Spiderlight – Adrian Tchaikovsky

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Spiderlight est un roman de fantasy écrit par Adrian Tchaikovsky et publié en 2016. Tchaikovsky est un auteur prolifique à l’œuvre littéraire étonnamment éclectique et qui s’illustre aussi bien en fantasy qu’en science-fiction. Au fur et à mesure de mes lectures de ses écrits,  je me rends compte que c’est un écrivain qui se passionne pour les différents genres et sous genres de la SFFF. Ainsi lorsqu’il se lance dans un genre, il s’en empare totalement et s’en amuse. Comme lorsqu’il se lance dans la la Flintlock fantasy dans Guns of the Dawn, ou lorsqu’il fait de la hard-SF dans Dans la Toile du temps. Et il y apporte toujours un twist.

Avec Spiderlight, Tchaikovsky s’intéresse à la Sword & Sorcery old school dans un hommage appuyé à Donjon et Dragons. Dans les règles du jeu version AD&D, les personnages sont moralement caractérisés par leur alignement suivant deux axes de moralité et d’éthique. Un personnage est ainsi moralement bon, neutre ou mauvais, et éthiquement loyal, neutre ou chaotique. L’alignement d’un personnage est l’une des 9 combinaisons possibles de ces deux traits. La raison pour laquelle on parle d’alignement, et non simplement de caractère moral, est que dans cet univers inspiré de la High-Fantasy de J.R.R. Tolkien et de la Sword and Sorcery  de Fritz Leiber, ce n’est pas tant de la pensée philosophique des individus dont s’agit mais de l’affrontement des forces supérieures qui façonnent le monde. On n’est ainsi pas « bon » parce qu’on aide mamie à traverser la rue, mais parce qu’on affronte les forces du mal. Il s’agit d’une forme musclée et rigide de manichéisme. Nous ne sommes pas chez Spinoza.  C’est sur cette base que Tchaikovsky va s’amuser.

Le scénario de Spiderlight est un scénario de jeu de rôle des plus basiques. Il y a un Dark Lord of Evil Darkness (si vous n’avez pas compris : c’est lui le méchant de l’histoire), une prophétie, et un groupe d’aventuriers dépareillés qui va se lancer dans une quête pour combattre le Dark Lord. On entend d’ici les dés rouler.  Dans notre groupe de joueurs   d’aventuriers, on trouve toutes les classes historiques du jeu : Dion la prêtresse, Harathes le paladin, Penthos le magicien, Lief le voleur, et Cyrene la guerrière (archère). En ce qui concerne les alignements, c’est la même chose, les personnages sont transparents pour tout rôliste qui se respecte.

When Dion considered the world, her chief question was, Is this of Light or Dark? Penthos’s main interest was usually, Is this flammable?

Tchaikovsky va twister les choses dès le premier chapitre, au nom révélateur de Mirkwood Blues. Tchaikovsky n’est pas Tolkien, lui il aime les araignées. La prophétie envoie les cinq aventuriers dans la sombre forêt qui est le territoire des araignées géantes pour y prélever le croc venimeux de la mère des araignées et lui soustraire le secret du chemin qui les mènera jusqu’au Dark Lord. Ils en repartent accompagnés d’une de ces créatures, au doux nom de Nth, qui doit leur servir de guide.  Ne pouvant sereinement traverser les terres humaines avec comme compagnon une araignée géante mangeuse d’hommes, le magicien Penthos va la transformer en humain. Plus ou moins. Et c’est à partir de cela que les choses vont tranquillement partir en vrille.

Tous les compagnons vont initialement considérer la créature comme un monstre. Puis les choses vont évoluer au fur et à mesure des péripéties. Le Paladin Harathes  va se révéler être un abruti sexiste, machiste, obsédé sexuel, violent, raciste, auquel on a envie de coller des baffes (existe-t-il un paladin auquel on n’a jamais eu envie de coller des baffes ?). Dion sera confrontée à ses certitudes concernant la quête et les compromis qu’elle doit faire pour y parvenir. La prophétie elle-même sera mise à mal. Chacun va devoir réévaluer ses a priori face à Nth qui lui s’avère naïvement plus humain que ses compagnons.  Plus ou moins. Transformant son roman de fantasy en fable, Tchaikovsky va aborder dans son roman les thèmes du racisme, du sexisme, de manière plus général du jugement moral et des certitudes que chacun peut avoir sur le bien fondé de ses croyances. Jusqu’au final qui va questionner les fondements du monde.

Spiderlight n’a pas l’ambition de s’élever au niveau des meilleurs textes de son auteur. C’est un hommage attendri aux jeux de rôle, ironique sur les approximations philosophiques et morales du genre. C’est de plus un livre qui n’amusera que les (ex-)rôlistes. Il ne s’agit à mon avis pas d’une lecture obligatoire pour apprécier l’oeuvre de Tchaikovsky, mais c’est drôle.


D’autres avis de lecteurs : Xapur.


Titre : Spiderlight
Auteur : Adrian Tchaikovsky
Publication : 2 Août 2016
Langue : anglais
Nombre de pages : 304
Format : papier et ebook


8 réflexions sur “Spiderlight – Adrian Tchaikovsky

        1. Ah ça c’est sûr qu’on est en plein dedans ! Ca rappelle en effet des souvenirs, et c’est en cela assez tordant. On y retrouve toutes les discussions dans les auberges, toutes les âneries qu’on a pu faire en tant que joueur et les délires destructeurs.

          Aimé par 1 personne

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