Chromodynamique d’une utopie martienne : la Trilogie martienne de Kim Stanley Robinson.

En 1877, l’astronome italien Giovanni Shiaparelli observe à la surface de Mars des formations rectilignes qu’il pense être des canaux. Il dresse une carte de la planète avec ses mers et ses continents. Poursuivant ces travaux, l’américain Percival Lowell, convaincu que l’astre hébergeait une civilisation, y consacre trois ouvrages : Mars (1895), Mars and Its Canals (1906) et Mars As the Abode of Life (1908). Il n’en faut pas plus pour enflammer l’imagination de quelques auteurs [1]. Dans « L’Homme de Mars » (1887), Guy de Maupassant nomme Schiaparelli et avance « Je veux d’abord vous prouver que Mars est habité ». Dès 1898, H.G. Wells raconte l’invasion de la Terre par des Martiens hostiles dans La Guerre des Mondes. En 1908, Gustave le Rouge imagine des Martiens volants aux allures de chauve-souris dans Le Prisonnier de la planète Mars. S’ensuit la production d’un vaste corpus de textes de science-fiction faisant de la planète Mars un lieu d’aventure, notamment durant l’Âge d’Or, et dont le plus célèbre auprès du grand public est certainement Chroniques Martiennes (1950) de Ray Bradbury.

Jusqu’à ce que, comme souvent, la réalité corrige sèchement l’imaginaire : 1965, le survol par la sonde Mariner 4 de la quatrième planète du système solaire sonne la fin de la récréation. Mars est morte, rocheuse, inhabitée. Il y a donc un avant et un après Mariner 4. Charge aux auteurs de science-fiction de revoir leur copie : une nouvelle ère s’ouvrait pour les récits martiens, celle de la colonisation d’un monde inhabitable.

À l’occasion de la publication de l’anthologie Old Mars (2013) sous la direction de Gardner Dozois et George R.R. Martin, ce dernier regrettait la vieille Mars de l’époque des pulps, affirmant que la Mars de Mariner avait perdu de son intérêt [2]. Ce à quoi Kim Stanley Robinson répliqua que la véritable Mars était bien plus intéressante que la Mars des pulps : « Je pense que Mars est un endroit formidable pour réfléchir à notre Terre, en tant que planète, mais aussi à la société en tant que construction sur laquelle nous travaillons encore. » [3] 

Par la vingtaine de romans qu’il a publiés durant sa carrière d’écrivain, Kim Stanley Robinson s’est imposé comme l’un de plus rigoureux représentants du courant hard-SF. Ses écrits sont documentés, argumentés, et mis à l’épreuve stricte du fait scientifique. Mais une autre vertu se révèle : le refus intellectuel d’une vision dystopique de l’avenir. L’œuvre de Kim Stanley Robinson est anti-dystopique par définition. S’il ne revendique pas ouvertement l’utopie, il se met en quête d’un projet de civilisation. Il observe, étudie, dresse le constat de l’état du monde et avance des solutions. Ce dernier point, comme en atteste son plus récent ouvrage, The Ministry for The Future (2020), est certainement celui qui le distingue le plus des autres auteurs du genre. Ainsi, lorsqu’il compose la « Trilogie martienne » au début des années 90, Kim Stanley Robinson n’écrit pas seulement le plus grand livre consacré à une description précise de solutions réalistes pour terraformer la planète rouge, il fait aussi de Mars une terre d’expérimentation pour un projet politique écologique, démocratique et post-capitaliste pour l’humanité.

La colonisation

La « Trilogie martienne » est l’œuvre majeure de Kim Stanley Robinson, celle par laquelle il a cimenté sa renommée d’écrivain de science-fiction de haut vol, au point d’en éclipser souvent ses autres productions. Elle se compose de quatre livres publiés dans les années 90 :  Mars la rouge (1992), Mars la verte (1993) et Mars la bleue (1996) [4] pour la trilogie principale, qui compte plus de 1600 pages, complétée par un gros recueil de nouvelles, Les Martiens (1999). Chacun de ces quatre ouvrages a été distingué par d’illustres récompenses, du prix Hugo au prix Locus, en passant par le Nebula. Dans cet article, nous n’aborderons que très peu le recueil pour la raison que, s’il se compose de textes s’insérant au sein du récit principal, il contient aussi des versions alternatives qui divergent fondamentalement de la trilogie. Nous nous consacrerons essentiellement aux trois romans qui couvrent une histoire de près de deux siècles. Cette histoire, c’est celle de la colonisation de Mars et de sa terraformation. Les trois titres, Mars la rouge, Mars la verte, Mars la bleue, indiquent l’état d’avancement de la transformation biologique et géologique de la planète depuis l’astre mort que nous connaissons aujourd’hui – la Mars de Mariner – à celui qui porte la vie au début du XXIIIe siècle.

Le 21 décembre 2026, la mission Ares décolle de la Terre pour un voyage de neuf mois. Le vaisseau emporte à son bord un équipage de cent personnes, hommes et femmes, ingénieurs et scientifiques pour la plupart, en majorité américains et russes. Ils sont et resteront à jamais « les cents premiers ». Des légendes. Conjointement à celle de Mars, c’est leur histoire que la « Trilogie martienne »  raconte. Pour en arriver là, les cents premiers ont passé une rude sélection, avec notamment une évaluation psychologique de longue haleine lors d’une année entière dans la Vallée de Wright en Antarctique. Cet épisode est raconté dans la nouvelle « Michel dans L’Antarctique » dans le recueil Les Martiens. Pourtant, avant même leur arrivée sur le sol de la planète, des tensions apparaissent au sein du groupe d’explorateurs, dépassant la simple compétition américano-russe, alimentées aussi bien par les relations personnelles qui se nouent entre ses membres que par les différentes visions qui se développent autour de l’avenir de Mars. Ces tensions naissantes ne vont faire que croitre par la suite, prendront régulièrement un tour dramatique, et vont définir les grandes lignes de l’histoire martienne. Le chapitre qui ouvre Mars la rouge raconte ainsi le meurtre de John Boone, premier homme à avoir posé le pied sur la planète et leader charismatique des cent premiers, au milieu des tensions politiques et ethniques qui agitent la communauté martienne en 2056, soit 30 ans à peine après le début de la colonisation. La narration est faite de manière chronologique par chapitres successifs consacrés au point de vue d’un des protagonistes, l’un des cent premiers ou l’un de ses descendants. Kim Stanley Robinson donne ainsi la parole à toutes les sensibilités qui s’affrontent au cours de l’histoire martienne.

Dans l’écheveau des antagonismes qui forme la trame du roman, nous retiendrons ici deux oppositions majeures qui structurent le récit. L’une est scientifique, l’autre est politique. Ce ne sont pas pour autant des thématiques distinctes car elles se nourrissent l’une de l’autre. En cela, Kim Stanley Robinson professe une écologie au sens herbertien du terme : une science des conséquences dans un écosystème biologique et politique auquel l’homme appartient. La trilogie de Mars est un planet opera dont les illustres ancêtres sont Dune (1965) de Frank Herbert et Révolte sur la Lune (1966) de Robert A. Heinlein.

La terraformation

Du point de vue science-fictif, l’idée de terraformer une planète étrangère pour la rendre habitable par l’homme n’est pas nouvelle. Elle apparait pour la première fois, comme par ailleurs de nombreuses autres idées de SF, sous la plume du philosophe britannique Olaf Stapledon dans le roman Les Derniers et les premiers (1930), et sera reprise par de grands noms comme Robert A. Heinlein, Arthur C. Clarke ou encore Isaac Asimov jusqu’à devenir un trope du genre. Héritière d’une longue ascendance, la « Trilogie martienne »  de Kim Stanley Robinson est à ce jour le pinacle de ce qui a été écrit sur la question, par la somme considérable des arguments utilisés et leur rigueur scientifique. 

De fait, la possibilité de terraformer une planète est hautement spéculative d’un point de vue scientifique et technique. Si théoriquement l’entreprise semble réalisable, les technologies qui le permettraient sont actuellement hors de notre portée. Une réflexion scientifique a toutefois été engagée et de nombreux travaux publiés, comme autant d’expériences de pensée. Kim Stanley Robinson s’inspire notamment de ceux du physicien britannique Martyn John Fogg. La terraformation de Mars est le prototype même de la réflexion sur le sujet en raison de la ressemblance de la planète avec la Terre. Elle se confronte toutefois à plusieurs problèmes : une température moyenne de -60°C en raison de son éloignement du soleil, une atmosphère ténue composée à 95% de dioxyde de carbone, pas d’eau en surface et, pour couronner le tout, une absence de champ magnétique qui la condamne à être soumise à un niveau de radiation élevé perpétuel. Fogg a néanmoins suggéré que la mise en place en synergie d’un ensemble de mesures pourrait mener à une transformation radicale de la planète. Ce sont les propositions que Kim Stanley Robinson décrit dans la trilogie : une libération du dioxyde de carbone contenu dans le sol afin d’augmenter l’effet de serre ce qui mènerait à une l’élévation de la température, le creusement de « moholes » qui permettraient de faire remonter en surface la chaleur du manteau, la libération de l’eau contenue dans les aquifères souterrains par détonations nucléaires, une humidification et une densification de l’atmosphère, la construction de miroirs géants focalisant la lumière du Soleil vers le sol de la planète, le détournement d’astéroïdes trouvés dans le système solaire pour ensemencer le sol et la modification génétique de mousses et lichens pour enclencher le processus de végétalisation et la libération progressive d’oxygène. Entre autres…

 Kim Stanley Robinson convoque tout à tour la physique, la chimie, la géologie, l’hydrologie, la climatologie, la biologique, la botanique, la génétique… et expose longuement et dans le détail les étapes qui amènent la planète rouge à devenir verte, puis bleue au fil des trois romans. La transformation de Mars avance pas à pas.

Tout ceci ne se fait évidemment pas sans heurt – l’évolution de la planète est une succession de cataclysmes aussi bien géologiques qu’humains – ni sans opposition. L’antagonisme scientifique au cœur de la trilogie est porté par la confrontation entre Saxifrage Russell et Ann Clayborne sur la question même de la terraformation. Il persiste jusqu’aux dernières pages du troisième livre et marque profondément cette histoire de Mars. Saxifrage Russell défend une position anthropocentrique et souhaite terraformer Mars pour la rendre viable rapidement. Ann Clayborne défend une position écocentrique et veut préserver Mars de l’action humaine autant que possible. Mars comme colonie ou Mars pour la science. Notons qu’étymologiquement, saxifrage signifie « briseur de roche » et que Clayborne en anglais signifie « née de l’argile ». Ces deux personnages incarnent les deux courants idéologiques majeurs sur lesquels les Martiens vont s’aligner : d’un côté les Verts pro-terraformation, et de l’autre les Rouges qui agissent pour l’empêcher – et entre ces deux toutes les déclinaisons possibles des deux positions.

Là encore, Kim Stanley Robinson s’inspire du débat scientifique qui a soulevé d’éventuels problèmes éthiques liés à la terraformation d’une planète. Parmi les personnalités influentes sur la question, le physicien Christopher McKay et l’ingénieur Robert Zubrin (tous deux américains) incarnent eux aussi deux visions antagonistes. Comme Ann Clayborne dans le roman, Christopher McKay professe, à un moindre degré, une vision écocentrique. Comme Sax Russell, mais de manière plus virulente encore, Robert Zubrin défend l’idée d’une terraformation brutale pour étendre la présence humaine partout où cela est possible (quand Russell reste sur le terrain purement scientifique).

Depuis une quarantaine d’années, Kim Stanley Robinson est résident de la ville de Davis dans le nord de la Californie. Il s’est très tôt pris de passion pour les randonnées dans la Sierra Nevada, cette chaine de montagnes qui borde l’état américain à sa frontière orientale [5]. C’est en le parcourant à son rythme, pas à pas, qu’on découvre le monde et qu’on apprend à en apprécier la beauté. Dans la trilogie de Mars de nombreuses descriptions de la géologique et des paysages changeants sont faites alors que les personnages parcourent, souvent à pied, ses reliefs, ses plaines ou ses glaciers. C’est en parcourant le monde martien que Sax Russell en viendra à comprendre Ann Clayborne, et que celle-ci découvrira la beauté des lacs et des océans nouvellement apparus sur la planète désormais bleue. Tous deux réconcilieront leur différence de point de vue face à la beauté de la nouvelle Mars.

L’aréoformation

Le second antagonisme qui sous-tend le roman est de nature politique. Mars, dépourvue de toute forme de vie, apparait d’un point de vue sociale comme une page blanche sur laquelle l’humanité est appelée à écrire une histoire. Ici encore, deux points de vue extrêmes s’opposent, et donnent naissance à de multiples courants de pensées s’inscrivant sur le fil tendu entre les deux points cardinaux. Sur ce terrain, ce sont Arkady Bogdanov et Phillis Boyle qui ouvrent les hostilités dans Mars la rouge avant même d’avoir touché le régolithe. Le premier est un révolutionnaire qui refuse l’autorité de la Terre sur Mars et prône le développement d’une nouvelle société. La seconde est une conservatrice attachée à la souveraineté terrienne. La question que pose Kim Stanley Robinson est : où va-t-on maintenant qu’on est arrivé là ? Répétons-nous les erreurs du passé ? Inventons-nous un nouveau modèle de société ? Et quelle forme peut prendre l’utopie martienne ? Certains s’engagent dans leur propre voie. Hiroko Ai, géniale généticienne japonaise, développe une philosophie mystique, l’aréophanie. Desmond Hawkins, dit le Coyote, passager clandestin de l’Ares, 101e des « cent premiers », reste un éternel anarchiste. Mais tous, à l’exception de Phillis Boyle, choisissent le camp de Mars.

Une avancée scientifique majeure faite par les généticiens de Mars va profondément modifier le paysage humain : la mise au point d’un traitement gérontologique qui promet de prolonger la vie au-delà des deux cents ans, et peut-être même mille ans. C’est grâce à cette technologie que certains des cent premiers vont pouvoir assister à la transformation de la planète longtemps après leur arrivée en 2027. Si le vieillissement de la population ne pose pas encore de problèmes sur Mars, dont la population reste faible, il a des conséquences dramatiques ailleurs.

Sur Terre, les crises climatiques et démographiques – on compte 15 milliards d’habitants – entrainent la planète dans une situation sociale et politique de plus en plus tendue. Les grandes entreprises privées accroissent leur influence et se soustraient aux réglementations des gouvernements nationaux en devenant des compagnies transnationales, des transnats. Elles influencent la politique terrestre et étendent leur pouvoir jusque sur Mars. La construction d’un ascenseur spatial leur permet de s’y développer et de lancer la première grande vague d’immigration vers la planète rouge. Mars passe ainsi de sa phase de colonisation à sa phase d’industrialisation. Rapidement, la société martienne se retrouve au bord de la rupture alors que sur Terre la troisième guerre mondiale éclate. Les accords signés ne sont pas respectés et en 2061 la première révolution martienne est écrasée dans le sang par les armées à la solde des transnats. La plupart des cent premiers n’y survivent pas. Ils sont devenus à jamais les ennemis des transnats.

Lorsque Mars la verte débute, les survivants de la révolution de 61 se sont réfugiés depuis des années dans des abris construits sous le sol martien, ou sous les glaciers, très au sud, loin du regard des transnats. (Un peu à la manière des Fremens de Dune.) À Zygote, Hiroko a fait naître les premiers enfants de Mars, à partir des gamètes des cent premiers et des siens. Le Coyote parcourt la surface et assure le lien entre les différentes factions de l’underground martien qui ne tarde pas à se réorganiser et à développer une économie de survie basée sur le troc. Au cœur des préoccupations se trouve la question écologique cruciale, alors que la transformation de la planète se poursuit de manière chaotique, au gré des cataclysmes géologiques et hydrologiques déclenchés par la terraformation accélérée. Différents courants opposés voient le jour chez les Martiens, entre Verts et Rouges.

Un nouvel ascenseur spatial est construit pour remplacer celui détruit lors de la première révolution. Les transnats, devenus des metanats, sont au pouvoir sur Mars. Mais sur Terre la situation devient catastrophique lorsque les glaciers fondent brutalement sous l’effet d’irruptions volcaniques sous l’Antarctique. Le niveau des mers augmentant rapidement, la plupart des villes côtières disparaissent. Nous sommes alors en 2127, la Terre surpeuplée, inondée, est en proie au chaos. Les Martiens en profitent pour déclencher, après des années de lente préparation pas après pas, la deuxième révolution. Ils ont appris de 61 et celle-ci se fait aussi pacifiquement que possible. Les Martiens sont désormais les propriétaires de leur planète.

Kim Stanley Robinson dresse ainsi le portrait d’une dystopie néocoloniale sur Terre et d’une utopie postcoloniale sur Mars. Mars la bleue, troisième opus de la trilogie, est le récit de la construction d’une nouvelle société martienne, de l’apparition d’une démocratie indépendante de la Terre, d’une nouvelle économie basée sur l’écologie, une éco-économie, et des moyens d’être martien sur Mars. La « Trilogie martienne »  de Kim Stanley Robinson est autant l’histoire de la terraformation de la planète que celle de l’aréoformation de la société. Ce sera alors la troisième révolution martienne, qui ouvre une nouvelle ère de collaboration entre Mars et la Terre. Nous sommes maintenant au début du vingt-troisième siècle et l’humanité commence à se répandre à travers le Système solaire, à coloniser lunes et astéroïdes, jusqu’à Neptune. L’humanité entre dans la phase de l’accelerando.

Immense fresque humaine, scientifique et politique, la « Trilogie martienne »  de Kim Stanley Robinson s’est imposée à raison comme un sommet du planet opera en version hard-SF. Au-delà de l’ampleur du projet littéraire, on ne peut qu’être marqué à sa lecture par la pluralité et la grandeur des idées développées. Du point de vue strictement scientifique, la trilogie repose sur les connaissances établies au début des années 90. Au même moment, L’exploration martienne est marquée par une série d’échecs, aussi bien russes qu’américains.  Mais le 4 juillet 1997, la NASA pose Mars Pathfinder sur le sol de la planète. La mission est un succès et s’ouvre alors l’ère de l’exploration martienne robotisée et des rovers comme Opportunity, Curiosity ou Perseverance, dont nous avons tous les images en tête. En même temps, la mission Mars Global Surveyor étudie de son orbite l’atmosphère de la planète rouge. Quantités de données sont recueillies. On sait maintenant que certaines hypothèses faites sur la composition du sol et de l’atmosphère martienne étaient erronées. La mission Phoenix (2008) a notamment montré que le sol martien était hautement toxique en raison d’une forte concentration en perchlorate. Mars s’est ainsi révélée encore plus hostile que prévu. Kim Stanley Robinson est le premier à reconnaitre qu’il a été très optimiste sur la possibilité de terraformer Mars en deux siècles. La perspective de voir la planète rouge devenir verte puis bleue s’étend plus raisonnablement sur des milliers d’années, dans le meilleur des cas. À cet optimisme de jeunesse, L’auteur a lui-même répondu avec le roman Aurora (2015) qui prophétise que l’avenir de l’humanité est sur Terre et nulle part ailleurs. Et même là, comme il le montre dans The Ministry for the Future, ça va être compliqué, mais pas impossible. L’avenir se construit pas à pas, et l’échec n’est pas envisageable. « Le futur doit réussir »[6].

Le présent article a été écrit pour le numéro 106 de la revue Bifrost publié en avril 2022 et consacré à Kim Stanley Robinson. Il est reproduit ici avec l’aimable autorisation d’Olivier Girard.


[1] Voir le mémoire de Stéphane Olivier, « Histoire des martiens dans la littérature française, et plus spécialement dans la période 1850-1965 ». Littératures (2011).

[2] The Guardian, « Our long obsession with Mars”, 1 oct. 2015.

[3] Public Books, « Earth First, Then Mars: an interview with Kim Stanley Robinson”, 15 juin 2016.

[4] Les années indiquées font référence aux dates de publication en VO.

[5] The New Yorker, « Can science fiction wake us up to our climate reality?,” 31 janvier 2022.

[6] Kim Stanley Robinson, The Ministry for the Future, 2020.

Le lecteur souhaitant approfondir l’aspect sociologique de la terraformation dans les récits de science-fiction, pourra aussi se reporter à la thèse de Julien Waquez, L’Horizon des possibles planétaires – Dynamiques et glissements de frontières entre science et science-fiction, 2020.


9 réflexions sur “Chromodynamique d’une utopie martienne : la Trilogie martienne de Kim Stanley Robinson.

  1. Article super intéressant et assez bien développé 👍
    Si un jour, une de mes réflexions sur l’avenir de l’humanité ailleurs dans l’espace (ou autre part) refait surface, je mets un lien direct pour cet article !
    Pour la petite histoire, la réflexion sur le comment sera gérée une future colonie ou extension humaine fut abordée dans l’un de mes récents textes.

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  2. Je suis dans une phase où je redonne sa chance à des séries qui m’avaient laissée sur le carreau et ton riche article décrivant le projet utopiste de Robinson me donne très envie d’ajouter celui-ci à ma liste car je me dis que j’ai vraiment rater quelque chose qui pourtant devrait me plaire.
    Vendu !

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  3. Bonsoir,

    merci pour cet article fabuleux qui retrace la fresque grandiose qui se déroule sur la planète Mars. qui resitue l’oeuvre et son thème dans l’histoire de la science-fiction. J’ai lu plusieurs fois cette trilogie, en français comme en anglais.

    J.

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