Ironclads – Adrian Tchaikovsky

ironclads

Ironclads est un court roman d’Adrian Tchaikovsky, à peine 200 pages, de SF militaire écrit sur un ton clairement porté vers l’ironie. Le roman publié en Décembre 2017 n’a été tiré qu’à 1000 exemplaires papier mais est distribué en version électronique.

Pour vous faire une idée de l’histoire du livre, il faut vous imaginer le scénario du film Il faut sauver le soldat Ryan réécrit par Robert Heinlein dans une Europe où, suite au Brexit, le Royaume-Uni a été vendu à des corporations américaines et est devenu territoire américain. Vous voyez l’ambiance.  Le réchauffement climatique a entraîné la disparition de la plupart des villes côtières sous les eaux, ainsi que la Thaïlande et les Pays-Bas. La crise économique qui s’en est suivi a renforcé les idées protectionnistes des Etats-Unis et le développement d’une politique ultra-libérale dirigée par de grandes entreprises privées, couplée à un conservatisme religieux de plus en plus extrême. Mais tout le monde n’a pas suivi la voie américaine, notamment en Europe.

The problem was that, over the pond, there were a whole load of governments who’d taken the same knocks and gone the other way, taken their God-given democracy and abused it to vote in the socialists.

Les corporations ne pouvaient évidemment pas laisser passer ça, et le Royaume-Uni est devenu le port d’entrée des armées américaines et des compagnies privées pour aller remettre le « Nordland », comprenez les pays Scandinaves, dans le droit chemin du grand Capital. Non mais, alors ! La guerre est naturellement devenue le terrain de jeu des groupes privés mais aussi de leurs héritiers. A l’instar des chevaliers du Moyen-Age qui bénéficiaient d’une technologie de pointe, les armures, qui leur permettait d’aller trancher des têtes sans risquer d’y perdre une mèche de cheveux, les jeunes héritiers des familles Corporate vont régler les affaires de papa sur le terrain en bénéficiant du meilleur que la technologie peut fournir lorsque l’argent n’est pas un frein à l’ingénierie. Habillés d’exosquelettes quasi-indestructibles, qui les font ressembler à des humanoïdes blindés et sur-armés de 2,5 m de haut, ils se baladent sur les champs de bataille au milieu des soldats de l’armée régulière en défouraillant à tout va. Ils sont les Scions.

Scions have no limits. Scions do not die. And Scions do not disappear.

Seulement voilà, un des Scions a disparu au-delà du front en Suède. Chose impossible a priori, puisqu’un Scion est invincible et il n’y a aucun raison pour que son signal soit perdu. A moins que les Suédois n’aient mis la main sur une technologie qui leur permettrait d’incapaciter un Scion… Ou pire encore, que ce soit les Finlandais qui aient fait le coup. Les Suédois, ça va, on les connait, ils ont une armée régulière relativement simple à combattre. Mais pas les Finlandais. Les Finlandais, ils sont différents.

They ain’t human any more, what they send over the border.

Le sergent Ted Regan de la 203e Division d’Infanterie et ses deux hommes du rang Franken et Sturgeon sont recrutés pour organiser une mission de sauvetage derrière les lignes ennemies et récupérer le cousin Scion. Ou au moins comprendre ce qui a pu arriver. Le sergent est le prototype parfait du militaire qui ne pose pas trop de questions, Franken est un grand gars trempé de religion et Sturgeon un type trop bavard pour son propre bien, qui a tendance à remettre en cause la propagande qu’on leur sert à longueur de temps. Arrivés en Suède, il sont rejoints par un espion de l’armée anglaise, Lawes, qui va leur faire profiter de sa connaissance du terrain, et de Cormoran, une femme noire américaine diplômée du MIT et embauchée par une compagnie privée pour être pilote de drones. Dès la traque lancée, les choses vont devenir très chaudes pour les 5 joyeux compagnons qui vont tomber sur des mercenaires russes, des miliciens suédois, des mechs (robots autonomes lâchés sur les champs de bataille) et… des Finlandais. Vu la tournure que prennent les choses, les 5 militaires vont commencer à se dire qu’ils n’ont pas des états de service particulièrement brillants, et qu’il n’y avait pas vraiment de raison qu’on les envoie eux et pas une force privée mieux à même de réussir cette mission. A moins que…

La suite de l’histoire va être pour ces hommes de comprendre la raison de leur présence sur ce terrain, de découvrir les raisons de la disparition du cousin Scion, du rôle des corporations et, au-delà, des raisons de cette guerre.

Adrian Tchaikovsky ne signe pas là son chef-d’oeuvre, nous sommes loin de Children of Time, mais en 200 pages il arrive à créer une histoire de SF militaire emplie d’action,  mettre en place un univers assez barré, et surtout planter une critique acerbe de la direction politique que prennent les Etats-Unis et l’Europe. Et à nous faire découvrir ces étranges Finlandais.  Je ne classerai pas le roman parmi les grandes œuvres  de l’année (la place est déjà prise) mais Ironclads est une lecture très divertissante. C’est tout de même Adrian Tchaikovsky à la plume, et il mène son navire. On sent qu’il avait envie de s’amuser avec ce livre. Et moi, ça m’amuse aussi.

Note linguistique : une fois passé le parler yankee du sergent et ses hommes, ce livre est assez facile à lire. Il ne requiert pas un niveau d’anglais très élevé.


Livre : Ironclads
Auteur : Adrian Tchaikovsky
Publication : 2017
Langue : Anglais
Traduction : pas encore
Nombre de pages : 200
Format : électronique


6 réflexions sur “Ironclads – Adrian Tchaikovsky

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