Noon du soleil noir – L.L. Kloetzer

Vous savez, lecteurs fidèles et attentifs de ces pages, combien il est rare que je lise de la fantasy. Non pas que je méprise le genre, j’en ai lu, beaucoup, jusqu’à m’en lasser. Bref, de manière générale la fantasy ne m’intéresse pas, ou plus. De manière générale, la fantasy n’intéresse pas non plus les éditions Le Bélial’, que je considère à titre personnel comme le plus important pourvoyeur de textes de science-fiction de qualité aujourd’hui en France. Il vous suffira, lecteurs attentifs et fidèles de ces pages, de constater le nombre de livres publiés par cette maison d’édition et chroniqués sur l’épaule d’Orion pour vous convaincre d’une certaine convergence d’intérêt et de goût. Ainsi, lorsque Le Bélial’ se décide à publier un roman de fantasy, je fais l’effort de m’y intéresser.  Ainsi, j’ai lu Noon du soleil noir de Laure et Laurent Kloetzer.

Soyons tout à fait honnêtes, je savais à l’avance sur quel territoire je m’avançais puisque l’ouvrage est présenté comme un hommage au cycle des épées de Fritz Leiber. Or ce cycle, avec ceux d’Elric de Melniboné et d’Hawkmoon de Michael Moorcock, fait partie des lectures qui ont bercé mon adolescence. Ce sont aussi les cycles qui ont fortement inspiré Gary Gygax lorsqu’il a créé le jeu de rôle Donjons et Dragons. Autant de références qui sont pour moi des madeleines de Proust. C’est sur cette corde, vibrante de nostalgie pour une époque de découverte et d’émerveillement, que joue le Noon des Kloetzer, en tout cas en ce qui me concerne.

C’est dans la Cité de la toge noire, autre nom de la Lankhmar de Leiber, que se rencontrent le vieux mercenaire Yors, devenu guide de la ville pour visiteurs étrangers prêt à délier leur bourse, et le jeune mage fantasque Noon fraichement débarqué. Le roman raconte, par la voix singulière de Yors, leurs aventures dans les rues de la cité alors que Noon tente de s’y installer comme sorcier pour gagner quelques pièces d’or, et la formation de ce duo improbable qui, au fil des pages, ressemble de moins en moins au couple formé par Fafhrd et le Souricier Gris chez Leiber et de plus en plus au couple formé par le docteur Watson et le détective Sherlock Holmes chez sir Arthur Conan Doyle.

Chose promise, le roman du couple Kloetzer délivre du Sword and Sorcery revisité, empli de références que les lecteurs coutumiers des classiques du genre ne manqueront pas de relever. Les joueurs de JdR seront en terrain connu et l’on entend littéralement les dés rouler à mesure qu’on tourne les pages. Noon du soleil noir ne digresse pas, va à l’essentiel en ligne droite, est porté par une écriture qui, à l’image de la ville dépeinte, présente juste ce qu’il faut de fioriture pour exciter l’imagination sans la plomber. Ajoutez à cela les très belles et nombreuses illustrations de Nicolas Fructus qui accompagnent le texte et vous voilà à parcourir les rues de la Cité de la toge noire en guettant chaque pas dans votre dos. C’est une fantasy qui n’a d’autre prétention qu’offrir à ses lecteurs un moment de plaisir un poil nostalgique, là encore dans la bonne mesure, en évitant les écueils de l’hommage trop forcé. C’est limpide, honnête, et très plaisant. Les Kloetzer nous annoncent une suite. Sans hésitation, je monte à bord, larguez les amarres, je serai des vôtres.


D’autres avis sur la blogosphère : Apophis, Lorhkan, Gromovar, Xapur, Ombrebones,


  • Titre : Noon du soleil noir
  • Auteur : L.L. Kloetzer
  • Parution : 9 juin 2022, Le Bélial’
  • Illustrations : Nicolas Fructus
  • Nombre de pages : 288
  • Format : papier et numérique

Présentation du livre sur le site de l’éditeur.