 200 pages pour qu’un début de scénario commence à se mettre en place.

Retour dans le monde réel

Enfin, Sura va commencer à enquêter sur la mort de son père et sur l’identité de ses tueurs. Ce sont les liens forts qu’elle a noués avec différentes personnes qui, comme elle, utilisent les LARP comme lieu d’existence, qui vont lui permettre de se rendre au Pérou  sur les traces de son père et découvrir ce qu’il a laissé derrière lui pour elle. Pendant ce temps la situation dégénère dans les LARP qui se retrouvent attaqués par des firmes privées qui voient d’un très mauvais œil le développement d’une économie parallèle décentralisée sur laquelle elles n’ont aucun pouvoir.

Jusqu’ici on ne sait toujours pas grand-chose sur le fond de l’histoire ni comment tout ce que vit Sura est lié à la mort de son père. Tout va être dévoilé dans la quatrième partie du roman sous la forme d’un énorme info-dumping de derrière les fagots et des révélations qui à force d’avoir trop tardé tombent à plat.

Il faut attendre les toutes dernières pages du roman pour que Karl Schroeder avance la seule bonne idée du roman, son idée originale. Il imagine qu’une IA peut être affectée aussi bien à quelque chose de matériel, un port de marchandises ou un centre de pêche, ou à une idée. Il imagine donc des IA qui seraient une idée positives, comme le bon fonctionnement d’un réseau de distribution d’eau potable, ce sont les « deolands », et des IA affectées à une idée négative, comme par exemple la pollution de ce réseau d’eau, ce sont les « actants ». En mettant ces différentes IA en réseau, elles peuvent être à même de gérer efficacement un équilibre de la planète. On retrouve là son idée de thalience.  Le roman se conclut sur le message :  «arrêtez de vous considérer comme les maîtres du monde, acceptez de faire partie de l’écosystème global et arrêtez vos conneries. » Mais oh, fan, quelle purge pour en arriver là !

En conclusion

Karl Schroeder livre avec Stealing worlds un roman long et poussif. La ligne narrative est brouillonne et la direction du roman n’est jamais très claire. Deux arcs totalement déconnectés,  l’un se déroulant dans des univers virtuels et le second dans le monde réel, alourdissent le scénario et donnent l’impression que Schroeder n’avait pas vraiment envie d’écrire ce roman là, mais un autre, ou plutôt deux autres. Le résultat peine à être passionnant.


D’autres avis : Blog à part (il a aimé)


Titre : Stealing worlds
Auteur : Karl Schroeder
Éditeur : Tor Books (18 juin 2019)
Langue : anglais
Nombre de pages : 320
Support : papier et ebook


3 réflexions sur “Stealing worlds – Karl Schroeder

  1. J’ai Ventus dans ma PAL. J’avais n peu discuté avec Apo au sujet de Schroeder, et je ne suis plus aussi pressée de le lire. Il semble avoir une plume assez poussive. Enfin, je le dis, mais je n’ai rien lu de lui, juste quelques retours sur ces derniers romans, et un petit échange avec l’ami Apo.
    Bref, tu ne me le vends pas, là.

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