Sturgeon 2018 : We Who Live in the Heart – Kelly Robson

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La quatrième et dernière nouvelle que j’ai sélectionnée pour cette semaine dédiée aux textes courts nommés pour le prix Sturgeon 2018 est We Who Live in the Heart de Kelly Robson. Ce texte a été publié dans le numéro 128 de la revue Clarkesworld en Mai 2017. Pour ceux qui lisent l’anglais, elle est accessible gratuitement en ligne et je donne le lien en fin d’article. Pour ceux qui préfèrent attendre une éventuelle traduction, celle-ci, comme pour les autres textes qui composent cette sélection, est imaginable vue la notoriété du prix Sturgeon. Tout dépendra des choix que feront les éditeurs, notamment dès lors que les résultats du prix seront annoncés en Juin 2018. Par ailleurs, les 4 textes que j’ai choisis de chroniquer, parmi les 11 nommés, ne reflètent que mes goûts personnels, et je ne parierai pas sur le choix du jury. A mon avis, des textes comme The Martian Obelisk de Linda Nagata ou A Series of Steaks de Vina Jie-Min Prasad, tous deux  finalistes aussi pour le Hugo mais qui ne m’ont pas transporté, ont beaucoup plus de chance de l’emporter.

En 14800 mots, We Who Live in the Heart  est un bel exemple de worldbuilding efficace. Kelly Robson arrive à créer un univers original, son texte relève du planet opera, et dans le même temps à animer des personnages intéressants et attachants. L’histoire se déroule sur une planète hostile, entièrement gelée, à l’atmosphère d’hélium, et pourtant colonisée par des humains qui pour y survivre se sont enterrés dans des habitats creusés dans le sous-sol de la planète. Ils sont surnommés les « taupes » (moles). La densité de population dans ces habitats est importante et les ressources limitées. C’est une vie ingrate où toutes les dépenses énergétiques sont comptabilisées par individu. Face à cette existence faite de promiscuité, certains ont choisi de vivre à la surface, ou plutôt dans les airs.

Par petits groupes d’individus, ils ont colonisé des êtres vivants, des « baleines » volantes. Rien à voir avec les flying whales de Gojira (\m/), celles-ci ressemblent plutôt à des tulipes géantes qui se déplacent constamment le long de l’équateur, là où la température est la plus clémente et où les vents leur permettent de se mouvoir pour rester toujours du côté éclairé de la planète, un jour éternel.

Take a tulip flower and stick an ovoid bladder where the stem was and you’ve got the idea. Except big. Really big. And the petals move.

Ricci est la nouvelle recrue à bord de Mama, la baleine de Doc, le narrateur, aussi occupée par Vula, Eleanora, Eddy, Treasure, Chara et Bouche. Doc est un ancien chirurgien qui a fait un burn-out. Il est surtout l’inventeur de ce mode de vie partagé par seulement une centaine d’aventuriers sur cette planète. Il y a en tout et pour tout une vingtaine de baleines habitées. Les conditions de vie à bord ne sont pas faciles, et les équipages sont constitués « d’extrémistes », prêts à affronter le danger pour préserver leur choix de vie et leur liberté.

We’re a sovereign sociopolitical entity, population: eight

Pour des raisons historiques que Doc dévoilera au cours du récit, il est en froid avec les autres équipages et se tient éloigné des autres baleines. Jusqu’à ce qu’un problème surgisse dans le comportement de ces animaux et que Ricci décide de s’en mêler.

Le monde décrit est fabuleux, cohérent, et poétique. Le récit toutefois souffre d’une erreur scénaristique en fin de texte. L’événement décrit aurait dû logiquement être évité, même si Kelly Robson tente de le justifier. Sa conclusion pourtant relance de manière très satisfaisante la thématique centrale de la nouvelle qui est le prix de l’indépendance. Je veux donc bien fermer les yeux sur cette erreur face à la qualité générale du texte et l’originalité de l’histoire.

We Who Live in the Heart est gratuitement accessible en ligne.


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