The Litany of Earth – Ruthanna Emrys

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Me promenant nonchalamment chez Tor (l’éditeur, pas le dieu), comme j’ai coutume de le faire lorsque d’autres priorités se présentent urgemment à moi, je tombai sur l’annonce d’une sortie prochaine, une lovecrafterie d’une auteure nommée Ruthanna Emrys. « Ventre-saint-gris ! » m’écriai-je, tout en vocalisant « Iä Iä Cthulhu » silencieusement, l’œil torve. Virevoltant comme un hussard sur son toit, je glissai prestement sur mon canapé et m’installai pour zieuter tout cela de plus près. Ruthanna Emrys a écrit en 2014 une nouvelle, The Litany of Earth, librement accessible sur le site de Tor (l’éditeur, par le dieu). Je la lus.

The Litany of Earth est une nouvelle courte, 12000 mots, dans la lignée actuelle des réécritures de l’oeuvre de Lovecraft. Ici, l’auteure écrit une suite à l’une de mes nouvelles préférées du maître, le Cauchemar d’Innsmouth (The Shadow Over Innsmouth, 1931). L’originalité du texte est de prendre le point de vue des Deep Ones (Ceux des profondeurs en français).

1928, le gouvernement américain a saisi la ville d’Innsmouth et déporté tous ses habitants dans des camps, loin de la mer, dans le désert. La plupart en sont morts. Aphra Marsh et son frère Caleb, enfants lors de l’évacuation de la charmante bourgade côtière, ont survécu pendant 17 ans. Ils n’ont rien oublié, ils n’ont rien pardonné.

Alors que son frère retourne vers Innsmouth ou ce qu’il en reste, Aphra tente de refaire sa vie à San Francisco. Elle y habite avec une famille de Nippo-Américains, eux-mêmes sortis des camps créés par l’Amérique pendant la seconde guerre mondiale. Elle travaille dans une librairie, tenue par Charlie, qui bien sûr possède quelques livres interdits dans son arrière boutique. Il ne lit pas l’énochien, alors qu’Aphra oui, évidemment. Elle va doucement l’initier à la magie de sa race.

Un jour, un homme arrive à la boutique, et demande à voir certains ouvrages. Il connait son nom. Elle le renvoie mais il reviendra. L’abordant dans la rue, il se présente comme agent du FBI, et souhaite la recruter pour l’aider à démasquer quelques ahuris qui trouvent malin de jouer avec l’ancien savoir.

Il s’agit d’une nouvelle fort sympathique, qui retourne le propos lovecraftien nimbé de racisme et présente les Deep Ones sous un jour sympathique. Le parallèle fait avec les Nippo-Américains est intéressant. Aphra est un personnage très attachant. Elle présente aussi un coté légèrement inquiétant, ce qui la rend encore plus attachante. Mais voilà, la nouvelle n’est que cela, sympathique et agréablement écrite. Nous ne sommes pas dans Agents of Dreamland de Caitlin R. Kiernan et ça ne mord pas. C’est juste une lecture courte et plaisante.

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Depuis, Ruthanna Emrys a produit deux romans qui étendent l’histoire et reprennent son personnage principal dans une série nommée Innsmouth Legacy : Winter Tide (2017) et Deep Roots (sortie prévue en 2018). Vu de loin, j’ai vaguement l’impression qu’elle y va flirter avec le Young Adult*. Les couvertures ne m’inspirent pas. Ce serait mal. Mais cela n’empêche pas d’apprécier The Litany of Earth un soir de pluie.

En libre service chez Tor (l’éditeur, pas le dieu, qui d’ailleurs s’écrit plus couramment Thor chez nous) en suivant ce lien.

Voir aussi les avis de Gromovar sur Quoi de neuf sur ma pile, et de Blackwolf sur Blog-O-Livre.

*cette crainte semble confirmée par Gromovar dans son avis sur le premier tome de la série.


4 réflexions sur “The Litany of Earth – Ruthanna Emrys

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