Un Monde plus-que-parfait – Emmanuel Brault

Je n’ai pas aimé le dernier roman d’Emmanuel Brault paru chez Mu. J’avais beaucoup aimé le premier, Walter Kurtz était à pied, pour son originalité, son absurdité revendiquée, son propos et le ton sur lequel il est amené, bref, un roman très réussi. J’avais aussi apprécié le deuxième, Tous les hommes…, bien que moins original, il racontait une belle histoire. Un Monde plus-que-parfait est paru le 21 août, et je ressors de cette lecture plus que déçu. 

Futur indéterminé et sans importance. Alfred trouve sur un banc public une annonce l’invitant à tenter sa chance pour remporter un billet pour la planète Pandore. L’exil vers une nouvelle destination, un ailleurs qui comme tout ailleurs promet d’être un paradis. Une tentation forte lorsqu’on fait le bilan d’une existence qui n’apporte pas le bonheur auquel on aspire, comme tout un chacun. L’annonce de Pandore ouvre la boite du même nom. La femme d’Alfred ne l’aime plus et il n’aime pas ses enfants. Il vit dans une société qui voit d’un mauvais œil l’utilisation du subjonctif, les mots compliqués, les rimes. Cela lui faut de se faire casser la gueule à la sortie d’un bar. Il est sélectionné pour partir, mais… le prix à payer pour le bonheur est l’élimination de sa famille, et son chien. Ne cherchez pas une explication, c’est ainsi, cela fait partie de l’absurdité de la situation.

Très bien mais voilà, Emmanuel Brault accomplit en ce qui me concerne l’inverse de ce qu’il voulait – j’imagine – produire. Voulant peindre un monde abruti, il aligne les poncifs sur le couple, la sexualité, le bonheur en société, les adolescents forcément idiots et avachis, la télévision (ça existe encore ça ?), notre belle langue qui disparait, etc. Voulant décrire l’absurde, il donne raison à son anti-héros alcoolique de vouloir buter toute sa famille et même ce con de clébard. Quelle était donc la proposition de l’auteur ? Je suis sans doute passé à côté de quelque chose, mais je n’ai pas vu l’humour sous le cynisme facile, ni la critique de la société autrement qu’à travers des arguments de comptoir. Tout ceci, la dialectique de la médiocrité, on l’a déjà entendu, lu mille fois ailleurs – et pas dans les meilleures pages – en levant les yeux au ciel.

Ça doit être du vingt-cinquième degré mais je me suis arrêté au vingt-quatrième. À vous de voir, si le cœur vous en dit mais, pour ma part, la rencontre ne s’est pas faite.


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  • Titre : Un Monde plus-que-parfait
  • Auteur : Emmanuel Brault
  • Publication : 21 août 2024, Mnémos, Label Mu
  • Nombre de pages : 128
  • Format : papier (15 €) et numérique (9,99 €)

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