Les jardins du feu et du vide – Nicolas Le Breton

jardins

Les éditions mille cent quinze est une maison d’édition indépendante et lyonnaise créée en 2016. Elle édite des romans, nouvelles et novellas de nouveaux auteurs français qui œuvrent dans le domaine de l’imaginaire. Une présentation de son catalogue pour l’année 2019 a été faite par Frédéric Dupuy sur le site Just a Word.  Au sein de cette programmation, une novella a éveillé ma curiosité. Il s’agit de Les Jardins du feu et du vide de Nicolas Le Breton. Ce dernier, quand il ne parcourt pas les rues de Lyon la nuit, affublé d’étranges costumes,  en racontant des histoires à ne plus dormir, écrit des livres. Auteur notamment du diptyque Pax Germanica : Les âmes envolées (Les moutons électriques 2014) et Les cœurs enchantés (Les moutons électriques, 2016), et de Sherlock Holmes aux enfers (Les mouton électriques, 2017), s’essaye avec Les Jardins du feu et du vide à la science-fiction. Présenté comme un voyage dans l’espace et le temps, ce titre ne pouvait qu’attirer mon attention. La novella est sortie le 9 Janvier de cette année. Je ne cache pas le peu de goût que j’ai habituellement pour la SF française, mais je ne demande sans cesse qu’à être agréablement surpris, ce qui arrive, parfois. Ainsi, par la novella de Nicolas Le Breton très agréablement surpris je fus.

L’espace et le temps

Le texte est court, 144 pages au format poche, et nous plonge immédiatement dans le récit. Dès l’incipit, en quelques phrases, on sait que l’univers est grand et que le temps est profond. L’espace-temps est une structure complexe parcourue de fils aléatoires reliant des trous noirs les uns aux autres. La conquête de cette TrameNoire, autant qu’on puisse l’explorer, permet de voyager d’un point à l’autre plus rapidement que la lumière. Mais l’univers reste grand et le temps profond et l’humanité est devenue une dispora éclatée, dans laquelle les tribus vivent dans l’ignorance quasi complète les unes des autres.

Jod est natif du bras d’Orion. Il se trouve à bord de la station spatiale Dahlia orbitant l’étoile blanche de Fomalhaut lorsque les mecagels, serviteurs artificiels mais conscients, se retournent contre leurs maîtres et assassinent brutalement tout le monde. Seul survivant, Jod est recueilli par une navette stellaire de passage, Le Renifleur d’Apothéoses. Son équipage est constitué de trois personnes, des déchiffreurs, sorte d’explorateurs scientifiques traquant les mystères de l’univers. Ils sont en route vers l’Icosaèdre, immense structure spatiale qui constitue à ce jour la seule preuve de l’existence présente ou passée d’une conscience extra-humaine dans tout l’univers connu. Arrivés sur l’Icosaèdre, ils vont y découvrir la statue d’un homme légendaire, celui qui marche dans les interstices du temps, Odregan.

C’est une science-fiction grandiose et ambitieuse que propose Nicolas Le Breton avec Les jardins du feu et du vide, de celle qui ne recule devant aucun vertige pour convoquer un sense of wonder qu’on rencontre plus habituellement chez des auteurs comme Stephen Baxter ou Alastair Reynolds. La partie finale dans laquelle l’auteur s’amuse à replier l’espace et le temps pour nous perdre dans ses méandres est parfaitement menée. La critique que je ferais de cette novella est qu’elle est peut-être trop ambitieuse. L’auteur y engage de trop nombreuses idées pour un texte si court. On pourra ainsi douter de l’intérêt du préambule, le massacre de Dhalia. Le récit mêle les interrogations sur l’origine et la fonction de l’Icosaèdre et l’existence d’Odregan, celles-ci n’étant pas liées. L’exploration de l’icosaèdre lui-même aurait mérité d’être bien plus développé qu’il ne l’est ici. Le risque est de s’y perdre, et un propos plus resserré aurait rendu le récit, je pense, plus direct et plus percutant.

Il est à noter que la novella Les Jardins du feu et du vide s’inscrit dans un univers, l’univers d’Odregan, précédemment exploré par l’auteur dans une courte nouvelle publiée elle aussi par les éditions 1115 : Odregan #1 : S’ils me connaissaient. Si sa lecture n’est pas indispensable pour aborder Les Jardins du feu et du vide, je la recommande tout de même car elle permet de faire connaissance avec le personnage d’Odregan. La nouvelle révèle quel est le pouvoir de cet homme légendaire, celui des probabilités. En les surfant, il peut parcourir l’espace et le temps, jusqu’à flirter avec le paradoxe. La chute offre un twist très intéressant. La nouvelle n’est d’ailleurs pas sans évoquer The Quantum thief d’Hannu Rajaniemi.

Conclusion lapidaire

Les éditions 1115 et Nicolas Le Breton nous proposent avec cette novella une lecture très excitante pour qui aime la science-fiction sans limite qui émerveille par sa démesure, quand bien même elle me semble un peu trop ambitieuse pour un texte si court. Il y aurait eu de quoi écrire un long roman.

Pour aller plus loin : une interview de l’auteur au sujet de cette novella sur le site ActuSF.


D’autres avis : RSFblog


Titre : Les jardins du feu et du vide
Série : Odregan
Auteur : Nicolas Le Breton
Publication : 9 Janvier 2019 chez Les éditions 1115
Nombre de pages : 142
Format : poche et ebook


11 réflexions sur “Les jardins du feu et du vide – Nicolas Le Breton

Répondre à FeydRautha Annuler la réponse.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.