Un premier tome réussi pour un pari risqué.
Adapter une oeuvre littéraire et roman de science fiction hors du commun tel que La Horde du Contrevent d’Alain Damasio est inévitablement promis à déclencher les passions. Il y aura ceux qui hurleront à la trahison, et ceux qui loueront la mise en image d’un univers singulier. Le roman lui-même a provoqué les réactions les plus extrêmes. Je fais partie des lecteurs qui l’ont adoré, et je n’hésite pas à le classer parmi mes meilleures lectures toutes catégories confondues. Il est d’ailleurs dans la catégorie Chefs-d’oeuvre de ce blog.
Même la boule au ventre, je ne pouvais pas passer à côté du premier tome de cette adaptation en BD par Eric Henninot.
Le roman est compté à la première personne par 23 voix, 23 regards. Pour le traduire en BD, le premier choix à faire est celui du point de vue. Difficile en effet de mettre en image un point de vue subjectif. C’est faisable, cela a été fait, mais cela ne fonctionne pas. Henninot a donc choisi un point de vue extérieur pour l’image, et une voix pour conter l’histoire, celle de Sov Strochnis, le scribe du roman. Ce choix, en plus d’être pertinent, est une évidence pour qui a lu le roman. D’autres choix ont dû être faits concernant le récit lui-même. Alain Damasio a encouragé Henninot à s’approprier le roman. C’est ce qu’il a fait, et dévie donc du récit original. Ce premier tome s’ouvre ainsi sur les origines de la 34ième horde. Évocation que l’on ne trouve que plus tardivement dans le livre. De manière plus surprenante, un des personnages disparaît rapidement, afin de permettre à Sov de prendre de suite un rôle important dans le récit. Pourquoi pas ? J’espère que cela n’affectera pas trop la suite.
Le risque du dessin est aussi de trahir la vision propre du lecteur en proposant un visuel éloigné de l’imagination de chacun. Il est là aussi évidement impossible de faire autrement. Dans ce premier tome au moins, la vision de Henninot est assez proche de celle que j’avais. Une grande attention a notamment été portée aux personnages, aux costumes et certains décors (bien que ceux-ci ne soient pas encore très développés à ce point de l’histoire, mais cela viendra). Je trouve dans l’ensemble le dessin très évocateur et les visuels de grande qualité. Une chose toutefois me parait plus discutable : le WOOOOOOOOO qui traverse les cases pour indiquer la présence du vent. C’est ennuyant, inesthétique et inutile. La présence du vent est déjà indiquée dans le dessin par le mouvement de l’air, des vêtements et la position des personnages. Henninot aurait pu s’en passer.
Globalement, je trouve que ce premier tome est une belle réussite, que les choix faits sont pertinents. Même si il ne faut pas s’attendre à retrouver la magie du verbe du roman, il y a une certaine magie dans les visuels. Eric Henninot marche sur la corde avec cette adaptation, nous verrons dans les prochains tomes si son numéro d’équilibriste est réussi jusqu’au dénouement, ou s’il chute en cours de voyage. Le début est en tout cas prometteur.
Voir aussi l’avis de l’Ours inculte
Livre : La Horde du contrevent 01. Le cosmos est mon campement.
Série : La Horde du contrevent
Scénariste : Eric Henninot
Illustrateur : Eric Henninot
Coloriste : Gaétan Georges
Editeur : Delcourt
Date de publication : 18/10/2017
Nombre de pages : 80
L'épaule d'Orion 
Mouais. Je reste pour le moment du côté du « je n’aime pas les adaptations et je ne le lirai pas », mais je lirai attentivement tes futurs avis pour éventuellement changer le mien. ^^
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J’avais très peur en l’ouvrant. Mais j’ai été assez rassuré par la préface d’Alain Damasio, puis par le dessin qui ne trahissait pas mon propre imaginaire. Et sur ce point évidement, cela fonctionnera différemment pour chaque lecteur.
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