Tempus Fugit – Ketty Steward

À l’occasion d’une discussion légère sur un quelconque réseau social autour des listes comme objets littéraires, Ketty Steward m’a dirigé vers l’un de ses textes, Tempus Fugit, qui est disponible à la lecture en ligne en suivant le lien fourni. Vous connaissez certainement Ketty Steward, écrivaine française dans le domaine de l’imaginaire, et autrice des romans Confessions d’une séancière paru chez Mü en 2018 et L’Évangile selon Myriam paru chez Mnémos en 2021, que j’ai tous les deux lus et appréciés mais dont je n’ai pas parlé parce que je n’avais rien d’intelligent à en dire, et de l’essai Le Futur au pluriel : réparer la science-fiction paru aux éditions L’inframonde en 2023, que je n’ai pas encore lu. Elle est aussi autrice de nombreuses nouvelles, dont Quantique pour la liberté, parue dans l’anthologie Par-delà l’horizon, chez ActuSF en 2021, que j’avais beaucoup aimée. Tout ça pour dire que j’ai lu Ketty Steward mais que je ne l’ai jamais chroniquée sur ce blog et que c’est un manque. Je me rattrape donc avec ce Tempus Fugit.

Dans ses œuvres, Ketty Steward travaille autour du langage, ne prenant rien pour acquis et triture le sens des mots pour leur faire cracher ce qu’ils ont à dire, cachent souvent, dévoilent parfois. Elle effectue ainsi une recherche littéraire au sens premier du terme. Tempus Fugit est une exploration à la fois poétique – car Ketty Steward est poétesse – du mot Temps et des concepts qu’il recouvre dans le langage habituel et dans les expressions qui lui sont consacrées, mais aussi science-fictive – car elle est autrice de science-fiction avant tout – à travers ce qu’il représente socialement et politiquement – car elle est aussi une autrice engagée dans une réflexion profonde sur les questions sociales. Sur la partie poétique du texte, on trouvera une utilisation généreuse des listes comme objet littéraire avec de multiples citations de sources très diverses. Sur la partie science-fictive, on lira un récit qui imagine la découverte d’un traitement qui repousse les effets du temps sur le corps, mais qui bien évidemment, car il ne saurait en être autrement, se trouve réservé à quelques-uns parmi les strates les plus fortunées de la société. La narratrice n’en fait pas partie. Elle s’interroge sur le temps qui lui échappe, qu’on lui prend, qu’elle voit se défiler.

« Donner un peu de goût au temps.

Donner un peu de temps au goût.

Contenants.

Renversements.

J’ai ma durée, mais quelle est-elle ? 

Mon étalon est inexistant.

Dépendant de trop de facteurs.

Quelle est la taille d’un grain de sel ?

Celle du trou, des récipients ?

J’abandonne ou je cherche encore ?

Du sel à l’eau.

L’eau, c’est liquide. 

Alors je fais une clepsydre.»

Ketty Steward fait dans la partie science-fictive une utilisation savoureuse, et littéraire donc, des sens dévoilés dans la partie poétique. Tempus Fugit propose ainsi une convergence créative et intelligente du fond et de la forme, de la poésie et de la science-fiction.

Bref, je ne perds pas plus votre temps, lisez Tempus Fugit, c’est un très joli texte.


Une réflexion sur “Tempus Fugit – Ketty Steward

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