
Brian Evenson a connu un regain d’activité éditoriale sous nos latitudes en début d’année avec les sorties simultanées du roman Immobilité chez Rivages et de la novella qui lui fait suite, L’Antre, chez Quidam. Ce diptyque postapocalyptique empreint de pessimisme schopenhauerien livrait une vision très sombre du monde et de l’existence, maudissant au passage l’absurde quête de permanence dans laquelle la vie, de nature éphémère, semble être lancée malgré les évidences à son encontre.
Le site Tor publie ces jours-ci la nouvelle After the Animal Flesh Beings que vous pouvez lire en ligne (en anglais) en suivant le lien. Par ses thématiques et son cadre, ce texte aussi court que vénéneux peut être vu comme une suite à Immobilité et L’Antre. Alors que le diptyque avait plus ou moins réglé son compte à l’humanité, After the Animal Flesh Beings, comme son nom l’indique, prolonge l’angoisse existentielle après nous comme si le désespoir né de la pensée humaine pouvait déborder au-delà de la chair, telle une malédiction posée sur un monde transformé en cimetière. Ce sont ici les êtres synthétiques, créés par l’homme dans un passé lointain, qui reprennent le flambeau et se soumettent aux mêmes illusions, s’interrogeant sur le sens de l’existence et les erreurs commises par dieu, victimes d’une mystification dans la représentation qu’ils se font de l’histoire et du monde.
C’est fort joyeux, et à lire si vous avez lu Immobilité et L’Antre, ou si vous voulez tester sans trop y plonger le poison distillé dans les écrits de Brian Evenson, ou simplement si vous avez repris goût à la vie par inadvertance et qu’une piqure de rappel vous semble nécessaire.
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