
Sooner or later everything falls into the sea est un recueil de nouvelles, le premier, de l’autrice américaine Sarah Pinsker. Publié en mars 2019, il a remporté le prestigieux prix Philip K. Dick 2019. J’avais déjà lu certaines des nouvelles qui le composent, parues dans divers magazines, à l’occasion de nomination pour des prix. Ainsi la nouvelle Our Lady of the Open Road, qui a reçu le prix Nebula 2016 et qui a motivé le roman A Song for a New Day, ou A Stretch of Highway Two Lanes Wide finaliste du Nebula 2015, And Then There Were (N-One) nommée pour le Nebula 2017 et le Hugo 2019, ou encore In Joy, Knowing the Abyss Behind qui a remporté le Theodore Sturgeon 2014. J’étais donc familier avec l’écriture de Sarah Pinsker. Je dirai qu’aucune de ces nouvelles ne m’a totalement séduit et je n’ai pas été transporté comme à la lecture d’un recueil de Ted Chiang ou de Ken Liu. Il m’aura cependant fallu la lecture de ce recueil pour pouvoir mettre un mot sur ce qui lie ces textes : mélancolie.
Connaissez-vous le film Melancholia (2011) de par Lars von Trier avec Kirsten Dunst et Charlotte Gainsbourg ? Il raconte la fin du monde précipitée par la collision de la Terre avec une planète errante du nom de Melancholia. Loin du film apocalyptique hollywoodien classique, il s’agit d’un film sur la dépression et la mélancolie dans lequel les personnages se comportent de manière parfaitement sereine face au drame ultime. C’est la même atmosphère troublante que je retrouve chez Sarah Pinsker. Face à des situations qui relèvent de la science-fiction, ou parfois simplement de l’étrange, Pinsker s’attache à conter les réactions humaines plutôt que l’origine du trouble. En cela, une nouvelle en particulier est caractéristique de cette écriture. Il s’agit de la nouvelle qui donne son titre (et quel titre !) au recueil : Sooner or later everything falls into the sea publiée dans le magazine Ligthspeed et disponible en ligne en suivant ce lien.
Sooner or later everything falls into the sea est une nouvelle postapocalyptique qui raconte l’échouage d’une rock star sur les côtes d’une Terre dévastée. Ayant fui le monde reclus d’un navire de croisière où quelques privilégiés se sont enfermés pour s’éloigner de l’apocalypse, elle est sauvée et recueillie par Bay qui depuis des années survit dans une cabane où elle attend que sa femme la rejoigne. De l’apocalypse, nous ne saurons rien. Du passé des personnages, non plus. Nous saurons juste qu’il ne reste rien ni personne sur cette Terre qui semble abandonnée. Comme Melancholia, Sooner or later everything falls into the sea n’est pas une nouvelle sur l’apocalypse, mais une nouvelle sur la mélancolie des survivants que plus rien n’attache à leur passé et qui n’ont pour autre avenir que le présent. C’est un très beau texte, à défaut d’être pleinement satisfaisant. Il est à l’image de ce recueil, et porte la singularité de l’écriture de Sarah Pinsker.
Bon, je pense que je ne lirai pas sous peine de dépression avancée. C’est le genre d’histoires que je peux beaucoup aimer mais qui peuvent aussi me taper bien trop fort sur le moral !
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Ce n’est pas déprimant. Pas vraiment. C’est plus gris que noir. Mélancolique quoi.
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Dans le genre « observons la fin du monde en dissertant sur ce qu’on a perdu et nos erreurs passées relatives à notre nature humaine ? »
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Non, plutôt dans le genre : c’est la fin du monde, rien ne sert plus de discerter, la philosophie même est morte, les idées de même, ne reste que le silence.
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Et là, j’ai envie de chanter « on vaaa tous crever, on vaaa tous crever, la fin du monde nous guette et nous on fait la fête ».
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Un titre que je trouve moi aussi très beau et une nouvelle qui me plairait, je pense.
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