Helstrid – Christian Léourier

Helstrid couve

Première sortie de l’année dans la collection Une Heure-Lumière, celle des textes courts, chez Le Bélial’, la novella Helstrid de Christian Léourier porte tous les attributs, tels des bases nucléiques, qui depuis sa création font la marque de la collection, constituent son ADN. Dans la grande famille des genres de la SF, elle propose ce type de hard-SF dont l’éditeur se fait depuis 20 ans le défenseur en France. C’est un texte de SF humaniste, qui aborde le choc du futur par son versant sombre, celui seul à même de mettre en lumière l’angoisse existentielle d’une humanité qui, dans un univers sans cesse plus grand, ne parvient toujours pas à y trouver sa place. En d’autres termes, Helstrid est un texte typique de la collection Une Heure-Lumière. Il est aussi la preuve s’il en fallait qu’un auteur français a toute sa place dans cette collection.

Pour ne plus penser à Maï, Vic a signé un contrat de trois ans sur Nàma, une base minière à la surface d’Helstrid. Quand il reviendra, cinquante années se seront écoulées sur la planète Terre, et sa vie passée aura été balayée par les vents du temps. Helstrid est inhospitalière. Une atmosphère irrespirable constituée d’alcanes, une température de -150°C, des vents soufflant à 200 km/h. Les opérations de la base sont automatisées, robotisées, encadrées par des intelligences artificielles toujours plus performantes. La présence humaine est donc limitée à l’essentiel. Mais même cet essentiel ne semble pas une évidence à Vic qui se dit à juste titre que la base tournerait tout aussi bien sans ces quelques âmes condamnées à la promiscuité des installations temporaires d’une lointaine colonie humaine, quelque part dans la Galaxie, seule. Car, où qu’il aille, l’homme est seul et le rêve de conquête des étoiles semble bien dérisoire devant l’immensité absurde de l’espace. Il est seul car la vie est rare dans l’univers. Il y a bien une forme de vie sur Helstrid, une sorte de mousse croissant sur les pierres, à la biologie tellement éloignée de celle de la Terre qu’elle en est incompréhensible. Et personne n’a vraiment le temps de s’y intéresser plus que ça. Pour ne plus penser à Maï, Vic se porte volontaire pour accompagner un convoi de trois transports terrestres helstridiens à deux jours de Nàma, pour ravitailler un avant-poste dans lequel trois humains attendent sous la tempête qui se prépare. Ces quelques jours de voyage seront pour Vic l’occasion d’une introspection, et de ne plus penser à Maï. Il sera seul avec Anne-Marie, l’IA du transport, dont les deux priorités sont la survie et le bien-être de Vic et la réussite de la mission. Anne-Marie s’occupera de tout, durant ce voyage. Vic n’aura rien à penser, sauf peut-être à Maï.

Christian Léourier propose dans Helstrid un huis-clos tendu dans lequel s’affrontent trois personnages étrangers et dont les existences s’excluent mutuellement  : Vic, Anne-Marie et Helstrid. Porté par une écriture ciselée, le récit met en parallèle l’angoisse du voyage et de ses dangers avec celle tout aussi concrète, existentielle, de l’homme face au temps, à l’inconnu et à sa place en dehors de son propre écosystème. La réponse de Christian Léourier à ces questions est dure, inévitable, implacable.

Pierre-Paul Durastanti chez Le Bélial’ dit de Christian Léourier qu’il est l’un des secrets les mieux gardés de la SF française. Sans doute un peu moins maintenant grâce à ce superbe texte de SF qui pense.  C’est un fort bel ajout à une collection qui brille par ses choix de textes dans le monde de la SF en France.

Helstrid a remporté le Prix Utopiales 2019.


D’autres avis de lecteurs : Just a word, Xapur, Apophis, Au pays des Cave trolls, la bibliothèque d’Aelinel, Lorhkan, Anudar, L’ours inculte, 233°C

 


Titre : Helstrid
Auteur : Christian Léourier
Collection : Une Heure Lumière, Le Bélial’
Publication : 21 Février 2019
Nombre de pages : 130
Support : papier et ebook

Chez le Bélial’ : Helstrid – Christian Léourier, ou dans toutes les bonnes librairies.


25 réflexions sur “Helstrid – Christian Léourier

  1. Tout comme toi j’ai apprécié le voyage et le questionnement Homme – Machine – Helstrid ! Je pense qu’il peut y avoir plusieurs niveaux de lecture, j’aimerais savoir si c’était le but escompter par l’auteur.

    Pour moi, encore une bonne novella pour la collection

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