
Téranésie, sixième roman de Greg Egan publié en 1999, n’est pas son oeuvre la plus réussie à mon humble avis. Pourtant ce roman de 350 pages possède une singularité par rapport aux autres écrits de l’auteur australien. Teranésie est un roman qui s’inscrit dans le domaine de la hard-SF, suivant une ligne dure qui a fait la renommée d’Egan. Le récit a pour thématique principale la biologie, et plus précisément les mutations génétiques, et pour moteur une enquête scientifique sur la découverte d’une faune et d’une flore exubérantes dans l’archipel des Moluques en Indonésie. Comme toujours chez Egan, le contenu scientifique est très développé et peut être difficile à saisir dans les détails si on ne possède pas un minimum de bagage en biologie.
Mais le fil conducteur du roman est son personnage principal, Prabir Suresh. C’est là que Téranésie trouve sa singularité. Il est souvent reproché à Egan de peu développer ses personnages, en les réduisant à leur fonction utile au sein du récit. Ici, le personnage de Prabir est central au récit, et une grande partie du livre est consacré à construire son histoire et son caractère. Cela reste Egan, et sa manière d’aborder son personnage reste très analytique, mais Prabir n’en n’est pas moins un des personnages les plus intéressants et les plus complexes créés par l’auteur.
Le récit débute sur l’enfance de Prabir sur une île de l’archipel des Moluques, qu’il a lui-même nommé Téranésie, avec ses parents biologistes étudiant une espèce inconnue de papillon. Les tensions politiques et religieuses dans la région précipitent l’Indonésie dans la guerre civile. (Il est à noter qu’Egan a ici brillament anticipé les violences qui ont ravagés l’Indonésie quelques années après l’écriture du livre). Les parents de Prabir trouvent la mort comme victimes collatérales du conflit, et Prabir se doit de fuir l’île afin de protéger sa petite soeur et trouve refuge dans le Nord de l’Australie. Egan en profite pour glisser un de ses thèmes récurrents, à savoir une critique acerbe de la politique de l’Australie vis à vis des réfugiés.
De là, Prabir et sa soeur Madhusree sont recueillis par la cousine de leur mère, Amita, qui est universitaire en sciences sociales à Toronto. Ce passage donne lieu à des pages très drôles où Egan détruit sans aucune pitié le post-modernisme en vogue dans les universités nord américaines. Quelques années plus tard, Prabir travaille dans l’informatique bancaire, vit en couple avec son compagnon Félix, et Madhusree est étudiante en biologie. La découverte soudaine de nouvelles espèces étonnantes au sud des Moluques offre l’occasion à Madhusree de se joindre à une mission scientifique et de retourner dans la région qui l’a vue naître, elle et son frère. Ne pouvant l’empêcher de partir, Prabir va aussi se lancer dans le voyage. C’est à partir de là que va commencer l’enquête sur l’origine des mutations génétiques observées en parallèle avec le retour de Prabir vers les événements qui ont marqués son enfance.
Si l’enquête scientifique prend le dessus, c’est toujours le personnage de Prabir et la résolution de ses traumatismes d’enfance qui emporte le récit. Toutefois, Egan échoue à mêler efficacement les deux trames à mon sens. Si bien qu’une fois l’histoire de Prabir résolue vers la fin du livre, le reste de l’histoire perd en force et le personnage lui-même ne semble plus être qu’une marionnette dans le dénouement. Dénouement qui est à mon avis précipité. Cela reste un bon titre de hard-SF, mais on sent qu’Egan aurait pu nettement mieux mener sa barque dans le dernier tiers du récit.
Livre : Téranésie (Teranesia, 2001)
Auteur : Greg Egan
Publication : Robert Laffont, coll. « Ailleurs et demain », 2006
Traduction : Pierre-Paul Durastanti
Nombre de pages : 354
Format: papier et ebook
Sur Amazon.fr : Téranésie
Je viens de finir Téranésie. J’ai été étonné (séduit) par la profondeur de la science biologique démontré par Egan autant que par les liens qu’il fait avec l’informatique, la mécanique quantique reste très actuels. La conclusion de toute cette enquête m’a finalement réconciliée avec une fin il est vrai un peu bâclée. La conclusion est que « la vie n’a aucun sens », une affirmation très philosophique à méditer.
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J’avais beaucoup aimé aussi le côté bio où Egan montre qu’il est capable d’aborder le sujet aussi bien que les maths ou la physique. J’ai regretté sur la fin le fait que le personnage principal passe au second plan. Mais effectivement, peut être que le message est celui là, le fait que la vie n’a pas de sens. Ça me donne envie de le relire
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