De l’espace et du temps – Alastair Reynolds

Pour le cinquantième envol à travers l’espace et le temps, soit une heure-lumière, les éditions le Bélial’ convoquent un astrophysicien devenu auteur de science-fiction, j’ai nommé Alastair Reynolds. Et quoi de plus approprié à l’occasion qu’un texte explorant… l’espace et le temps ? La livraison à venir le 21 mars 2024 du cinquantième numéro de la collection Une Heure-Lumière sera donc De l’espace et du temps d’Alastair Reynolds. Par là se confirme aussi l’envie de l’éditeur d’offrir une place grandissante à l’auteur dans son catalogue, après la publication de La Millième nuit en août 2022 dans la même collection, et du roman Eversion  en février 2023. Un autre roman, La Maison des soleils – et quel roman ! –  est annoncé pour avril 2024.

De l’espace et du temps est une novella dans laquelle l’astrophysicien devenu auteur de science-fiction – j’insiste car cela a une importance métatextuelle, je crois – clairement s’amuse, tout en livrant une métaphore de son propre parcours, de scientifique à écrivain. Toute sa vie, un scientifique tentera de lever un à un, et tant bien que mal, les voiles qui séparent les connaissances humaines de la réalité du monde et de l’univers. Cela s’accompagne d’une frustration qui est celle de savoir que derrière un voile s’en trouve toujours un autre et que sa quête ne sera tout au plus qu’une étape, que jamais il ne contemplera la vérité en face. Être scientifique, c’est se confronter chaque matin à l’inconnu et à l’incompréhension, et savoir qu’il en sera de même le lendemain. L’auteur de science-fiction, lui, possède cet infini avantage de pouvoir, s’il en a la volonté et la capacité, de mener sa quête à travers l’espace et le temps sans rencontrer de limites. Dans De l’espace et du temps, Alastair Reynolds nous dit, d’une certaine manière, pourquoi il a choisi en 2004 de quitter l’ESA pour ne plus se consacrer qu’à l’écriture, et porter son télescope au-delà des frontières imposées par les lois de l’optique.

Renfrew est le dernier humain. Un virus militarisé et devenu vagabond a mis un terme à l’expérience humaine. En mission scientifique dans une station martienne, Renfrew et ses compagnons ont cru pouvoir survivre mais le destin de leurs congénères les a rattrapés. Renfrew enterre (enmarse ?) Katrina Sloyovona et se retrouve seul, loin de sa planète natale désormais silencieuse. Il sait qu’il peut survivre ainsi encore longtemps, mais dans quel but ? Il est le dernier représentant de son espèce en vie dans l’univers. L’univers est-il dépourvu de vie pour autant ? Un piano et un événement imprévu vont lui donner un but et Renfrew va se lancer dans une quête de connaissance, infinie et éternelle, à travers l’espace et le temps…

À elle seule, cette novella donne une définition de la science-fiction, celle des enchantements intellectuels et de l’immensité des imaginaires. C’est amené non sans humour, mais avec véritable réflexion sur le sens de la vie, de l’univers et de tout le reste. L’exercice est purement intellectuel, et il lui manque une émotion autre que le vertige pour emporter plus encore le lecteur mais cet aspect n’a jamais été le fort d’Alastair Reynolds. Nous ferons sans, mais avec passion.


D’autres avis : Le Maki, Gromovar, La Navigatrice de l’imaginaire, Au Pays des Cave Trolls, Weirdaholic,


  • Titre : De l’espace et du temps
  • Auteur : Alastair Reynolds
  • Traduction : Laurent Queyssi
  • Edition : 21 mars 2024, Le Bélial’, coll. Une Heure-Lumière
  • Illustration : Aurélien Police
  • Nombre de pages : 112
  • Support : papier (10,90 €) et numérique (5,99 €)

6 réflexions sur “De l’espace et du temps – Alastair Reynolds

  1. je n’ai pas trouvé ce livre froid, la métaphore musicale certainement. Il y a une forme de poésie et on sent au contraire toute l’humanité du personnage au travers de sa quête du savoir ultime, et de ses conséquences. J’ajoute et c’est rare, je trouve , enfin un livre de Hard Sf avec un vrai style littéraire. Lorsqu’on est à la page 107 persiste une impression d’apesanteur musicale questionnante … du coup je suis allé chercher ma basse chez le luthier ainsi qu’Eversion chez le libraire …

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