L'épaule d'Orion

C’est ce qu’on appelle un teasing réussi. La collection Albin Michel Imaginaire nous propose de lire avant la sortie le 30 Janvier d’un nouveau titre, La Cité de L’orque de Sam J. Miller, une nouvelle de l’auteur se déroulant dans l’univers du roman. Le texte, Le Vêlage, est disponible gratuitement sur le site de la collection. Le teasing, on est d’accord, c’est le mal. Sauf quand l’épreuve se passe sous la forme d’un texte qui non seulement ouvre une fenêtre sur un univers, en dévoile une complexité dont on devine qu’on ne fait là que l’effleurer, mais aussi qui propose une histoire aboutie qui vous laisse la sensation d’avoir pris une soufflante.

Après avoir lu Le Vêlage, on sait que l’iceberg métaphorique aperçu au loin, on va se le prendre dans la tronche à la lecture du roman.

22ème siècle. Dans la cité flottante de Qaanaaq, Don est un étranger. Réfugié de l’ancienne ville de New York aujourd’hui couverte par les flots marins d’un réchauffement climatique aux proportions bibliques, il erre de contrat en contrat, découpeur de glace. Contraint de s’éloigner de la ville des mois durant, il voit son fils grandir et s’éloigner inexorablement de lui. Les villes comme Qaanaaq sont surpeuplées. S’y côtoient nantis et miséreux, natifs et éternels réfugiés. Ce que nous donne à lire Le Vêlage, à travers l’interaction d’un père et un fils qui ne peuvent se comprendre, c’est la confrontation de deux mondes, l’ancien et le nouveau, séparés par le cataclysme planétaire. Cette confrontation est dure, violente, glacée.

Le Vêlage nous débarque sur le rivage de l’univers post-apocalyptique de Qaanaaq en une petite trentaine de pages à l’écriture intimiste et aiguisée comme un éclat de glace qui vient se figer entre les côtes. Ça pique, mais on ne desserre pas la mâchoire. On en redemande.

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D’autres avis de lecteurs : les lectures du maki, au pays des Cave Trolls, Artemus Dada